Et ne jamais la laisser partir d’Ann Rule

51PG0SHYSRL._Présentation de l’œuvre :

En juin 1996, à Wilmington (Delaware), une jeune femme disparaît inexplicablement. Proche collaboratrice du gouverneur de l’État, fiancée à un homme qui l’aimait, très entourée par sa famille et ses amis, Anne-Marie n’avait apparemment aucune raison de fuir. Enquêteurs et hommes de loi vont fouiller sa vie en tous sens avant d’établir les raisons et les circonstances de sa mort. Comme elle l’a déjà fait dans Si tu m’aimais vraiment, Ann Rule a rencontré l’un après l’autre les proches d’Anne-Marie Fahey, les témoins de l’affaire, les policiers, les avocats, les juges. Elle reconstitue minutieusement cette histoire vécue, au fil d’un récit oppressant, aussi captivant que le meilleur des thrillers psychologiques.

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Mon avis :

Le Delaware est-il un état si peu connu, même du lectorat américain, pour qu’Ann Rule rédige presque un documentaire sur l’historie de cet état ? Vous saurez donc ainsi qu’il est le premier état de l’union – et bien d’autres informations encore.

Je ne doute pas que cette auteur ait des fans, cependant je ne me fais pas à son style d’écriture, plus proche du reportage ou de l’émission à sensation que du récit – en un mot, plat. La différence avec une enquête est l’absence d’impartialité – les commentaires, le choix des termes orientent immédiatement le jugement du lecteur, pas seulement pour prendre le parti de la victime, mais pour absoudre certains protagonistes. L’auteure pardonne l’alcoolisme du père d’Anne-Marie – il avait perdu sa femme, peu importe qu’il gâche la vie de ses six enfants. J’emploie le verbe « pardonner » à dessein, car la religion catholique a une très grande importance dans ce récit (dont le dénouement a eu lieu en 2011, soit douze ans après l’écriture du texte, par la mort naturelle de Tom Capano) et régit la vie des protagonistes. L’auteur analyse les sentiments, le ressenti, ce qui a conduit Anne-Marie à devenir une femme si peu sûre d’elle, entourée, mais n’ayant personne à qui se confier, à la vie sentimentale désastreuse. Son tort ? Avoir croisé la route d’un manipulateur hors pair, d’un pervers narcissique, intelligent et organisé.

Je pourrai arguer également que ce crime montre l’affrontement de deux communautés, solidement implantées dans l’état du Delaware – les irlandais et les italiens – si ce n’est que ce crime n’a rien à voir avec les origines des uns et des autres. Il montre deux clans soudés pour soutenir les siens. L’union a fait la force des Fahey, elle ne fut pas suffisante pour les Capano.

Reste le procès, qui contient les meilleures pages du livres. Il est dommage que les commentaires de l’auteur gâchent parfois le texte brut, en portant un jugement sur ce qui a été dit – comme si le lecteur n’était pas capable de repérer à quel moment l’affaire prenait un tournant décisif.

Je ne vous cacherai pas que j’ai lu mieux : De sang-froid de Truman Capote.

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10 réflexions sur “Et ne jamais la laisser partir d’Ann Rule

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    • Son côté moralisateur, sa reconstitution bien trop minutieuse – et le fait que les deux n’aillent pas ensemble – font que je n’ai pas envie de lire le roman d’Ann Rule que l’on m’a offert.
      Bonne semaine à toi aussi.

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