Mort sur le Nil d’Agatha Christie

Nil

Quatrième de couverture :

La riche et séduisante Linnet Ridgeway part en Egypte en voyage de noces avec son mari, Mr Doyle. Rejoints par des amis et Hercule Poirot, le séjour semble s’annoncer sous les meilleurs auspices. Jusqu’au moment où Linnet est retrouvée assassinée. Les crimes mystérieux se succèdent et il faudra toute la perspicacité du célèbre détective pour confondre le coupable.
Mon avis :
J’ai presque des scrupules à vous présenter cet avis, car ce n’est pas une lecture, ni une relecture, mais plutôt une re-relecture – autant dire que je connais l’oeuvre. Mon souci viendrait plutôt d’avoir lu des avis sur cette oeuvre sur Babelio et de me laisser influencer par eux, car ils proposent une interprétation très différente de la mienne.
Linnet Ridgeway est un personnage à la croisée des chemins, entre l’héroïne du Train bleu et celle de Pourquoi pas Evans ? Elle est une fille de bonne famille, elle gère elle-même ses biens, ou du moins veille attentivement à ce que son tuteur ne fasse pas n’importe quoi (elle lit avant de signer les papiers qu’on lui donne !). Elle pourrait espérer un beau mariage, et pourtant, elle choisit le pauvre Mr Doyle. Elle n’est pas la seule à faire un maraige en dessous de son rang, pensons à lady Frances qui s’encanaille, dans Pourquoi pas Evans ? avec le quatrième fils du pasteur . Seulement, lady Frances est une jeune femme d’aujourd’hui, courageuse, volontaire, comme Tuppence Beresford, prête à l’aventure, mais pas à n’importe quel prix. Linnet, elle, n’est pas habitué à ce qu’on lui résiste, et de fait, personne ne le peut. Machiavélique, Linnet ? Oui, car elle connait ses atouts, et ce ne sont pas seulement sa beauté et son intelligence, ce sont avant tout sa fortune et la vie facile qu’elle permet de mener. En fait, il manque à Linnet les qualités de coeur qui ferait d’elle une grande héroïne d’Agatha Christie, et non une victime.
Dans un autre roman, Hercule Poirot disait que ce sont les défauts des victimes qui causent en partie leur mort. Ici, l’égoïsme, l’impatience, et aussi une pointe d’hypocrisie complètent le portrait de la si charmante Linnet, surtout quand elle vient se plaindre à papa Poirot. Ce n’est pas très beau d’arranger la vérité à sa manière, et sûrement, si le temps avait passé, cette version serait devenue la bonne. Le meurtrier ne lui en a pas laissé l’opportunité.
Heureusement, Poirot est là, même si ses vacances sont, une fois de plus, complètement bousillées. Faisant d’une pierre plusieurs coups, il résoudra non seulement le meurtre de Linnet, tout machiavélique qu’ait été le plan, et une autre affaire, moins sanglantes, certes, avec un dénouement plus heureux à l’horizon, mais tout de même bien problématique. Comme si un meurtre ne suffisait pas, deux autres suivront – il n’y a que le premier meurtre qui compte. L’honnêteté ne paie pas toujours – la malhonnêteté non plus.
Je conseillerai fortement à Poirot, après ce voyage, de refaire une autre croisière – en solitaire. Les risques de meurtre sont alors moindres.
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11 réflexions sur “Mort sur le Nil d’Agatha Christie

    • Effectivement, il fait tout un parcours du Crime de L’orient express à Meurtre en Mésopotamie, en passant par Rendez-vous avec la mort. Un peu de dépaysement pour le plus célèbre des détectives belges.

    • Comme je n’aime pas la chaleur, je pense que j’irai plutôt en voyage de noces… en Normandie. Sinon, c’est vrai que ce serait un peu gênant d’y penser, un coup à vérifier l’absence de détective belge à bord 😉

  1. Bien sûr il est dans ma PAL à rererelire…. Je l’ai bien aimé mais il n’est pas mon preféré. Tu en parles pourtant très bien en étudiant le personnage sous un angle plus aigu ce qui donne un souffle différent à la lecture même en rererelecture.
    avec le sourire

    • Merci Lilousoleil. Je me suis volontairement axée sur Linnet, car trop souvent pour ce roman, les avis sont axés sur le meurtrier (certes brillamment caché par Agatha Christie), plutôt que sur la personnalité de Linnet, une création originale dans l’oeuvre d’Agatha CHristie, et non, comme je l’ai lu, la preuve qu’il ne faut pas faire de mésalliance, ou être trop indépendante. Voir Tuppence Beresford !

  2. Pingback: Challenge Agatha Christie : Un Bilan |

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