Les déplacés – vingt récits d’écrivains réfugiés

Présentation de l’éditeur :

Un collectif d’écrivains réfugiés et reconnus dans le monde écrivant sur la vie des réfugiés. Les Déplacés est une série de témoignages d’écrivains qui ont été, à un moment de leur vie, des réfugiés.

Merci à Babelio et aux éditions Massot pour ce partenariat : parmi tous mes choix de la précédente Masse critique, c’est vraiment ce livre qui me plaisait le plus.

Mon avis : 

Vingt récits d’écrivains, en comptant la préface de Viet Thanh Nguyen, connu pour son roman Le Sympathisant. Même si l’on choisit de lire, comme je l’ai fait, dans le désordre les différents témoignages, selon les connaissances que je pouvais avoir de tel ou tel écrivain, selon les affinités aussi – Marina Lewicka, dont j’avais déjà lu un roman, dont les origines ne sont pas si différentes de celle de mon père – il est indispensable à mes yeux de commencer par ce que l’on saute souvent : la préface. Il nous rappelle des faits, des évidences que l’on oublie trop souvent : Enfermer des hommes et des femmes dans un camp, c’est les punir, quand leur seul crime est de vouloir sauver leur vie et celle de leurs proches.
Aucun témoignage n’est une redite du précédent, non seulement parce que chaque cas est unique (évidence) mais parce que l’on en finit pas d’envisager les diverses conséquences d’avoir été déplacé. Prenez Chris Abani, le tout dernier témoignage. Il ne se souvient pas, il était trop petit. Cependant, il se met à la place de son frère qui a dû subir une lourde responsabilité : porter le bébé qu’il était sur des kilomètres. Il a donc une perception différente de ses enfants qu’il voit dans les reportages, à la télévision. Il n’est pas le seul à évoquer le sort des enfants, qui plus que d’autres ont dû sur-vivre, devenir des guerriers parfois, qui ont eu une enfance différente de celle de leurs aînés ou de leurs cadets. Il y a l’après aussi : le nouveau pays et l’obligation de « gratitude », ou plutôt ce qui est jugé être « l’ingratitude » du réfugié, qui devrait passer sa vie à remercier, à se montrer digne de l’accueil qu’il a reçu. (Dina Nayeri) Gratitude est d’ailleurs le titre d’un roman de Joseph Kertes. Dans son texte, il nous parle de l’espoir, mais aussi de ce (ceux) que les réfugiés laissent derrière eux. A moins d’avoir perdu toute sa famille, le réfugié laisse derrière lui des proches, qui pensent que, peut-être, plus jamais ils n’auront de ses nouvelles (voir « Quand l’histoire se répète » de Vu Tran).  Cela peut vouloir dire aussi rester, un moment, pendant que d’autres sont partis et qu’il faudra du temps pour les rejoindre.
Il n’est pas facile de lire tous ces récits, qui sont tous d’une forte charge émotionnelle. Cela ne veut pas dire que l’on tire vers le pathos, non, le but n’est pas de faire pleurer dans les chaumières, mais de rendre compte de ce que signifie être exilé, être déplacé, être loin du pays que l’on a aimé, même si les personnes qui sont en face de vous ne comprennent pas, ne veulent même pas savoir que vous avez aimé ce pays parce qu’ils ont la tête emplie de clichés sur lui.
Les déplacés est un recueil riche, prenant, qui ne peut pas laisser indifférent.

 

3 réflexions sur “Les déplacés – vingt récits d’écrivains réfugiés

  1. Beaucoup pensent trop que les gens quittent leur pays par plaisir, mais non. Certains pensent qu’ils ont la belle vie, mais non… Le jour où nous devrons prendre la route pour une raison ou pour une autre, nous saurons alors ce que d’autres ont vécu (en partie parce que chaque personne a sa propre histoire).

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