Archive | 27 janvier 2013

La réparation de Colombe Schnek

réparation

Quatrième de couverture :

« Je me suis d’abord trompée.
Je me disais c’est trop facile, tu portes des sandales dorées, tu te complais dans des histoires d’amour impossible, tu aimes les bains dans la Méditerranée et tu crois qu’une fille comme toi peut écrire sur la Shoah ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La petite Salomé, dont ma fille a hérité du beau prénom, mon arrière grand-mère, mes oncles et tantes, mes cousins, vivaient en Lituanie avant la guerre. Ils appartenaient à une communauté dont il ne reste rien. »

Que s’est-il vraiment passé dans le ghetto de Kovno en 1943 ? Et pourquoi cette culpabilité en héritage ?
Dans ce roman-vrai, Colombe Schneck remonte le temps et fouille les mémoires. Jusqu’à la découverte d’une vérité bouleversante.

Circonstance de lecture :

J’ai lu ce livre sur la liseuse prêtée par ma bibliothèque municipale.

Mon avis :

Il est difficile à rendre. Je commencerai donc par ce qui m’a déplu. De nos jours, les écrivains qui révèlent des secrets de famille sont nombreux, très nombreux. Ils s’interrogent tous sur la manière de le faire, s’ils sont légitimes ou non de le faire. Je trouve vraiment dommage qu’avec un sujet aussi fort, l’auteur gâche des pages avec ses doutes (surtout qu’elle les répète à plusieurs reprises) ou à nous raconter sa confortable vie bourgeoise, ses amours compliqués. Le livre aurait gagné à être épuré.

En effet, dès qu’il s’agit de raconter la vie de ses grandes-tantes, de son grand-oncle, de son arrière-grand-mère, de sa cousine et de ses cousins, le récit nous happe, nous questionne aussi. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Quelle décision aurions-nous prise ? Aurions-nous eu cette insouciance des années d’avant-guerre, quand Glinda exhortait ses soeurs et son frère à quitter la Liutianie ? Aurions-nous eu cette force pour survivre, pour continuer à vivre malgré tout ?

Ne rien dire, ne pas se plaindre, recommencer sont les mots d’ordre des survivants. Les non-dits, y compris de la part de la mère de l’auteur tisse les relations familiales et sous-tendent ce récit (je ne peux pas dire : « ce roman », ce n’en est pas un). J’aurai presque envie d’interroger Colombe Schneck sur le choix de ce prénom : volonté inconsciente d’exaucer le vœu de sa mère, elle qui dit l’avoir complètement oublié ? Parfois, j’ai aussi ressenti un curieux détachement, j’ai nettement préféré la lecture des lettres, bien réelles, qui sont insérées dans le texte, ou la description des photos (elles aussi présentes dans le texte) qui redonnent vraiment vie à Macha, Raya et à Salomé.

Je quitte donc ce livre avec le regrêt de ne pas avoir été autant bouleversé que j’aurai dû l’être à cette lecture, moi pour qui le sujet est pourtant très sensible.