Archive | 1 juin 2019

Double 6 par Emmanuel Trédez

édition Didier Jeunesse – 160 pages.

Présentation de l’éditeur :

Bagarreur et frimeur un jour, timide le lendemain… Qui est vraiment Hadrien ? Quand deux policiers font irruption en cours de maths, c’est la panique : le collégien a disparu et ses copains doivent témoigner ! Capable de jouer ses décisions sur un coup de dés, le garçon semble cacher bien des secrets… et il n’a pas fini de nous surprendre.

Merci à Netgalley et aux éditions Didier Jeunesse pour ce partenariat.

Mon avis :

La vie comme un jeu, mais non. Pourtant, Hadrien ne se sépare jamais de ses deux dés, avec lesquels il joue sa vie, non à pile ou face mas à double six – présage favorable à ses yeux. Il n’empêche : Hadrien a disparu, et l’irruption des policiers dans le collège n’est pas bon signe et je parle d’expérience, sauf s’ils font partie de la brigade de prévention. Ses amis, son rival, sa petite amie vont être interrogés tour à tour pour savoir ce qui a bien pu arriver à Hadrien et cerner la personnalité de ce jeune adolescent.

A quel public est destiné ce livre ? C’est une question que je n’aime pas me poser. J’ai constaté que mes 6e, cette année, ne lisent pas forcément des romans qui se passent au collège, plutôt des livres qui prennent place dans une école primaire – nostalgie, déjà ? En tout cas, la vision qui est donnée du collège dans ce livre est plutôt positive. Hadrien est un élève brillant, il n’a pas trop de soucis par rapport à cela, il est ami avec Yanis, bon élève, et avec Clément, qui aime davantage le sport que les études. Certes, il a en Gwenn un rival : il n’est pas possible d’être proche de tous ses camarades de classe. Il a aussi une petite amie, un premier amour assez sérieux, qui leur permet aussi une saine émulation. Alors ???

Alors la vie d’Hadrien n’est pas si simple. Par le choix de ce prénom, il a été condamné, si j’ose dire, à l’excellence dès sa naissance. Il a beau tout prendre à la légère, c’est du moins l’apparence qu’il donne, il a l’impression que le destin lui doit quelque chose, lui qui l’a privé d’un père, parti tôt, d’une mère décédée accidentellement. Certes, sa grand-mère est aimante, elle entretient pourtant cette course vers l’excellence qui peut conduire à la chute.

Double six, un roman à la fois sérieux et divertissant.

 

Les fleurs sauvages d’Holly Ringland

Présentation de l’éditeur :

Lorsqu’une tragédie change à jamais sa vie, la jeune Alice Hart, âgée de neuf ans, part vivre chez sa grand-mère qu’elle ne connaît pas. Quittant le bord de l’océan où elle a grandi, elle trouve refuge dans la ferme horticole de June, où celle-ci cultive des fleurs sauvages d’Australie. Au fil du temps, Alice oublie les démons du passé et apprend à perpétuer la tradition familiale en utilisant le langage des fleurs pour remplacer les mots lorsqu’ils se font trop douloureux. Mais l’histoire des Hart est hantée par de nombreux secrets que June cache à sa petite-fille. Une sorte de fatalité semble accabler les femmes de leur famille, aussi June préfère-t-elle tenir Alice à l’abri de la vérité, quitte à la tenir à distance de l’amour. Une fois adulte, révoltée par ce silence et trahie par celles qui lui sont le plus chères, Alice se rend compte qu’il y a des histoires que les fleurs seules ne peuvent raconter. Si elle veut être libre, elle doit partir et inventer l’histoire la plus importante de toutes : la sienne…

Merci aux éditions Fayard/Mazarine et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

J’ai failli ne pas rédiger cet avis, mais l’honnêteté me pousse à le faire : recevoir un partenariat, lire le livre, et ne pas rédiger l’avais me paraîtrait un peu trop facile. La version courte de cet avis est que je n’ai pas aimé, alors que tout le monde a aimé, voire a eu un coup de coeur pour ce roman. Ce ne fut pas mon cas.

Certes, les points positifs sont nombreux : le livre est bien écrit, bien construit, bien traduit. Un trio gagnant. Sauf que je n’ai pas été touchée par l’intrigue, au-delà de la première partie, celle qui nous montre Alice, enfant, orpheline. C’est un livre bien écrit qui finalement, parle peu. Oui, le langage des fleurs est présent. Oui, June, la grand-mère d’Alice, est la gardienne des traditions familiales et aime profondément sa petite-fille. A sa manière. Parce qu’elle ne va pas tenir les promesses qu’elle lui a faites, celles de lui parler, enfin, quand Alice  parlera à nouveau. Elle écrit à la place, pour le jour où le courage sera là. Oui, June aime Alice, et fait tout pour la protéger, quitte à prendre des décisions « pour son bien » qui changent définitivement le cour de sa vie, et pas seulement la sienne. June, Alice : comme June n’a jamais parlé réellement à Alice, plus tard, Alice sera incapable de lui parler à nouveau.

Dans ce roman, les femmes sont omniprésentes. Des mères en souffrance. Des femmes maltraitées. Les hommes ? Ils sont violents, maltraitants, ou bien sont relégués bien malgré eux au second plan. Oui, les femmes sont solidaires, mais, quand elles transmettent à leur fille, fille biologique ou fille de coeur, leur savoir-faire, elles échouent, à mes yeux, à lui transmettre de quoi se défendre, de quoi avoir suffisamment confiance en elles pour savoir que le problème de la violence conjugale ne vient pas d’elles.

Il est aussi question, un peu, des aborigènes, comme un contre-champ. Il est questions des femmes aborigènes, de ce qu’elles ont subi, ou, pour la jeune génération, de la culture qu’elles tentent de préserver malgré tout. Rien n’est facile.

Peut-être le dénouement du livre marque-t-il enfin une sérénité, un apaisement possible : pour que les choses avancent, il faut que les femmes osent enfin parler.