La nuit du carrefour de Georges Simenon.

nuit

Mon résumé :

Au carrefour des trois Veuves, se trouvent trois maisons. Deux voitures ont été échangées. Ce qui n’aurait pu n’être qu’une farce devient un drame quand un cadre est retrouvé au volant de l’une d’entre elles. Maigret enquête.

littérature cinéma

Mon avis :

Un tel roman serait-il possible de nos jours ? Je ne le crois pas, non parce que l’interrogatoire que subit d’entrée de jeu Carl Andersen, le danois, n’aurait plus cours, mais parce qu’il n’existe plus, à quelques kilomètres de Paris, d’endroit aussi isolé que ce carrefour des trois Veuves.

Trois maisons seulement se tiennent à cet endroit. Une vaste propriété, la demeure des Michonnet, et le garage de monsieur Oscar, bel exemple de réinsertion professionnel, dirait-on de nos jours. J’aurai envie de qualifier ce lieu de huis-clos, tant tout se passe entre les murs de ses trois maisons. Quant aux rares personnes qui viennent jusqu’ici, elles ne font que passer, comme les clients du garage, ou bien elles s’y arrêtent définitivement, comme le diamantaire juif et hollandais. Un étranger, tout comme Carl Andersen et sa sœur, que personne n’a jamais vu en cinq ans. Elle vit littéralement enfermée dans le château. Pour protéger qui ? Ou plutôt pour se protéger de qui ? Else Andersen a tout de la femme fatale, avec son physique parfait jusqu’à la cicatrice qui l’humanise et aux regards à l’innocence enfantine. Ni madame Michonnet, l’épouse dévoué du courtier en assurance, ni la soumise madame Oscar, conjointe du garagiste, ne peuvent prétendent à ce titre. Et si le commissaire Maigret ne les néglige pas, il sait que la clef de l’énigme n’est pas à cherche auprès de ses deux femmes, mais dans le château où est enfermée la Belle. Les indices y sont semés un peu partout, pour qui sait regarder, pour qui sait écouter – et le commissaire Maigret n’est pas dépourvu de ces qualités.

Le danger est partout, la tragédie survient quand on s’y attend le mien. Dans ce petit coin trop tranquille, Maigret a fort à faire, et préserver l’innocent semble par moment impossible, à moins de compter sur le hasard et sur la foi. L’expression « choc des cultures » n’a jamais été aussi utile, pour les français très cartésiens que sont les hommes du commissaire Maigret.

La nuit du Carrefour est à lire, relire, et à regarder : Jean Renoir en a tiré un film très juste, avec son frère Pierre dans le rôle de Maigret.

 

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