Archive | 16 mars 2013

Les adieux à la reine de Chantal Thomas

Reine

Circonstance de lecture :

L’ouragan Ken Bruen a tout emporté sur son passage, ou presque. Je ne vous cacherai pas avoir abandonné un roman policier assez lamentable, et avoir aussi une bonne demi-douzaine de chronique en retard. A l’écriture !

Quatrième de couverture :

1810. Vienne est une ville ruinée et humiliée par le passage et la victoire de Napoléon. Agathe, ancienne lectrice de Marie-Antoinette, se souvient des derniers jours de la reine à Versailles après la prise de la Bastille, et particulièrement de ce jour où la famille royale s’est enfuie. Avec une écriture fébrile et minutieuse, elle restitue le faste de la Cour, savamment orchestré par cette reine si controversée.

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Mon avis :
Il a fallu d’abord me débarrasser du souvenir du film, que je n’avais pas apprécié. En lisant les premières pages de cette oeuvre, je comprends mieux pourquoi : les différences sont énormes. Dans le film, l’héroïne est une toute jeune fille qui découvre la cour, permettant ainsi d’être touchante par son dénouement et sa naïveté. Ici, Agathe est lectrice depuis une dizaine d’années. Elle connaît parfaitement la cour, ses rouages, son étiquette, elle maîtrise sur le bout des doigts les cérémonies, du petit lever au grand coucher. En un mot, elle est une aristocrate, élevée avec les principes de son Etat, qui ne lui viendrait pas à l’instant à l’idée de remettre en cause – même si les enfants des nobles pauvres doivent mourir de faim et de froid, puisque leurs parents ne peuvent travailler.Au final, nous saurons peu de choses sur ses trois journées de la Révolution, même vu par ce prisme « du dedans ». Agathe est témoin, sans qu’elle sache réellement de quoi. Elle est extraordinairement passive, passant de son rôle de lectrice à celle de l’exilée à Vienne, rattachée à une maison (Polignac), puis à l’autre (Ligne) sans qu’elle choisisse quoi que ce soit, pas même de partir de France (le film est plus explicite à ce sujet).

Certains moments sont cependant fort émouvants – comme le dénouement. D’autres permettent de cerne une personnalité, une problématique, comme la mort du frère aîné de Louis XVI, celui qui aurait dû être roi à sa place. Les descriptions sont richement organisées, peut-être un peu trop. Au final, ce roman m’a donné envie – ce que j’ai fait – de faire des recherches sur les personnages historiques qui parcourent ce livre. Je regrette tout de même qu’il n’en raconte pas assez sur l’intimité de la reine et sur ses « adieux ».

La peste à Breslau de Marek Krajewki

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Présentation de l’oeuvre (éditée par Gallimard, 258 pages – pas de couverture, elle est trop laide) :

Breslau, en Pologne, dans les années 1920. Dans un appartement bourgeois, deux prostituées sont retrouvées mortes, les dents de devant arrachées. On confie l’affaire à Eberhard Mock, sergent-chef à la brigade des Moeurs, pour qu’il mette la main sur l’auteur de cette effroyable mise en scène.

Mon avis (poli) :

Je cherche un remplaçant à Ken Bruen. Si je garde un Indridason sous le coude, si je pense de plus en plus explorer des territoires américains, je dois dire que je renonce aux terres polonaises – du moins, en compagnie de Marek Kajewski. En fait, je n’écris cet avis que pour vous dissuader de lire jamais cet auteur.

Son personnage principal avait pourtant un trait pour me plaire : sa compassion envers les victimes, loin de la froideur affichée par le chef de la criminel, qui prétend que Mock ne pourra jamais quitter les Moeurs, où il exerce. Mock connaît toutes les prostituées de la ville, tous les maquereaux, aucune perversité ne lui est inconnue, toutes le révulsent. Cependant, lui-même a recours aux services des prostituées, il leur impose ses envies (en latin). Ajoutez que, comme tout enquêteur qui se respecte, il boit plus que de raison. Bref, Mock ressemble à tant d’autres enquêteurs, le charisme en moins.

Puis, les meurtres sont là, et bien là. Mock lui-même sera amené à tuer – ou comment il exprimera la violence la plus primaire. On pourra toujours me dire que la fin justifie les moyens, et que l’objectif une fois atteint, peu importe les sacrifices qu’il a fallu faire. Mouais. Encore faut-il :

– que le sacrifice soit volontaire (variante : c’est sympa de prévenir avant de me sacrifier).
– que les crimes ne soient pas racontés avec autant de détachement.

Le problème est véritablement là : j’ai eu l’impression, à part peut-être sur une dizaine de pages, que l’on donnait raison aux criminels qui, avec une cruauté joyeuse, tue les rebus de la société, malades mentaux, prostituées, vagabonds, travestis. Leurs motivations, leur rite ne m’intéressent pas, surtout pas racontés avec cette complaisance et ce luxe de détails sordides.  Et même si la construction du roman semble basée sur une grande rigueur, j’ai eu souvent une impression de cafouillage, sans avoir du tout envie de retourner en arrière pour comprendre la cause de ses incohérences ou de ses formidables coïncidences.

Bref, je cours me changer les idées littéraires avec un autre roman.