Au loin d’Hernan Diaz

Présentation de l’éditeur :

Le jeune suédois Hakan Söderström débarque en Californie, sans le sou, avec pour seul objectif de retrouver son frère Linus à New York. Il va alors entreprendre la traversée du pays à pied, remontant à contre-courant le flot des migrants qui se ruent vers l’ouest. Hakan croisera la route de personnages truculents souvent hostiles : une tenancière de saloon, un naturaliste original, des fanatiques religieux, des arnaqueurs, des criminels, des Indiens, des hommes de lois… Hakan le géant devient peu à peu un héros malgré lui. Il devra se réfugier loin des hommes, au cœur du désert, pour ne plus être étranger à lui-même et aux autres.
Merci aux éditions Delcourt, à Léa et au PicaboRiverBookClub pour ce partenariat.

Mon avis :

Pour qualifier ce livre, les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont « à l’opposé de la conquête de l’ouest », pas seulement parce que le héros semble faire le chemin à l’envers pour aller vers New York – ou pas, mais parce que le roman semble nous montrer un envers du décor, loin des portraits de pionniers héroïques.
Il faut dire aussi que le lecteur voit le récit à travers les yeux d’Hakan. Il n’est pas un Candide, non, pas longtemps, du moins. Avant de nous faire découvrir les Etats-Unis, nous découvrons la Suède telle qu’elle était au 19e siècle : une Suède appauvrie, dont les habitants ne voyaient que l’immigration comme solution pour que leurs enfants aient un avenir meilleur. C’est le choix que fait le père de Linus et Hakan pour ses deux fils. Il se trouve qu’ils vont être séparés avant d’embarquer, et que Hakan n’aura de cesse de retrouver son frère, à New York, reflet de la terre promise.
Combien de temps a duré le voyage d’Hakan ? Non celui en bateau, mais celui à travers les Etats-Unis ? Ce n’est pas facile à dire. Comme le récit de ses souvenirs est encadré par le récit de son présent, qui nous donne à voir un être devenu légendaire aux yeux de certains, nous pouvons penser qu’un certain nombre d’années s’est écoulé. Ce récit apparaît alors comme un rectificatif : l’être humain, derrière la légende.
Des rencontres, il en a faites. Il en a vu, des hommes, des femmes, des enfants. Il a croisé des êtres égoïstes, des êtres cupides – des êtres généreux aussi, de leur temps, de leur conseil. Ma tendresse particulière pour Pingo, même si sa présence est très brève – et même si ce n’est pas un être humain.
Je parlais de l’envers, oui, parce que quand on pense aux pionniers, on oublie trop souvent qu’ils avaient des femmes, des enfants, qu’ils entraînaient avec eux, à leurs risques et périls. On oublie trop souvent que la vie ne pouvait pas être « normale ». Je parle aussi de la nature, avec laquelle Hakan sera amené à passer beaucoup plus de temps qu’avec les hommes, l’observant, la détaillant, pas à la manière du naturaliste dont il a partagé la route, non, plutôt à la manière d’un homme qui doit vivre avec et grâce à elle – se rendant compte, d’ailleurs, qu’il n’est pas (souvent) de champs cultivés. Être un migrant, c’est encore être un nomade, sans prendre le temps de se poser pour construire véritablement. C’est aller, toujours d’un endroit à un autre. Même dans cette nation « neuve », le fanatisme religieux est déjà présent. Pourquoi les hommes changeraient-ils parce qu’ils sont sur un nouveau continent ?
Au loin est un livre très riche, à lire et à explorer.

 

12 réflexions sur “Au loin d’Hernan Diaz

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