Pointe rouge de Maurice Attia

Présentation de l’éditeur :

Décembre 1967, la France est en surchauffe, la jeunesse gronde, Mai 68 n’est plus très loin. A Marseille, sur fond de guerre entre mafias, l’assassinat d’un militant gauchiste et la disparition d’une liste de noms peuvent laisser penser que le service d’Action civique prépare un coup.

Mon avis :

Si vous aimez le doux, le tendre, le délicat, passez votre chemin. Comme Alger noire, ce tome 2 des enquêtes de Paco est un roman très noir, où tous les coups des adversaires sont permis, et où les policiers se retrouvent à enquêter sur ce qui s’est transformé en bain de sang.

Le récit commence de manière rétrospective. Nous savons que Paco est dans le comas, nous savons que Khoupi, son partenaire, n’est pas arrivé à temps pour empêcher Paco de se faire tirer dessus. Nous saurons comment ils  en sont tous arrivés là.

Comme dans le premier roman, nous entendons quatre voix : à celle de Paco et Khoupi se joignent celle d’Irène, la compagne de Paco, et celle d’Eva, dite « la fourmi ». Si ce livre avait été écrit récemment, j’aurai été tenté de parler de « parité » mais je crois, en lisant l’auteur, qu’il est surtout féministe. Je ne pense pas que l’on puisse tenir de tels discours sur la contraception, l’avortement, ou pour faire court, sur le droit des femmes à disposer de leur corps sans demander l’accord des hommes et de la société bien pensante sans être féministe.

En effet, ce roman, au-delà d’une intrigue policière sanglante, est l’histoire d’homme, de femme, qui se trouvent mêlés à une affaire qui les dépasse, et dont les conséquences seront dramatiques, tragiques – pour eux. Si l’on ajoute que chacun porte déjà ses propres drames intimes, l’on comprend que l’on se retrouve vite asphyxié dans ce texte. Un espoir est-il possible ? Pas vraiment. Il ne s’agit plus de vivre, à un moment du récit, mais de survivre, y compris avec un fort sentiment de culpabilité qui vous ronge le corps et le coeur.

Il faut se remettre dans le contexte politique de l’époque – que l’on a un peu oublié, éclipsé qu’il est par ce qui s’est passé six mois plus tard. Nous sommes dans une période politique très agitée, certains se lancent dans des paris sur l’avenir, en se rapprochant de telle ou telle personnalité. Bien sûr, il est facile pour nous, après coup, de nous dire « il a raison », ou « il a tort », sauf qu’il ne s’agit pas vraiment de conviction, mais plutôt d’ambition : sur quel cheval miser pour être dans les vainqueurs ?

Aussi, il paraisse presque gentillet, ces étudiants impliqués en politique, détestant l’ordre établi et la police. Pourtant, il n’agisse pas vraiment, se contentant de vivre leurs amours compliqués, leurs études, qui ne le sont pas moins, et après, ils se retrouvent en témoin qui n’ont rien vu, rien entendu, rien tenté pour empêcher quoi que ce soit. Il est plus facile de réfléchir (pour certains) et d’asséner des phrases toutes faites.

Si les noirceurs de l’âme et des actes ne vous font pas peur, si vous confronter au réel ne vous dérange pas, alors n’hésitez pas à découvrir l’oeuvre de Maurice Attia.

 

3 réflexions sur “Pointe rouge de Maurice Attia

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