Banlieue de Tokyo. Quatre jeunes filles, Toshiko, la sérieuse, Terauchi, la douée, Yuzan, la paumée et Kirazin la fêtarde, passent un mois d’août horriblement lourd et studieux dans une école spécialisée dans le bachotage lorsque, un matin, Toshiko entend du bruit dans la maison d’à côté. Intriguée, elle demande au fils de la voisine si tout va bien et celui-ci, surnommé « le lombric » parce qu’il est mal foutu et ne réussit pas en classe, lui répond que oui.Quelques heures plus tard, Toshiko s’aperçoit qu’on lui a volé son vélo au lycée. Elle n’en dit rien et se tait sur ses soupçons, car rentrée chez elle, elle s’aperçoit que « le lombric » a disparu et que sa mère a été assassinée à coups de batte de base- ball. Aussitôt alertées et mises dans le secret par « le lombric » en personne, les quatre jeunes filles vont s’acoquiner pour aider le jeune assassin que, pour des raisons propres à chacune, elles considèrent comme une espèce d’antihéros de la société japonaise.
Mon avis :
Ce roman est le deuxième livre que je lis de cette auteur, après Intrusion, en 2011. Le point commun entre ses deux livres est qu’ils sont considérés comme des romans policiers, alors qu’ils ne le sont pas à mes yeux. Je considère plutôt Le vrai monde comme un état des lieux de la jeunesse japonaise, à l’égal des romans de Ruy Murakami.
Nous avons quatre adolescentes, délaissées par leurs parents. Ceux-ci sont trop pris par leur travail, ou par d’autres centre d’intérêt (les bars semblent avoir leurs attraits). Elles préparent pourtant l’entrée de prestigieuses universités, sachant que l’important, ensuite, est de se trouver un bon mari, qui vous offrira une bonne situation – et non d’avoir un métier qui vous convienne et vous permette de vous épanouir.
C’est peu de dire qu’elles se cherchent. Pour certaines, elles sont même carrément paumés ! La preuve ? Elles aident « le lombric » à prendre la fuite, lui qui vient d’assassiner sa mère, le plus « normalement » du monde. N’essayez même pas d’imaginer une once de remords de son côté, son acte est tout à fait justifier à ses yeux – deux mondes vivent l’un à côté de l’autre, celui des adultes, et celui des enfants.
Le fait que chaque chapitre épouse le point de vue de chacun des protagonistes aide à mieux comprendre le mal-être, la dérive des quatre amies – et du lombric. Même si Thoshiko prend un pseudo pour exister, elle semble plus lucide, plus mûre, moins engluée dans une quête identitaire. Yuzan aussi sait qui elle est – elle a simplement beaucoup de mal à l’assumer. Terauchi et Kirazin n’en sont pas là, elles oscillent entre ce qu’elles paraissent être, et ce qu’elles sont réellement – mais le savent-elles elles-mêmes ? Les adultes qui les côtoient sont soit indifférents, soit extrêmement durs avec eux – quand ils ne cherchent pas à profiter de jeunes étudiantes.
Ce « vrai » monde est froid, inquiétant. Le dénouement lui-même est perturbant. Une oeuvre forte.
Je ne connais pas la littérature japonaise. Je rajoute celui ci dans mes livres à découvrir (encore un 😉 )
J’ai lu beaucoup de littérature japonaise l’an dernier (une quarantaine d’oeuvre ?), cette année un peu moins. J’ai cependant découvert des auteurs qui m’étaient inconnus, comme Murakami.
J’ai parfois un peu de mal à aller vers des genres
que je connais peu ou pas même si je ne suis pas fermée. En même temps on ne peut pas tout lire d’un coup et j’ai encore de belles heures de découverte devant moi. 😉
D’un autre côté, après des années « d’ouverture », des années à lire de la littérature contemporaine pure et dure, moi qui ne lisais que des classiques et des romans policiers, je suis revenue à mes premières amours – et la littérature policière est vraiment très vaste….
C’est vrai qu’on ne peut pas tout lire d’un coup, mais je privilégie vraiment la lecture-plaisir, et tant pis si certains titres étonnent (la littérature young adult, par exemple).
Etrange, mais attirant ce roman… J’aime la couverture.
Au début, en lisant la quatrième de couverture, j’étais septique. La lecture du roman, heureusement, m’a fait changer d’avis. La couverture de la version poche est moins bien.
J’avais hésité avec ce roman mais comme il était emprunté, j’ai pris son dernier L’île de Tôkyô et il est vraiment bien aussi, il te plairait 😉
En fait, ce livre était le seul disponible à la bibli… Le choix fut donc très rapide. ;). Je note L’île de Tôkyô – si un jour, il est acquis par l’un ou l’autre des bibli que je fréquente.
Un roman que j’avais bien aimé aussi pour sa description du mal-être de certains jeunes et de leur difficulté/impossibilité à communiquer avec les adultes.
Elle n’est pas la seule auteur à faire ce constat, c’est assez inquiétant.
Je n’en suis pas étonnée ; c’est un sujet de préoccupation qui revient souvent…
Ce livre m’a également beaucoup interessée …et attristée aussi tellement ces filles et ce garçon manquent de repères
….
Cela semble pourtant très fréquent, dans la littérature japonaise.
Un auteur que je ne connais… il va falloir que j’y remédie, il devrait me plaire.
Certains de ses romans sont mieux que d’autres, Intrusion est à éviter…
Ton billet m’a convaincue ! Je vais vite le sortir de ma PAL.
Tant mieux !
J’ai lu « Monstrueux » et je suis d’accord avec toi, ce ne sont pas des thrillers. L’auteure semble très critique sur la place de la femme dans la société japonaise.
Oui, et ces livres sont d’autant plus intéressants. Dommage qu’ils soient classifiés « polar », dans ce cas, c’est très réducteur.
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J’ai des News à toi que je ne reçois pas et ce n’est pas la première fois que je remarque !!! 🙄 Depuis le temps que je dis qu’il faut que je me remette à la littérature japonaise, il va falloir ! Je note celui-ci, il devrait me plaire !
Hum, je pense que le thème me dérangerait un peu trop et me mettrais trop mal à l’aise pour que je puisse lire ce livre, même s’il a l’air très intéressant. Comme tu dis, la lecture est avant tout un plaisir et ça ne sert à rien de se forcer.
Exactement : se forcer ne sert à rien. Ce thème est vraiment récurrent dans la littérature japonaise.
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