Archive | 6 février 2021

Jolies filles de Robert Bryndza

édition Belfond – 392 pages

Présentation de l’éditeur :

Le corps d’une ravissante jeune femme vient d’être découvert, à demi-nu et lacéré de blessures mortelles, dans une benne à ordures de la banlieue londonienne. Arrivée sur place avec son amant et ex-coéquipier, l’agent Peterson, l’inspectrice Erika Foster est sous le coup d’une double émotion : la révolte face à cette épouvantable scène de crime et la frustration. Car officiant désormais à la brigade des stup, elle n’est pas censée s’occuper de cette affaire… Mais impossible pour la flic de rester sur la touche.

Mon avis :

Le premier atout de cette série ? Le personnage d’Erika Foster, une enquêtrice tout sauf simple, une enquêtrice dotée de mémoire, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les personnages de policier. Oui, Erika n’oublie pas, elle n’oublie pas la mort de son mari et de trois de ses hommes alors qu’ils étaient sous son commandement, elle n’oublie pas les promotions qu’elle n’a pas obtenu. Se remettre en cause ? Oui, parfois. Erika n’est pas parfaite, elle connait sa valeur d’enquêtrice et entend bien la mettre en avant pour obtenir ce qu’elle veut, et ce qu’elle veut, ce n’est certainement pas rester dans un placard pour rédiger des rapports et autres enquêtes statistiques, ce qu’elle veut, c’est enquêter sur des meurtres, et plus particulièrement sur ce qu’elle pressent être une nouvelle affaire de tueur en série. Que fera-t-elle pour parvenir à ses fins ? Ravaler son orgueil, et demander l’accord de celui qui est tout de même son ennemi juré au sein de la police – ou peu s’en faut qu’il n’emporte ce titre. Ce qu’Erika oublie ? A force de se comporter un peu comme un bulldozer, elle qui a dû se construire seule, en Angleterre, loin de son pays et de sa famille, c’est que ses interlocuteurs, ses collègues ont des sensibilités, des susceptibilités, et une vie personnelle. Ou comment se rendre compte que, mis à part son cercle de très proches, Erika ne connaît quasiment personne et peine à s’ouvrir à d’autres. Il ne s’agit pas de faire son deuil, il s’agit de s’ouvrir à la vie.
Il s’agit aussi de mener une enquête, de sauver celles qui peuvent encore l’être : arrêter un tueur en série, c’est aussi l’empêcher de faire de futures victimes. C’est aussi faire avec le peu d’indices que l’on a, avec les témoignages, pas très nombreux non plus. C’est constater que certaines victimes ne laissent rien derrière elles, parce qu’elles ont été seules toute leur vie. C’est faire, aussi, avec les clichés sexistes, qui continuent à avoir la belle vie. Une jeune femme veut forcément séduire, elle ne pense qu’à faire la fête. Une femme ne peut pas aimer une autre femme. Une femme doit accepter de sortir avec un homme s’il est « bien », s’il est « gentil » – ou, vous l’aurez compris, s’il se juge tel. Un homme doit avoir un vrai travail, c’est à dire un travail de force, physique. Il peut se permettre d’être un peu violent avec les femmes, ou avec les hommes qui ne sont pas aussi virils que lui.
La police doit aussi faire avec cette nouvelle composante, les réseaux sociaux. Peu importe ce que dira la police, une vidéo postée et commentée un millier de fois aura plus de poids. De même, les gens partagent indéfiniment sur les réseaux sociaux, sans se soucier de ce que partager signifie réellement, et des dangers qui peuvent survenir. Internet devient alors un outil de recherches comme les autres pour les enquêteurs et les criminels.
Si j’ai un peu moins aimé ce livre que le précédent, je dois dire cependant dire que certains chapitres sont particulièrement prenants. Il en est qui sont drôles aussi (mention spéciale pour une charmante chatonne blanche).

Je terminerai par quelques citations :
« Peu importe depuis combien de temps tu aimes quelqu’un. Ça ne veut pas dire qu’il te manquera moins s’il disparaît. « 
« J’autopsie des gens tous les jours, et il y en a tellement qui avaient toute la vie devant eux. Je suis sûr qu’au moment de mourir ils ont regretté de ne pas avoir fait les choses autrement, de ne pas avoir été plus ouverts, de ne pas avoir aimé davantage au lieu de se stresser en permanence. Va voir James. Demain, ça pourrait être toi sur une de ces tables. »