La sans-visage de Louise Mey

Présentation de l’éditeur :

Elle a l’air cool, cette colo : le principe, c’est qu’on bouge deux jours, et qu’on se repose le troisième. Puis on recommence, pendant deux semaines. Clara était très motivée, elle a fait 228 heures de baby-sitting pour se l’offrir ! Seulement voilà : à peine arrivée, elle comprend qu’elle ne va pas se plaire ici. Trop de sport, trop d’abrutis, trop de… tout. Sans compter ces histoires avec Éléonore. Eléonore, elle n’était même pas descendue du train que trois filles de la colo l’avaient déjà prise en grippe. Comme ça. Pour rien. Une petite insulte par-ci, un petit coup par-là… Éléonore ne dit rien, personne ne dit rien. Au début, c’est bizarre ; très vite c’est normal. Allez, encore une insulte, encore un coup… Une nuit, Éléonore disparaît. C’est normal, aussi ?

Mon avis :

Dur ? Oui. Dur à lire ? Oui aussi. Je sais qu’en commençant mon avis ainsi, je ne fais pas vraiment envie, et pourtant, c’est ainsi. Je le sais parce que je ne me suis pas « contentée de le lire, j’ai aussi fait lire ce livre à mes élèves, et nous avons rencontré l’autrice dernièrement.

Le thème central du roman, c’est le harcèlement. J’ai envie de dire le harcèlement ordinaire. Le questionnement aussi sur le harcèlement. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment, un comportement qui aurait dû être jugé anormal n’est plus jugé anormal, qu’est-ce qui fait que des adolescents laissent faire, ne réagissent pas quand ils voient une autre ado, strictement comme eux, se faire harceler, moralement, physiquement ? L’une des réponses, c’est peut-être aussi parce que ce sont des adolescents, qui ont leur propre problème, leur propre désir aussi, et qu’ils ont déjà bien assez à faire avec eux mêmes sans penser à autrui. C’est sans doute le cas de Clara, la narratrice, ni meilleure ni pire qu’une autre. Si elle participe à cette colonie de vacances, qu’elle a en partie financé par des heures et des heures de baby sitting, c’est pour retrouver sa meilleure amie Aïssa : elle a déménagé, les deux adolescentes ne sont plus dans le même collège, et elles s’éloignent insensiblement. Nous avons tous, nous adulte, connu de ses amitiés qui s’effilochent, parce que l’on change, parce que l’on n’a plus les mêmes centres d’intérêt, parce que l’on rencontre d’autres personnes. Pour Clara, c’est la première fois, et c’est la plus difficile. Aussi, même si elle n’aime pas le sport, elle est là, pour être avec Aïssa, qui elle, s’éclate totalement, sans pour autant négliger les autres.

Non, parce que si l’on peut comprendre que les adolescents soient centrés sur eux-mêmes, on peut ne pas comprendre les adultes qui ne voient pas, qui ne font rien, qui minimisent, en dépit des blessures physiques pourtant bien réelles. Jusqu’à la rupture, qui ouvre le livre : Eléonore a disparu. Elle a disparu depuis douze heures et personne ne s’en est aperçu. Commence alors un double cheminement, celui de l’enquête, pour retrouver Eléonore (en espérant la retrouver vivante), et celui du retour en arrière, pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là. Simple ? Non.

Un livre qui permet d’ouvrir le dialogue, et pas seulement sur le sujet du harcèlement, sur celui du suicide aussi.

3 réflexions sur “La sans-visage de Louise Mey

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