Le mystérieux tableau ancien de He Jiahong

Présentation de l’éditeur :

Maître Hong est contacté par une femme, professeur à l’université de Pékin dont le mari, éminent chercheur dans une société pharmaceutique de pointe, a brusquement perdu la mémoire. Seul, peut-être, un vieux tableau de famille pourra donner la clef du mystère…Cartels industriels, politiciens véreux, hommes d’affaires compromis, amour et corruption mélangés aux mystères de la pensée traditionnelle chinoise, sont les ingrédients détonants de cette plongée envoûtante dans la Chine contemporaine.

Mon avis :

Il paraît que les blogueuses ne parlent que des livres qu’elles ont aimé ou adoré. Soit. Bizarrement, je connais plusieurs blogueuses qui parlent simplement des livres qu’elles ont lus, même si certains ne sont pas des coups de coeur – même si la majorité ne sont pas des coups de coeur.

Le mystérieux tableau ancien est, pour moi, un livre qui n’a suscité que de l’indifférence. Je l’ai lu, je ne trouve pas grand chose à en dire. Je n’ai ressenti d’atomes crochus avec aucun des personnages. L’enquêteur ne se rend pas compte que sa secrétaire est amoureuse de lui, elle est donc à prendre tous les risques pour le tirer des situations incongrues dans lesquelles son enquête peut le mener. La professeure d’université dont le mari est souffrant ? Elle fait de son mieux, entre une société chinoise en pleine mutation, un mariage qu’elle a maintenu à flots bien que son mari n’ait pas toujours été fidèle, et une fille unique pour laquelle elle est prête à tous les sacrifices afin qu’elle réussisse ses études universitaires.

Oui, nous sommes dans une Chine en pleine mutation, et j’ai eu l’impression que le communisme était bien loin. Il est question de sociétés, de profit, de publicité, de tous les moyens pour parvenir au sommet de l’entreprise, quitte à mettre de côté certains membres, et à passer sous silence certains faits. Maître Hong arrive là dessus un peu comme un cheveu sur la soupe, puisqu’il est incorruptible, insensible aux charmes des femmes (au grand dam de sa secrétaire, mais je l’ai déjà dit). Bref, il apparaît un peu, au moment de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, comme un défenseur de l’ordre ancien.

J’ai presque oublié le tableau – parce qu’il est le plus souvent oublié dans l’intrigue. Il est pourtant source de convoitise, de terreur aussi, avec la légende qui l’entoure – la réalité est beaucoup triviale, en phase avec l’ère capitaliste. J’aurai aimé vous dire que j’avais aimé ce roman de la transition, et bien, je me répète, pas du tout. Certaines situations sonnent comme véritablement occidentales, comme cette mère, professeur d’université, qui ne veut pas que sa fille aille voir son père malade pour qu’elle ne soit pas perturbée et puisse ainsi réussir ses études, si ce n’est que l’on se retrouve très vite avec une situation très conservatrice : étant donné le sacrifice de sa mère, la fille se doit de suivre la voie qui lui est tracée, de se consacrer uniquement à ses études et à rien d’autres. En France, le conflit aurait été explosif. En Chine, à la croisée des mondes, la solution pour laquelle opte la fille ne fait que plonger sa mère un peu plus dans les abîmes de la dépression : oui, on ne parle à ses enfants que pour leur donner des ordres, surtout pas pour converser avec eux ou les écouter. La jeune fille devient ainsi une proie facile.

Si vous voulez vraiment découvrir des polars chinois, lisez plutôt les oeuvres de Qiu Xiaolong : ici, je n’ai trouvé qu’ennui et indifférence. L’intrigue ne parvient jamais à se déployer complètement, comme si nous étions forcés de rebondir d’un arc narratif à un autre, sans jamais aller au bout des choses. Oui, je n’aime pas trop les personnages qui baissent facilement les bras, alors qu’il est tant à accomplir.

12 réflexions sur “Le mystérieux tableau ancien de He Jiahong

  1. L’indifférence et le manque d’émotions sont probablement les deux choses que je trouve les pires dans une lecture (dans la vie en fait). Je préfère à la limite ne pas aimer un livre et m’énerver que rester sur le bas-côté… Bref, je passe mon tour, et merci de ton honnêteté ! Et je confirme, il y a des blogueuses qui parlent même des livres qu’elles n’ont pas forcément aimés (d’ailleurs demain, ce sera le cas pour moi). Merci de le rappeler, j’ai parfois l’impression désagréable qu’on est toutes mises dans le même panier…

    • Je n’ai pas aimé, mais il ne m’a pas énervé, et tu as raison, c’est bien pire !
      Je t’en prie, rien n’est pire que ces généralisations – surtout que j’ai lu ce genre de commentaires de la part d’une blogueuse. Or, les blogs que je fréquente ne montrent pas que des livres qu’ils ont apprécié, et heureusement !

      • Tu me connais et j’essaie de causer de tous les livres que je lis, du moins, les romans, pour les BD, c’est pas toujours le cas car manque de temps et je relis trop de BD, mais quand je sais, je me fends d’une bafouille.

        L’inconvénient, quand on critique « en mal » c’est qu’on s’expose aux volées de bois vert d’internautes ayant aimé, ou aimant l’auteur(e) ou carrément de l’auteur même… 😉

  2. Je ne sais pas si tu modères ou pas les commentaires, le mien est parti un peu vite… Donc je donne un avis sur toutes mes lectures aimées ou pas. j’espère que mon mot va passer… Bonne soirée Joëlle!

  3. Pingback: Bilan n°3 du challenge Polar et thriller 2019-2020 | deslivresetsharon

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