Archive | 1 mars 2013

Les plumes à thème d’Asphodèle – 5

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Voici ma participation au plume d’Asphodèle. Les mots à intégrer sont liberté, fusée, nature, étoile, respiration, steppe, vital, étendue, océan, voiture, majestueux, claustrophobie, galaxie, infini, atmosphère, cosmos, euphorie, évidemment, éclipser.

Ce n’est pas l’océan infini, ce n’est pas une mer, ce n’est qu’un fleuve qu’il lui faut traverser, une étendue d’eau tout ce qu’il y a de plus acceptable – sauf quand il faut la traverser à la rame sur une barque de fortune. Évidemment, le pont serait reconstruit – un jour. En attendant, s’il voulait voir sa belle, il devrait ramer jusqu’à elle – pourquoi habitait-elle sur l’autre rive, juste en face du défunt pont ? Il avait sauté le 6 juin 1640. Lulu avait onze ans, sa petite sœur un an, et fort heureusement, la famille toute entière avait déserté la maison – il ne fallait pas lui en conter, à la mère de Lulu, elle savait que les ponts, c’était ce qu’ont démolissait en premier. Pas question de communion avec le cosmos, ou d’examiner les étoiles et autres galaxies lointaines – elle n’offrait aux siens que deux solutions, tout le monde dehors, sur la colline, à la végétation plus désertique que dans les steppes de l’Ouralou tout le monde dans la cave, à retenir sa respiration entre deux bombardements et à dompter une claustrophobie naissante. Fuir, parfois, c’était vital. L’exode n’avait pas eu lieu en voiture, mais à vélo, avec la petite dernière dans le porte-bagages. Au retour, la maison avait été pillée, et pas par les allemands. De cette époque, les filles avaient gardé une peur bleue du bruit que faisaient les avions en approches. Jamais bon signe les avions. Même les fusées tirées le 14 juillet leur flanquaient la frousse. Et ce serait ainsi toute leur vie. – S’il n’y avait pas eu la libération, Lulu, on l’aurait perdu, dirait sa mère. Très nerveuse, Lulu, c’était dans sa nature. Elle parlait peu, pas des années de guerre en tout cas. Jean non plus. La guerre, pour lui, cela avait été l’Allemagne, le stalag, puis la liberté retrouvée, l’euphorie de la libération. Et une nouvelle qui avait éclipsé toutes les autres : sa sœur avait eu un bébé, Annie, et lui demandait d’être le parrain. – Annie-France, je veux que tu l’appelles Annie-France. Elle est née le 6 juin 1944, non ? Il devait reconnaître que cela valait le coup de ramer, parce qu’il l’épouserait, sa Lulu, en octobre 1948, dans une atmosphère de joie : Lulu, majestueuse dans sa robe blanche, entourée de son frère né pendant la guerre et de ses cinq sœurs. Neuf mois plus tard, naitrait leur fille. Et vous savez ce que belle-maman trouverait à dire ?
– Je suis ravie de venir te voir à la maternité, Lulu. La prochaine fois, ce sera ton tour de venir me voir. Jean, vous voudrez bien être le parrain ?

Sublimes créatures de Richard LaGravenese

Sublimes_creatures_affCirconstance d’écriture :

Je n’étais pas allée au cinéma depuis Bilbo le Hobbit  et ma carte illimitée commençait sérieusement à s’ennuyer. J’ai choisi ce film pour me distraire, et si possible écrire un billet un peu méchant. Coup de chance : comme l’action se déroule en Caroline du Sud, je peux aussi écrire mon 27e billet pour 50 Etats, 50 billets. Dernier point : je n’ai pas lu le livre 16 Lunes.

Mon résumé :

Ethan s’ennuie dans la petite ville sz Caroline du Sud où il a grandi. Sa mère est morte récemment, son père est absent (on ne le verra pas de tout le film) et c’est la bibliothécaire de la ville qui veille sur lui. Tout change cependant à l’arrive de Léna Duchannes, nièce de Macon Ravenwood, qui vit enfermé dans son manoir familial tout en possédant toute la ville – ou presque. Des phénomènes paranormaux se succèdent et les habitants, très chrétiens, prennent peur et chasseraient volontiers Léna de la ville.

Mon avis :

Si vous êtes restés une midinette,
Si vous voulez voir un couple un peu plus crédible que Bella et Edward, parce que Léna en a vu d’autres, parce qu’elle ne passe pas son temps à se mordiller les lèvres ou à être maladroite (enfin, si, mais là, c’est du grand art), parce qu’elle essaie d’être normale, et parce qu’Ethan a tout du boy next door (qui a choisi les horribles polos qu’il porte, qui ?)
Si vous voulez voir Jérémy Irons et Emma Thompson totalement égarés dans ce film. Mention spéciale pour Emma Thompson, qui surjoue de manière abominable. A-t-elle accepté ce rôle pour sa fille (c’est fou le nombre de fois qu’un acteur prétend jouer dans un film tout public pour ses enfants) ou parce qu’elle devait payer ses impôts en urgence ?
Si vous voulez voir des effets spéciaux fort peu poussés – nous ne sommes pas entièrement dans le genre fantastique.
Si vous désirez constater que cette ville ne comporte qu’une seule route (les pauvres).
Alors ce film est fait pour vous.
Je ne vous cacherai pas qu’après l’avoir vu, j’ai eu une folle envie de revoir le magnifique Dans les brumes électriques, qui nous plongent aussi dans les souvenirs de la guerre de Sécession. Je ne vous cacherai pas non plus que j’ai passé un bon moment, et ri plus que de raisons (ce genre de film me fait souvent cet effet-là).
Pourtant, il y avait de quoi avoir peur, quand on découvre le poids de la religion – certains livres, comme Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, sont interdits et quand j’écoute des reportages sur l’Amérique profonde, je ne crois pas que ce soit exagéré !
Je n’ai pas aimé non plus l’idée que les hommes, pardon, les enchanteurs puissent choisir leur destin, le bien ou le mal, alors que les femmes, elles, devraient se résigner et être obligées de suivre la voie qui leur a été destinée. Certes, Léna est là pour s’élever contre cette « loi » – merci d’inscrire la domination masculine dans le genre fantastique, cependant, y parviendra-t-elle ? Je ne vais quand même pas vous dévoiler la fin.
Si ce n’est que je l’ai bien aimé.