édition Albin Michel – 236 pages.
Présentation de l’éditeur :
À peine débarqué dans leur affreux van à Lochdubh, Sean et Cheryl, un couple de routards un peu fêlé, inquiète la population du village. Et pour cause : du jour au lendemain, les sermons du prêtre deviennent apocalyptiques ; le cabinet du médecin est dévalisé ; l’argent disparaît ; les voisins, autrefois amis, veulent s’entretuer… Il y a décidément quelque chose de pourri au royaume de Lochdubh ! Quand Sean est retrouvé le crâne défoncé, la guerre menace vraiment. Pour rétablir la paix dans les foyers, Hamish, épaulé par Priscilla, tente le tout pour le tout…
Mon avis :
Voici le tome 9 des aventures d’Hamish MacBeth. Il est court (236 pages) et je l’ai lu en deux heures, à peu près (oui, lire un livre presque d’une traite ne m’arrive quasiment jamais). Ce n’est pas que le livre était particulièrement prenant, c’est plutôt que j’avais hâte de voir comment tout allait se terminer, et si la recette déjà utilisée dans les tomes précédents allait à nouveau être utilisée.
La nouveauté, c’est qu’Hamish a été promu au rang de sergent. La mauvaise nouvelle est qu’il est totalement imbuvable avec Willie, son subordonnée. Il faut attendre la moitié du livre, au moins, pour qu’il se dise « je ne suis pas très gentil avec lui » et qu’il se décide à lui parler avec gentillesse. Willie n’est pas un bon flic ? Il ne serait pas le premier, j’ai quelques noms en tête dans cette série. Il passe beaucoup de temps à tenter de séduire la belle Lucia ? Il faut dire aussi qu’Hamish ne se comporte pas toujours comme le sergent qu’il devrait être vis à vis de son subordonné.
Comme souvent, dans les aventures d’Hamish Macbeth (cela fonctionne aussi pour les enquêtes d’Agatha Raisin), le problème ne vient pas du village en lui-même, mais de deux étrangers qui viennent s’installer dans le village. Sean et Cheryl sont des voyageurs, c’est à dire des personnes qui ont adopté le mode de vie des Roms sans en être eux-mêmes. Ils recueillent en général la sympathie des villages qu’ils traversent. Seulement voilà : ils sont bien décidés à rester un certain temps, et Cheryl a un vocabulaire des plus fleuris, à croire même qu’elle ne peut s’exprimer sans dire de jurons. Peu à peu, la vie des villageois s’en trouve bouleversée. Le pasteur attire du monde par ses sermons – si ses paroissiens savaient quel dilemme est le sien. Angela, qui a repris ses études, ne va pas fort. Même les soeurs Jessie et Nessie veulent quitter le village ! Hamish y voit l’influence empoisonné de Sean, qui est même comparé au démon qui hantait les contes écossais d’autrefois.
Et si le problème était autre ? Oui, bien sûr, en tant que lectrice extérieure à ce petit monde étouffant du village, je vois avant tout trois femmes qui se sentent très seules, trois femmes qui ne peuvent se confier à personne et qui ne se confient même pas, ou si peu, entre elles, comme si seul leur statut – femme de pasteur, femme de médecin, vieilles filles, membres honorables d’une association locale – comptait. Elles sont également prisonnières financièrement – faire compte commun est peut-être très bien, si ce n’est qu’elles ne peuvent disposer d’aucune somme d’argent sans que leur mari ne soit au courant. Il est des personnes qui trouvent cela merveilleux. Pour ma part, je trouve surtout que ce n’est pas pratique du tout !
De l’autre côté, nous trouvons Lucia, nouvellement arrivée dans le village. Elle travaille dans le restaurant de son oncle, et elle n’est autorisée à sortir avec un jeune homme qu’à des conditions d’une sévérité drastique, digne de ce que l’on attend d’une toute jeune adolescente, non d’une femme adulte. J’ajoute cependant qu’elle en joue également – arguer de la sévérité de son oncle est pratique pour repousser un prétendant trop entreprenant. Elle et ses mains rougies à force de frotter le sol, à force de nettoyer, sait ce qu’elle veut dans la vie, un homme qui ne l’épousera pas parce qu’elle sera une femme de ménage gratuite. Force est de constater que c’est ainsi que la plupart des hommes qu’elle rencontre considèrent les femmes ainsi et ne voient pas du tout où est le problème. En 2021, certains ne le voient toujours pas, et trouvent « normal » que la femme fasse tout. Lucia trouvera-t-elle la perle rare ? Elle congédie en tout cas sans soucis tous les autres.
Oui, l’enquête sera résolue – forcément. Mais, à y regarder de plus près, la vie dans le petit village n’est pas si paisible que cela. Hamish est sollicité très souvent pour des problèmes parfois très graves, comme lorsqu’il doit secourir Roderick, petit garçon en péril. Hamish découvre aussi que le monde a évolué, et qu’un cabaret transformiste peut ouvrir dans une ville, non loin, sans que les habitants en soient choqué. Ils lui font même plutôt bon accueil. Hamish évoque aussi les personnes qui vivent grâce à l’aide social, et qui sont plutôt bien acceptés, finalement – sauf à se faire remarquer par des dépenses disproportionnées.
Les enquêtes d’Hamish Macbeth sont avant tout le récit de ce qui peut se passer dans un petit village qui semble presque coupé du monde, en tout cas coupé de la modernité.
Il faut vraiment que je me décide à lire cette série ! Mais je n’ai pas encore fini les Agatha Raisin !
Je la trouve moins bien, et j’avais dit que je l’arrêterai, parce que le tome 8 n’est vraiment pas terrible. Si je la continue, c’est pour prêter les tomes à l’une de mes amies. Courage, plus que 21 tomes.
Ah mince ! Oh, je verrai bien, si ça ne me plaît pas, je n’en lirai pas un 2ème.
Les quatre premiers, cela va encore. J’ai vraiment eu du mal avec le tome 8, et je n’ai même pas chroniqué le 7.
C’est un peu le problème de ces séries, il y a trop de livres donc ça s’essouffle vite.
Là, elle s’est vraiment essoufflée très vite…. Impression que je n’ai jamais eu avec eu avec Maigret, par exemple.
C’est vrai, Maigret arrivait toujours à se renouveler, comme Agatha Christie.
Oui ! Je pense à Ian Rankin aussi, ou Gunnar Staalesen, qui font évoluer leurs personnages dans le temps – ce n’est pas le cas des personnages de M.C. Beaton, qui ne vieillissent pas, ne changent pas.
Je n’ai pas lu de bouquins de ces auteurs (oui, je sais, c’est la honte !) mais c’est intéressant, effectivement, s’ils font évoluer leurs personnages.
Mais non, ce n’est pas la honte. Il est tellement d’auteurs qu’il faudrait plusieurs vies pour tous les découvrir !
Oui, ils les font évoluer, on accompagne John Rebus jusqu’à la retraite – il reprend du service très vite pour les « affaires non classées ». Quant au héros de Gunnar Staalesen, Varg Veum, il suit l’évolution de la société norvégienne. Il subira de nombreux coups durs, peinera à s’en remettre, un personnage profondément humain.
Oui, c’est aussi ce que je me dis pour me consoler.
Je me note ces deux auteurs !
Je t’en prie ! Staalesen est un peu « dur » parce que son policier s’occupe de l’enfance maltraité – et j’ai trouvé que c’était très réaliste.
Oh, ça m’intéresse encore plus !
J’ai envie de dire « tant mieux ». Je pense être à jour ou presque, pour les deux enquêteurs.
😄
Le mieux, c’est un compte commun pour les dépenses du ménage et puis, chacun garde son compte et fait ce qui lui plait, plait, plait ♫
Non, pas tentée par Hamish 🙂
Oui, c’est certain, mais visiblement, certains ne sont pas au courant qu’il est possible de vivre ainsi.
Je te comprends. J’ai même oublié de chroniquer un des tomes (et oublié un tome que j’ai pourtant chroniqué).
Je pense que certaines femmes ont peur de la réaction de leur mari « quoi ? tu ne me fais pas confiance ? » et boum, comme elles ont confiance, elles mettent tout en commun. J’ai confiance en mon mari, mais on ne sait pas de quoi demain sera fait et merde, malgré les frais exorbitant de ces enculés de banquiers, j’ai mon compte perso toujours 🙂
Je pense aussi ! Je pense aussi que certaines ont du mal à prendre leur distance avec l’éducation qu’elles ont reçue, avec l’homme, chef de famille, qui a forcément raison et est plus compétent. Bien sûr, avoir confiance et ne pas savoir de quoi demain sera fait sont compatibles !
Parfois, pour ne pas avoir de problèmes, elles font « oui oui »…
Oui, cela arrive aussi, malheureusement.
La vie n’est jamais binaire, elle n’est ni blanche, ni noire mais une succession de nuances de gris et il faut savoir où poser les pieds, faire des concessions à un endroit et pas à un autre… Ou alors, tout accepter parce que c’est plus facile…
Certains choisissent la facilité parce que c’est tellement plus simple. Puis, s’il y a un problème, ce n’est pas de leur faute non plus – puisque c’est l’autre qui a pris la décision.
Toujours la faute des autres ! J’en connais un ainsi et quand il se prend un retour de manivelle dans la gueule, il ne comprend pas que c’est ce qu’il a fait un jour aux autres qui lui arrive droit dans la gueule…
Malheureusement, oui. Non, certains ne comprennent pas, ce serait trop long à leur expliquer !
Ils en veulent pas comprendre !
Tome 9, déjà !!! Comme Agatha Raisin, je n’ai lu que les 2 premiers tomes, ça m’a plu mais je ne sais pas si j’ai envie de tout lire…
En fait, le dixième est paru aussi. Il faut juste que je le lise et le chronique.
Je n’ai pas non plus cette série mais elle me donne grandement envie.
Comme pour Agatha Raisin, certains tomes sont nettement meilleurs que d’autres.
J’ai le premier tome d’Agatha Raisin. Je vais tenter pendant les vacances.
Le premier tome a inspiré plusieurs auteurs depuis. C’est fou le nombre de plats empoisonnés que l’on trouve dans les cosy mystery (quiche, tourte, confiture, cannelés….).
Oui c’est un peu la mode comme dans Agatha raisin.
Oui ! Pourtant, les empoisonnements existaient bien avant Agatha Raisin (voir Agatha Christie et Georges Simenon).
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