Coup de vent de Mark Haskell Smith

Présentation de l’éditeur :

À quoi sert d’avoir dix millions de dollars en devises variées si, comme Neal Nathanson, on se trouve perdu en mer à bord d’un voilier en train de sombrer ? Strictement à rien, sauf à en brûler un sac ou deux dans l’espoir fou d’attirer l’attention. Sauvé in extremis, Neal se réveille attaché au garde-fou d’une navigatrice en solitaire, méfiante et bien décidée à entendre son histoire. Neal lui parle alors de Bryan, un jeune loup de Wall Street qui a réussi à détourner un magot conséquent avant de s’enfuir dans les Caraïbes. Bien sûr, la banque qui l’employait a lancé des enquêteurs à sa poursuite, avant que les clients spoliés ne s’aperçoivent (enfin) que les traders sont des voleurs. C’est ainsi que Neal, accompagnée d’une pro de la finance, la très douée Seo-yun, s’est retrouvé en charge de récupérer l’argent. Simplement, il n’était pas le seul. Coup de vent est une folle course-poursuite sanglante dans les Caraïbes, aux rebondissements multiples et à l’humour féroce.

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Gallmeister et le Picabo River book club pour ce partenariat.

Et si l’on commençait par la fin ? Au début du livre, nous découvrons Neal, l’un des protagonistes de ce récit qui se retrouve sur un bateau, seul, en mer. Nous allons découvrir comment ce geek gay (autant le définir tout de suite) en est arrivé là.

Ceci est l’histoire d’un hold-up, le hold-up de Bryan, un hold-up moderne, ou presque, sans besoin de sortir un revolver et de le braquer sur un caissier, un hold-up discrètement lucratif, là où d’autres prédécesseurs célèbres ont subtilisé bien que la somme, pourtant conséquente, dérobée.

Il ne s’agit pas tant de poursuivre le voleur, de l’arrêter, de le conduire en prison que de récupérer l’argent. Jeu de pistes à travers les traces que l’on peut laisser sur la toile ou dans le monde réel. Disparaître ne semble plus possible, dans notre monde actuel, même si l’on dispose d’argent.

Ce livre nous interroge aussi sur l’identité. Qui est-on vraiment ? Par quoi, par qui est-on défini ? Même dans le monde de la finance, des liens sont censés être crées, ne serait-ce que pour motiver les équipes à gagner davantage d’argent. Interrogation sur les liens familiaux, aussi, avec des enfants qui suivent la voie tracée, voulue par leurs parents, ou bien son exact contraire – et à quel moment deviennent-ils eux-mêmes ?

J’avais une chanson en tête en lisant ce livre, Ultra Moderne Solitude d’Alain Souchon, parce que les personnages sont seuls, désespérément. Même le mariage, ses préparatifs, chefs d’oeuvre de conventions sociales, ne parvient pas à unir deux adultes. La sexualité ? J’ai parfois eu l’impression que certains personnages redécouvraient qu’ils en avaient une, et qu’elle peut unir deux êtres, intensément. Neal peut dire à quel point, depuis sa rupture, il se sent seul – qu’il soit homosexuel est une donnée comme une autre, aussi banale à énoncer que la couleur des cheveux ou de ses yeux. Son compagnon est d’ailleurs tout à fait capable de se comporter comme le premier beauf venu, vautré sur le canapé en regardant le sport. Moralité : on peut acheter des meubles ensemble et vivre l’un à côté de l’autre. Canapé onéreux, bien entendu.

Et l’on en revient à l’argent : ce que l’on en fait, pourquoi l’on désire en avoir – le héros dit pourquoi l’argent est tellement désiré, avec une grande lucidité. L’argent fait-il le bonheur ? A voir, à lire avec le dénouement.

 

 

4 réflexions sur “Coup de vent de Mark Haskell Smith

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