Monde lointain
Toujours plus lointain
Dans le soleil radieux.
Mizuhara Shûôshi
Le recueil est lui aussi divisé entre quatre saison, et en une dernière partie hors-saison. J’ai trouvé que ces poèmes étaient sensibles aux petits détails du quotidien, aux petits faits qui paraissent sans importance mais ouvrent des perspectives à l’imagination, ou à la réflexion. Il suffit de quelques mots pour parler de la liberté que l’on ne peut ôter, même à un poète emprisonné :
Même derrière les barreaux
On peut souffler
Des bulles de savon
Hirahata Seîto
Il est question, aussi, de la condition féminine. La difficulté, pour une poétesse, de trouver le temps d’écrire, d’être reconnue. La difficulté d’être mère, aussi. La douleur de perdre l’être aimé :
Robe de soie légère
Plus de bague à mon doigt
Depuis…..
Takahashi Hawajijo
La seconde guerre mondiale est évoqué, tout en discrétion, et en pudeur, pour exemple cet haïku :
Un garçon faisait de l’arithmétique
et pleurait en cachette
cet été-là
Saitô Sankî.
Le soldat américain est présent, ce qu’il a apporté aussi – la mère de Terayama Shûji a trouvé du travail sur une base militaire américaine.
J’ai aimé aussi que les animaux, et sur les chats, fassent leur apparition dans ce recueil. Ils représentent autant l’animal bien réel qu’un symbole :
Longue lignée de voyageur
Un chaton
Ferme la marche
Katô Shûson.
Je m’arrête ici car je n’en finirai plus de citer ses haïkus, tous plus beaux les uns que les autres, mêlant à la fois la tradition et la modernité. Si vous ne connaissez pas encore ce genre littéraire, n’hésitez plus !