Sangliers de Pascal Ruter

Présentation de l’éditeur :

C’est l’histoire d’un peuple de sangliers qui vit paisiblement dans la forêt, avec pour seuls ennemis les chasseurs. Mais au cours d’un hiver particulièrement froid, La Gonfle, le doyen faisant office de sage, radicalise son discours et instaure un régime totalitaire. Plus question d’accepter les sangliers estropiés et encore moins les Sanglochons (mélange de sangliers et de cochons) qui se cachent parmi eux et qui sont responsables de tous leurs maux. C’est le début d’un terrible exode pour Lilly qui verra ses frères être embrigadés dans les funestes escadrons noirs (brigade chargée de l’ordre et des rafles), et apprendra qu’elle est elle-même une Sanglochone…

Mon avis :

J’ai la faiblesse de croire qu’il y a un temps pour tout, qu’il y a aussi un temps pour les livres. Ce partenariat est dans ma PAL depuis deux mois, et je ne parvenais pas à l’en sortir, impossible de progresser dans ma lecture. Puis, voici deux jours, la situation s’est débloquée et je suis passée de quelques pages lues à un ouvrage terminé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et l’écrire.

Bien sûr, en découvrant ce texte, j’ai immédiatement pensé à La ferme des animaux. Il existe pire en termes de références littéraires.

Nous sommes dans une forêt, et les animaux sauvages vivent presque paisiblement, les territoires étant strictement délimités, hors de questions de s’aventurer au-delà du territoire des Longs Poils bruns. Leur ennemi ? Les Deux Pattes, qui viennent régulièrement et tuent. Cela a beau survenir régulièrement, les sangliers ne tirent pas de leçon de ce qui s’est passé, chaque saison est pour eux un éternel recommencement. Sauf pour Lilly. Elle est différente. Elle a beau suivre l’enseignement de la Gonfle, il lui arrive de penser à cette fameuse question interdite : pourquoi ? Pourquoi, notamment, n’a-t-on pas le droit de fréquenter les sang-mêlé, ceux qui sont métissés, ceux qui sont différents, un peu plus roses, avec une queue en tire-bouchon ?

Bien sûr, ce livre nous parle de nous, maintenant, et avant. Il nous parle de l’accueil que l’on peut faire à des personnes qui sont différentes, et que l’on juge inférieures, toutes ces personnes que l’on tolère, notamment si elles ont réussi, mais que l’on n’accepte pas, que l’on n’intègre pas réellement et que l’on rejette, que l’on accuse de tous les maux dès que la moindre crise surgit. Il faut un bouc émissaire, et qui de mieux que celui qui est différent ? Puis, être endoctriné, c’est aussi tellement facile : l’opinion publique est comme une girouette, et elle suit facilement le leader qui promet des jours meilleurs, assurant avoir trouvé la cause de tous les problèmes, et donc les moyens de les résoudre.

Au cours de ce texte, fortement aussi inspiré de certains pans de notre histoire, on verra aussi ce que deviennent les personnes qui se sont réjouis de suivre la nouvelle idéologie en place, et qui en sont ensuite devenues les nouvelles victimes expiatoires. Réaliste ? Oui, sous couvert de fables. Et je pense aussi qu’il est important d’écrire un tel livre en ce moment, à une époque où certains sont tentés par des théories assez extrêmes, qui semblent tellement extrêmes justement que l’on se dit : « non, pas possible, ils ne croiront tout de même pas…. » Et bien si. Tout est possible, surtout pour un peuple qui n’a pas de mémoires.

Un livre à faire découvrir et à partager.

Merci aux éditions Didier Jeunesse et à Netgalley pour ce partenariat.

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