L’arrache-mots de Judith Bouilloc


Présentation de l’éditeur :

La jeune Iliade a un don merveilleux : le pouvoir de donner vie aux mots et aux histoires. Ce don fait d’elle la bibliothécaire la plus célèbre de tout le royaume d’Esmérie. Le matin où elle reçoit une demande en mariage presque anonyme, elle n’est sûre que d’une chose : son prétendant est un membre de la famille royale ! Bien décidée à comprendre qui s’intéresse à elle et surtout, pourquoi cette personne lui propose un contrat de mariage si avantageux, Iliade se rend dans la capitale. Là-bas, elle découvre les fastes de la cour… et la froideur de son fiancé. Pourtant, elle finit par s’attacher et à lui et se retrouve, bien malgré elle, propulsée au cœur d’intrigues et de complots auxquels rien ne la préparait.

Merci à Netgalley et aux éditions Hachette pour ce partenariat.

Mon avis :

L’arrache-mots est un livre heureux, qui joue avec les codes des contes de fées. Nous avons une jeune fille pas très riche, mais cultivée. Elle est étudie, vit dans un monde de lecture, un monde quasiment imaginaire et le sait – vivre au milieu des histoires des autres ne signifie pas perdre sa lucidité. Elle est consciente de son don extraodirinaire, celui de donner vie aux mots, surtout elle en fait profiter ses tout jeunes lecteurs. Comme dans un des contes qu’elle lit, elle a reçu une proposition de fiançailles d’un mystérieux prétendant, et l’a accepté. La voici donc précipitée à la cour, au centre d’un enjeu qu’elle ne soupçonne pas encore.
Cependant, je tiens à vous le dire tout de suite : Iliade (elle doit son prénom à la passion de son père pour les voyages et l’Odyssée) n’est pas une douce jeune fille qui attendait qu’un prince charmant la tire de sa condition. Elle a une soeur aînée, qui s’apprête à devenir la première femme avocate du pays, et deux petites soeurs dont elle tient à payer les études. Dans ce monde de la magie, elle a aussi une grand-mère qui brûle d’en découdre avec quiconque ferait du mal ou envisageait de faire du mal à sa petite-fille. Illiade est fiancée, oui, mais elle a pleinement conscience des termes du contrat dont elle a pris connaissance. De plus, elle est parfaitement libre de renoncer à ce mariage si elle le désire. Oui, je spoile un peu, parce que je pense à un roman qui se nomme Cinquante nuances, et dans lequel l’homme impose tout à la femme, qui… accepte. Ici, le fiancé mystérieux (dont je ne vous dévoilerai pas l’identité) et Illiade échangent, discutent réellement de ce qu’ils veulent pour leur vie qui sera commune (ou non). Illiade découvrira peu à peu qui est son fiancé – que connaissait déjà sa soeur aînée, sans se douter qu’il est le membre de la famille royale qui a fait sa demande anonymement. Elle est de plus capable de ne pas s’arrêter au qu’en-dira-t’on, de faire confiance à l’autre, et d’imposer ses idées. Oui, nous avons là une histoire entre deux êtres singuliers, aux projets de vie bien arrêtés – deux personnes pas si différentes, finalement.
Reste la vie à la cour – et ses intrigues. Ou comment une société peut se retrouver étroitement fermée sur elle-même. Ce n’est pas un hasard si La Fontaine et Racine se sont invités dans le récit, la cour n’est pas sans rappeler celle de Versailles. Si la construction de l’intrigue est serrée, elle se distingue par son dénouement : pour avancer, il est bon de pardonner, de se pardonner, de ne pas ignorer les liens que les autres veulent tisser, sans jamais croire pour autant que ce soit facile.
Une très belle histoire de mots.

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