Archive | 25 février 2021

Dans l’ombre du loup d’Olivier Merle

Présentation de l’éditeur :

A Rennes, l’officier de police Hubert Grimm affronte une affaire obsédante : un notable, M. Kerdegat, personnage désagréable et méprisant, reçoit coups de téléphone et lettres anonymes. Il y a aussi cet homme en scooter qui semble traquer les moindres faits et gestes du chef d’entreprise.
Jusqu’au jour où l’employée de maison des Kerdegat tombe, devant la demeure familiale, sur un corps découpé en
morceaux. La tête du cadavre est introuvable…
Cette fois, l’enquête prend un tour terrifiant. Hubert Grimm découvre les ramifications de ce qui n’était, au départ, qu’une sale histoire de corbeau : un club sadomasochiste, des messages codés, des mises en scène morbides. Et une famille décimée.
Parfois, une seule affaire peut terrifier une ville entière.

Merci aux éditions Xo et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Voici un policier atypique. Je parle d’abord du commandant Hubert Grimm – un nom de famille de contes de fée (elle était facile, je l’ai faite, ne me remerciez pas). A une lettre près, cela donne aussi « crime », et certains ne se privent pas pour commettre le lapsus. Il a une vie sentimentale qui l’a forcé à quitter son précédent poste pour Rennes – huit cents kilomètres, parfois, ce n’est pas suffisant. Il est aussi, et c’est à ma connaissance le premier policier que je lis ainsi, obsédé par le réchauffement climatique, au point de ne lire que des livres qui parlent de catastrophes écologiques. Il est toujours, constamment, éminemment pessimiste. Cependant, il est obligé de consulter une psy, à la suite, justement, de ce qui l’a forcé à quitter Montpellier. Le lecteur saura beaucoup de choses sur lui, personnelles, intimes, bien plus que ses propres hommes, qui doivent faire avec ses sautes d’humeurs. Il n’empêche : Hubert Grimm aime enquêter, et ne se sent véritablement bien qu’en plein coeur d’une enquête.
Celle qu’on lui confie de prime abord n’a pourtant pas de quoi être réjouissante. Elle est même plutôt du genre à faire rentrer dans les rangs. On envoie des lettres anonymes à un notable. Le but ? Trouver l’auteur en faisant le moins de vague possible. Ne faire que ce qui est nécessaire et faire cesser ces importunités. cela le gène aux entournures, Grimm, de ne pas avoir les coudées franches. Va-t-il prendre quelques libertés ? Oui, tout en restant dans le cadre de ce qu’aurait pu être l’enquête si Yann Kergedat n’était pas un notable dont il ne fallait pas déranger la vie privée. Elle se retrouvera bien dérangée toute seule quand un corps découpé en morceaux est livré devant chez lui.
C’est fou ce qu’être un homme connu peut entraver le cours d’une enquête. Pas de vague est le mot d’ordres, le mensonge aussi, et, au cours de l’enquête, la ténacité des enquêteurs, leur sens de l’observation les aideront énormément. Les enquêteurs de Grimm ne comptent pas leurs heures, sacrifiant parfois leur vie privée, comme Ermeline, la seule femme du groupe.
Dans l’ombre du loup est un polar très prenant. J’ai vraiment eu envie de progresser le plus possible dans la lecture pour connaître les développements de l’enquête, pour suivre les différents rebondissements. La justice prend cher parfois, au sens large du terme. Comme le dit l’un des personnages les plus singuliers de ce récit, ce n’est pas la vérité qu’ont cherché les policiers, mais un coupable, s’arrêtant à la première personne qui remplissait toutes les conditions requises. Grimm, finalement, n’a fait que respecter les procédures – et de voir à quel point elles peuvent être lourdes, et retarder certains actes. A force de voir, de lire des enquêtes où les policiers-têtes brûlées se moquent des procédures à suivre, on en vient à oublier qu’elles existent, et qu’elles ont aussi une raison d’être.
Je me suis questionnée aussi sur le thème de la paternité, de la famille qui sous-tend le roman. Pourquoi a-t-on des enfants ? Comment les accueille-t-on, les élève-t-on ? Je ne parle pas seulement des interrogations de Grimm sur l’avenir de la planète (quoique), je parle aussi du fait de préparer ses enfants à l’avenir – et de ce que certains appellent les protéger.
Alors oui, j’ai aimé ce livre, même si certaines scènes m’ont déplu, c’est ainsi. Cependant, il est suffisamment de personnages attachants, étonnants dans cette œuvre pour que les quelques scènes que j’ai peu appréciées soient un détail secondaire.

La maison de la falaise de Marcel Priollet

édition Oxymoron – 57 pages

Présentation de l’éditeur :

L’été, sur les plages normandes, la jeunesse est confrontée aux premiers émois. Mais Marcel Langevin, lui, n’a plus la tête aux filles de son âge. Il est hanté par une terrible et dramatique histoire s’étant déroulée dans une villa abandonnée qu’il a découverte, un jour, en se promenant au bord de la falaise. Trente ans auparavant, la femme d’un vieil Anglais a été retrouvée morte après y avoir vécu quasiment séquestrée à cause de la jalousie excessive de son mari. Marcel ne cesse, depuis, de penser à cette malheureuse. Il sent grandir en lui un sentiment profond. Il doit se rendre dans la demeure afin d’en connaître plus sur elle… Aussi, quand Marcel ne donne plus signe de vie à ses amis, ceux-ci sont persuadés que cette disparition est liée à la maison de la falaise… M. Langevin, apprenant que le célèbre détective Sébastien RENARD réside dans le même hôtel que lui, décide de faire appel à ses services…

Mon avis :

Je n’ai qu’un mot à dire : vous pouvez passer votre chemin sans problème. On me répondra peut-être que cela ne se fait pas d’être si brève. Si, si, je vais développer, mais je préfère avertir tout de suite : ce n’est pas la meilleure nouvelle policière qui m’ait été donnée de lire.
Le détective Sébastien Renard a fait ses débuts dans Cinq hommes tatoués qui n’était pas nécessairement une nouvelle inoubliable non plus. Là, c’est pire : le format court n’a pas permis à l’auteur, du moins, c’est ce que je pense, de déployer totalement cette intrigue policière.
Elle commençait comme un grand classique : le détective est en vacances. Surtout, il tient à y rester, et ne veut absolument pas s’occuper de l’étrange affaire qui lui « tombe » dessus. Non, pas question. Et tant pis pour les conséquences : il y aura mort d’homme. Pardon de l’expression, mais pour un brillant détective « cela la fout mal ». Imagine-t-on Hercule Poirot ou Sherlock Holmes ne pas lever le petit doigt pour empêcher un meurtre de survenir ? Non, bien sûr, l’un comme l’autre aurait tout tenté pour l’empêcher Lisez les vacances d’Hercule Poirot en cas de doute ! Quant à Sherlock, il ne supporte guère l’inactivité.
Alors, oui, l’on a des ingrédients intéressants. Il aurait simplement fallu que quelqu’un pense à les cuisiner pour faire une recette présentable. Il ne suffit pas d’aligner une maison soi-disant hantée, une jeune femme séquestrée puis décédée trente ans plus tôt, l’apparition d’une fantôme, et deux morts mystérieuses, qui trouveront une explication bien prosaïque pour faire une nouvelle policière prenante.