Le thème de cette semaine est la ville.
Mes chers concitoyens,
Je tiens, par cet humble discours, à vous remercier chaleureusement pour ma réélection à la tête de notre belle commune. 98, 2 % des voix est un score exemplaire. Certes, quelques jaloux, qui tiendront à garder l’anonymat, répliqueront qu’il n’y avait pas d’embouteillages au moment de déposer les listes ! Je ne les ai pas empêchés de déposer la leur.
En revanche, c’était une vraie cohue qui a envahi les bureaux de vote en ce beau jour d’élection Avec 77 % de participation, nous faisons bien mieux que la moyenne nationale.
Constant dans mes affections, urbain juste ce qu’il faut, je remercie chaleureusement tous ceux qui sont venus me témoigner leur amitié à l’hôpital en me rendant visite. Je tiens à les rassurer : je devrai sortir d’ici prochainement.
Je remercie cordialement Louis Rameau, mon premier adjoint, qui célébrera les mariages prévus ce samedi.
Ensemble pour Vaudreuilly
Albert Mélamare.
Il retomba sur son oreiller, épuisé par l’écriture de cette petite bafouille.
– Je déteste avoir démontré par l’absurde que la mairie n’était pas solide.
Le dernier conseil municipal extraordinaire avait été houleux. Les transports scolaires, faits (pourquoi Philippe a-t-il envoyé le bus dans la mare ?). Les représentations exceptionnelles dans le théâtre de verdure, fait. Les animations pour le festival : Le bitume flâne aussi dans les parcs, fait (qui a trouvé ce nom débile, qui ? Ah, oui, Vlad, le metteur en scène zinzin). Travaux dans la rue des Abeilles, fait. Le point suivant était les travaux de la mairie.
– Totalement inutiles, furent les mots du second adjoint.
Plus casse-pied, impossible. Il avait par exemple la saine manie de garer sa voiture sur la place de parking dévolue à celle du maire. Jusqu’au jour où un pavé (authentique vestige de mai 68) vint pulvériser son pare-brise.
– Pas ma faute, dit le suspect. Je croyais que c’était celle du maire !
Pour revenir à notre sujet, il s’agissait, après avoir colmaté les fuites de la tuyauterie antédiluvienne, de changer toutes les fenêtres et surtout, surtout, de rénover le plancher qui menaçait de s’effondrer. L’immeuble était vétuste !
– Parfaitement inutiles, reprit le second adjoint.
Albert Mélamare sentait la moutarde lui monter au nez. Ne pourrait-il pas avancer des arguments, ou, au moins faire des phrases ?
– Foutaises, et ce fut son dernier mot.
– Écoutez, mon cher, et gare à vous, je ne me répèterai pas ! prévint le maire en se levant. Si je saute à pieds joints sur le plancher…
Il n’eut pas le temps d’en dire plus : les lattes s’effondrèrent sous ses pieds. Il chuta brillamment au rez-de-chaussée, avec dignité, certes, mais aussi quelques os brisés.
Qui a dit qu’être maire d’une petite commune était de tout repos ?
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En effet, voilà une mairie qui tombe en ruines. Et quelle ambiance ! Très bien ces petits flash back qui expliquent pourquoi le maire se retrouve à travailler depuis son lit d’hôpital.
Fortement inspiré par une mairie de ma connaissance fortement restaurée.
Merci !
Oui, c’est une façon originale de faire campagne. Et ça a marché!
Il fait pas trop bon de figurer dans tes histoires ! Tu malmènes tes sujets… du ridicule en passant par des cascades !
Etre dans mes histoires est tout sauf de tout repos. J’ajoute que toute ressemblance avec des faits réels n’est que pure coïncidence.
Hi hi !!! La mairie de Vaudreuilly où doit avoir lieu le mariage ??? Ha mais ça promet ! Pour la voiture : ne jamais prendre la place de parking de quelqu’un susceptible d’avoir des ennemis !!! Règle d’or. Excellent ce texte ! 🙂
Et bien oui… Heureusement, d’ici juillet, elle sera en parfait état et le maire sur ses deux jambes. Quoique… Il n’aime guère Baruch de Vaudreuilly, et pourrait diligenter son adjoint.
A moins que le maire n’ait organisé lui-même ce minuscule attentat pour dissuader son rival de prendre sa place.
Merci !
Ce texte m’a fait doucement rigoler.
La mairie a visiblement besoin de sang neuf ^^
Non, ce n’est vraiment pas une sinécure d’être maire, surtout d’une petite commune…
J’aime beaucoup ton humour!
Serait-ce un métier dangereux que celui-là ? Finalement glisser son bulletin dans l’urne c’est comme pousser quelqu’un dans un précipice ! 😉
je suppose que c’est symbolique de la situation, cette mairie qui tombe en ruine 😉
bien raconté, en tout cas!
Inspirée directement par une mairie qu’il a fallu rénover, voici une vingtaine d’année (je cite : « mais vous vous rendez pas compte, le plancher de la salle de réunion tombe en ruine !). Pendant la rénovation, les électeurs votaient dans l’école.
Merci !
oh zut !!!!!!!! cela me rappelle des vacances ou nous avions une chambre avec balcon en bois !
Nous etions assis a boire un café lorsque mon Domy (mari) est passé au travers , heureux que sa brioche a stoppé la chute ! Croyez vous qu’on aurait eu une ristourne ?? meme pas !!!!!!!!
Humour de circonstance en ces temps d’élections!
D’autant plus que je suis dispensée de voter cette semaine : tous les sièges ont été pourvues la semaine précédente.
Merci de ta visite.
Le plus beau symbole du peuple ……. Le Pavé ….!!! …. on lui marche dessus jusqu’à ce que vous vous le preniez sur la gueule …!!!
Monsieur la maire ne devrait pas prendre tant de risque 😉
Bisous Sharon!!!
Domi.
http://dimdamdom59.apln-blog.fr/2014/03/26/beatrice-cantatrice-rue/
Pour ma part, je me demande s’il n’a pas lui-même contribué à son lancement… de manière à évincer un rival… mais chut !
Un texte plein d’humour que j’adore par cette soirée de résultats tellement maussade .Bravo
Merci Evalire.
J’ai voulu « détendre l’atmosphère » pesante. Certains résultats me désolent.
je vois très bien ton texte en pièce de théâtre, quel humour, comme ça fait du bien
Pauvre maire !
Ce n’est jamais de tout repos d’occuper une fonction dirigeante, quelle qu’elle soit.