La blanche caraïbe de Maurice Attia

édition Jigal – 272 pages.


Quatrième de couverture

En 76, Paco a renoncé à sa carrière de flic, il est devenu chroniqueur judiciaire et critique cinéma au journal Le Provençal. Irène, elle, poursuit avec succès son activité de modiste. C’est un coup de fil de son ex-coéquipier qui va bousculer cette vie tranquille. Un véritable appel au secours que Paco ne peut ignorer. En effet, huit ans auparavant, après leur avoir sauvé la vie, Khoupi avait dû fuir précipitamment aux Antilles avec sa compagne Eva…

Mon avis :

Je suis très heureuse d’avoir mis la main sur le quatrième et dernier tome des aventures de Paco, le policier rencontré dans Alger la Noire. Il est en effet pour moi intéressant de suivre la trajectoire de cet enquêteur, qui aurait pu rester simplement le policier qui a quitté l’Algérie et qui a continué sa vie à Marseille. Il n’en est rien. Nous le retrouvons huit ans après Paris Blues (oui, je sais, je ne l’ai pas chroniqué) et il a donné à sa vie une orientation très différente. Lessivé, une fois de plus, par sa dernière affaire à Paris, il était parti rejoindre Irène, la femme de sa vie, dans le Sud : ils sont mariés, leur fille Bérénice a six ans, et il est journaliste pour le Provençal. En bref, il est payé pour assouvir l’une de ses passions, voir des films. Ce qui m’a fait plaisir aussi est qu’il est toujours ami avec madame Choukroun, la veuve de son co-équipier, assassiné dans Alger noire. J’ai lu trop d’enquêtes dans lesquels des personnages passaient à la trappe.

Et justement… Huit ans après Pointe rouge c’est son autre co-équipier, Tigran, qui lui donne de ses nouvelles. Ce que lui, Paco et Irène ont vécu est encore vif, on ne se remet pas comme ça de ces événements, qui avaient forcé Tigran a prendre la fuite avec sa compagne Eva. Aujourd’hui, il appelle Paco au secours, Paco à qui il avait sauvé la vie à  l’époque, et bien sûr, Paco ne serait pas Paco s’il ne venait immédiatement, Irène renonçant à le raisonner puisque c’est Tigran qui l’appelle.

Son arrivée en Guadeloupe est un choc pour lui – longue arrivée, dans laquelle le retard inhérent aux transports vers les Caraïbes est matérialisé par la remémoration des événements par Tigran, tous ceux qui l’ont conduit à demander de l’aide. Choc, oui, parce que si Paco a vieilli, Tigran lui s’est métamorphosé sous le coup des déceptions amoureuse, de l’alcool et des événements qui lui avaient fait quitter la France. Ce ne sont pas des Antilles de rêves que découvre Paco, c’est quasiment une zone de non droit. J’exagère à peine en employant ce terme. D’ailleurs, puisqu’il lui faut un prétexte pour se trouver ici, l’ancien policier affirme écrire un livre sur l’esclavage, ce qui nous permet de découvrir des extraits du Code noir et de mesurer ce que l’on nommait « droit » à une époque.

Paco et Tigran ne voient pas les tenants et les aboutissants de l’affaire qui les occupe de la même manière, l’un, parce qu’il a un regard neuf, qu’il voit les changements que Paco n’a pas vu, perçoit mieux le décalage de certaines attitudes, l’autre connaît les acteurs de cette comédie sanglante, parce qu’il les côtoie, vit avec eux, travaille pour eux depuis bientôt huit ans. Ce sont leurs deux voix qui alternent un temps pour nous narrer cette histoire, avant d’être rejoint par Eva, déterminée elle aussi à faire toute la lumière, avec ou sans l’aide de Paco. Un nouvel événement l’impliquera encore davantage dans cette recherche de la vérité. Ou, pour être plus juste, charge encore plus le sentiment d’urgence. Pour lui, les Caraïbes n’ont quasiment rien à envier à Marseille, et il ne parle pas du climat, mais des magouilles, des trafics, des compromissions. Ici, en Guadeloupe, les communautés ne se mélangent pas, ou si peu : il est des choses qui ne comptent pas. Il est des rancœurs tenaces, qu’il ne faut surtout pas faire mine de négliger. Peut-on encore douter que certains soient prêts à tout, vraiment à tout, pour parvenir à leurs fins ? Non.

La conclusion de cette saga est-elle amère ? Non, elle est réaliste, crédible et l’épilogue , si elle peut surprendre, conforte cette impression.

PS : pour une raison inexpliquée, tout le temps que je lisais, j’avais cette chanson en tête. La voici donc :

14 réflexions sur “La blanche caraïbe de Maurice Attia

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