Archive | 31 juillet 2021

Combattre pour être soi de Clarisse Agbégnénou

édition Rageot – 160 pages

Présentation de l’éditeur :

Judokate mondialement connue, Clarisse Agbégnénou nous raconte ici sa jeunesse jusqu’à son premier titre mondial, à 21 ans. De sa naissance à son entrée au club d’Asnières à 9 ans, nous la suivons au sein de sa famille. Jugée turbulente par ses enseignants, elle choisit de faire du judo pour canaliser son énergie. Remarquée pour ses qualités athlétiques, elle brûle les étapes pour obtenir ses ceintures et survole ses concurrentes dans toutes les compétitions. Dès 14 ans, Clarisse entre au Pôle France d’Orléans, antichambre de l’INSEP qu’elle intègre trois ans plus tard. Elle devient championne d’Europe dans la foulée ! C’est le début d’une incroyable réussite à la fois sportive et humaine…

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance;

Mon avis :

Petit avertissement simple : je ne suis pas sportive, je ne connais que peu de choses au judo, même si l’un de mes cousins a pratiqué ce sport pendant de longues années. Cela ne m’a pas empêché d’aimer la lecture de ce livre, qui ne s’adresse pas qu’aux sportifs et qui, surtout nous parle avant tout d’être soi, d’oser être soi, et non de rentrer dans la norme.

Clarisse Agbegnenou retrace son parcours, de sa naissance prématurée à son premier titre mondial. Chaque chapitre représente une étape et se clôt par un bilan, par des conseils, bref, par la volonté d’aider son lecteur à trouver sa voie. La première clé est de prendre du plaisir, quel que soit l’activité pratiquée. C’est une notion qui est trop facilement oubliée par, eh bien par les adultes (pas tous, heureusement) comme si une activité n’avait de valeurs que parce qu’elle faisait souffrir. La seconde clé, c’est la persévérance, se souvenir de ce que l’on veut vraiment. Oui, il faut faire des choix, et certains ne sont pas faciles, certains ne seront pas compris par les amis, voire par le petit ami. Et cela nous emmène vers ce que j’ai appelé la troisième clé : être bien entouré(e). Oui, j’ai l’impression d’enfoncer une porte ouverte, mais combien de petits amis ne sont pas prêts à passer après la passion de leurs petites amies ? Très peu. C’est très souvent la jeune fille qui est obligée de se sacrifier pour le jeune homme, parce que celui-ci (et beaucoup de personnes avec lui) pensent que les passions d’un garçon valent plus que celles d’une fille. J’ajoute, pour ceux qui sont « fleur bleue », qu’il en est qui pense que l’amour vaut tous les sacrifices. Justement : si l’on aime une personne, on est heureux de la voir s’épanouir dans une discipline qu’elle aime.

Il est d’autres sujets tout aussi importants qui sont abordés dans ce livre : le racisme, le rapport au poids et à la nourriture. « Si un jour, j’ai un enfant, je ne lui mettrai jamais la pression sur son poids. Heureusement que je suis bien entourée, mais j’ai vu des filles s’affamer pour être dans la catégorie inférieure… Les adultes ne se rendent pas compte du poids de leurs paroles…  » Ses phrases ont résonné en moi, parce qu’il est important de rappeler aux filles (oui, toujours elles) que leur valeur ne dépend pas d’un chiffre sur une balance.

N’allez pas croire cependant que le livre soit rébarbatif à lire, bien au contraire. Ce récit est au contraire très positif, montrant comment persévérer, surmonter les obstacles, non pour rentrer dans la norme, mais pour être véritablement soi.

 

Léon et Gustave. Au cœur de la mine par Sophie de Mullenheim

Présentation de l’éditeur :

Léon va bientôt avoir douze ans. Il est fils et petit-fils de mineur. Pour lui, l’avenir est tout tracé : il sera mineur. Mais Léon va à l’école et, contrairement à ses parents et grands-parents, il sait lire et écrire. Il lit beaucoup d’ailleurs : les livres que lui prête son instituteur et le journal dans lequel il suit avec passion l’avancée des travaux de la Tour Eiffel. A mesure que l’immense tour s’élève, le rêve de Léon grandit : il veut devenir apprenti dans les ateliers du grand Gustave Eiffel. Il veut construire des tours, des ponts, des bâtiments… La famille de Léon, pourtant, est loin de partager son enthousiasme. Plus vite le garçon travaillera à la mine et plus vite il rapportera des sous à la maison.

Mon avis  :

La lecture de ce roman fut difficile, presque un roman dont j’ai regretté d’avoir sollicité le partenariat. Oui, cela peut sembler un peu dur à dire je le sais, mais je pensais, j’espérais apprécier davantage cette lecture. On ne refait pas le passé, on ne peut guère changer les choses. Je ne peux non plus changer mon parcours de lectrice, celle qui à 13 ans avait déjà lu Germinal. Léon a des rêves, il a brillamment réussi le certificat d’études, mais il ne pourra pas faire d’études, parce que son père en a décidé autrement. Il est toujours bon de rappeler que les enfants cessaient d’être des enfants à douze ans (au mieux) et allaient travailler dans les mêmes conditions que les adultes, que leur salaire était pour leurs parents, pour aider la famille à vivre. Léon rêve, cependant, un peu, mais la vie à la mine se charge d’étouffer ses rêves. Il est ami avec Marie, qui travaille elle aussi à la mine. Pour ceux qui font mine que le travail des femmes est récent, il est bon de rappeler que les femmes ont travaillé de tout temps, y compris quand elles étaient enceintes. Ainsi, Minette est née dans la mine, d’où son prénom, parce que sa mère, hercheuse, n’a pas eu le temps de remonter à la surface pour accoucher – ce qui signifie, pour ceux qui n’auraient pas compris l’horreur de la situation, que des femmes enceintes poussaient des berlines pleines de charbon. Minette a la poitrine faible, sans doute parce qu’elle a respiré de la poussière de charbon à la naissance. C’est le seul point positif : elle ne peut travailler sous terre, elle travaille à la lampisterie. Même l’amitié entre Cachou, la jument, et Léon n’est pas pour moi un événement heureux, puisque Cachou descend à son tour – et le fait qu’elle soit désormais avec Léon ne me fait pas oublier quelle fin attend les chevaux au fond des mines.
Je reconnais que le monde de la mine, exact opposé du monde de Gustave Eiffel, est très bien décrit. Cependant, je ne suis pas sûre d’avoir envie de partager ce livre avec mes élèves.