Quatrième de couverture :
Une jeune femme se réveille en croyant entendre le chant d’une flûte… Il n’y a pourtant que le silence que son mari a laissé derrière lui la veille en la quittant. Bientôt, elle perçoit le moindre chuchotement comme un hurlement, le moindre choc comme un cataclysme ; et elle s’égare dans l’assourdissant bruissement des réminiscences. Pour un magazine de santé, elle accepte de décrire ses symptômes, s’efforçant de trouver les mots justes pour exprimer ce qu’elle ressent. Ses yeux s’arrêtent sur les mains du sténographe qui prend les notes… Ses doigts d’une étrange beauté glissent sur le papier, transcrivant chaque énoncé en un mystérieux signe aux allures d’éternité. Premier roman « long » de Yoko Ogawa, Amours en marge est paru au Japon en 1991. Il aborde d’une manière très sensuelle et poétique un thème majeur de l’œuvre de la romancière : la mémoire préservée, embaumée, immortalisée par une imperceptible trace qui capture le souvenir en même temps que la douleur qu’il a suscitée.
Mon avis :
Je sens que je ne vais pas me faire que des amis en postant cet avis – et je ne le posterai pas s’il ne validait trois challenges. J’ai beaucoup de mal à tenir mes engagements en ce moment, alors quand j’y parviens, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Je commencerai par le point positif : ce roman est superbement écrit. J’ai eu l’impression, en le lisant, de ressentir la tension ouatée dans laquelle évoluait l’héroïne, de ressentir ses blessures, au moindre bruit trop fort.
Maintenant, je n’ai pas adhérée à cette histoire, je n’ai pas été sensible aux tourments de cette femme, jeune (elle a 23 ans) confrontée à son divorce et à son désamour. Ce doit être une caractéristique de l’écriture de Yoko Ogawa, mais l’héroïne narratrice n’a pas de nom, elle n’est pas caractérisée, si ce n’est pas ses troubles de l’audition et par sa coiffure. Ah, si : elle n’a pas réellement terminé ses études, elle n’a pas d’emploi, cependant la générosité de son ex-mari, dont on sait encore moins de chose, lui offre leur appartement et de quoi subsister jusqu’à ce qu’elle trouve un emploi. Elle est proche de son neveu Hiro – en fait, le neveu de son mari – qui sert d’agent de liaison entre elle et lui. Bref, elle n’a aucune attache, elle a simplement des souvenirs, et tout le roman montre comment elle les retrouve, afin de se reconstruire. Seulement, la manière avec laquelle elle les reconstruit est assez proche du genre fantastique, qui n’est pas réellement ma tasse de thé.
Alors, bien sûr, si je me lance moi-même dans la reconstitution qu’elle a opérée, je ne peux que dire que l’âge de treize ans est un âge clé (que ce soit celui de l’héroïne, de son ami d’enfance, ou de son neveu), qu’elle est fascinée par les signes, qu’elle décrypte, et que son état actuel est peut-être lié (ou pas) à un drame du passé. Ses errances dans la ville enneigée (pratique pour étouffer les sons) ainsi que ses difficultés à se mouvoir dans la ville participent à l’étrangeté de cette histoire. Elles n’ont pas suscité en moi un grand plaisir de lecture.
Je pense que cette incursion dans l’univers de Yoko Ogawa sera la dernière avant un certain temps, puisque je n’ai pas été sensible à son univers créatif.