Clara, vétérinaire dans un petit village anglais, est jeune, brillante, passionnée par son métier… Et pourtant, elle vit comme une recluse. Défigurée dans un terrible accident lorsqu’elle était enfant, elle préfère la compagnie des animaux à celle des hommes. Une existence calme et solitaire bientôt troublée par la visite de la police, venue solliciter son expertise. Un homme vient d’être retrouvé inanimé à son domicile, il porte une trace de morsure de serpent. Le verdict de Clara est sans appel, la dose de venin présente dans son corps est bien supérieure à celle que peut laisser n’importe quel reptile…
Mon avis :
Ouille.
Oui, je sais, ce n’est pas très conventionnel.
Voici cinq ans, j’avais lu le tout premier roman de Sharon Bolton, Sacrifice, et je l’avais adoré. J’en ai lu un deuxième récemment, sans éprouver de plaisir particulier, j’ai lu celui-ci, et je pense sincèrement que je ne relirai pas de romans de cette auteur avant longtemps.
Je retrouve dans ce livre le défaut d’Écrit en lettres de sang : l’action est longue à démarrer, cent cinquante pages pendant lesquelles j’ai eu l’impression que l’action nous était conté en temps réel. Je ne vous parle pas non plus des plus de quatre cents pages qu’il a fallu pour que l’on apprenne comment Clara avait été défigurée. Non, les deux faits ne sont pas liés, mais l’enquête principale ne sera résolue qu’en se penchant sur le passé d’un petit village très tranquille. Il faudrait avoir le courage de recenser le nombre d’intrigues qui se déroulent dans ces petits villages charmants, proprets, fleuris, aux habitants vieillissants, aux jeunes qui tardent à s’y installer. Je pourrai vous citer les oeuvres d’Agatha Christie, de Patricia Wentworth, ou les séries télévisées telles que Inspecteur Barnaby. Je suis sûre qu’il en est d’autres.
Et ce livre n’échappe pas à la règle. Même si les faits sont expliquées, explicitées, la jeune héroïne peut remercier le hasard que quelqu’un déterre le passé au moment même où elle vit un drame personnel, tandis que de séduisants enquêteurs ou spécialistes des serpents se rapprochent d’elle. Il faudrait aussi recenser le nombre de romans policiers qui se teintent de romances.
Restent les serpents, et le soin donné aux animaux. Plus que le quotidien d’une vétérinaire, c’est vraiment le tableau saisissant des cruautés et des maltraitances dont sont victimes les animaux qui sont dressés ici. Il ne s’agit pas de la maltraitance quotidienne (chien battu, affamé), non, mais d’actes plus brutaux, plus stupides, que certains pratiquent au nom de la tradition, pour ne pas dire de la culture. Et il n’est qu’un pas à franchir pour s’en prendre aux plus faibles, parmi le genre humain.
Il n’est pas loin de cet univers à celui de Ken Bruen. Alors, que manque-t-il pour que ces romans soit aussi prenants ? Un héros (ou une héroïne) charismatique, rempli d’empathie (même Jack Taylor au fin fond du trou est capable de se bouger) et surtout, qui soit un véritable enquêteur, non quelqu’un qui se trouve là au bon endroit, au bon moment.
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Donc, de cette romancière, tu conseilles le premier, Sacrifice, et c’est tout ?
Je n’en ai lu que trois, des pavés à chaque fois (les deux derniers, autour de six cents pages). J’ai retrouvé les mêmes caractéristiques, long démarrage, fin tirée par les cheveux. Je me souviens que Sacrifice aussi avait des défauts, ils ne m’avaient pas semblé aussi flagrants. Puis, c’était un premier roman, on peut passer certains défauts.
Je note sacrifice et je passe les autres !! 😀 Jack Taylor est capable de se bouger oui, mais pas trop vite non plus, pourtant, on l’aime bien.
Jack Taylor a une réelle empathie pour les personnes « différentes » et s’il peut faire quoi que ce soit pour empêcher qu’on leur fasse du mal, il le fera ! Voir Sur ta tombe. Je n’ai pas ressenti, peut-être à tort, cette empathie de la part de l’héroïne. Puis, elle est parfois très empotée, sans réelle excuse. On me dira : « elle est défigurée ». Peut-être, mais elle n’est pas décérébrée !
Ça m’arrive aussi de ne rien ressentir pour l’héroïne, mais parfois, j’ai de la tendresse pour les empotées. rare, mais ça arrive 😉
Autant que je spoile tout de suite : une héroïne, qui admet à la fin du roman, que sa mère est morte à cause d’elle, parce qu’elle (=la mère) est devenue alcoolique, ne supportant plus la vision de sa fille défigurée (à cause de la négligence de sa maman).
Oui, je trouve aussi que là, c’est pousser le bouchon trop loin, mais le pire, c’est que ça existe des gens pareils, j’en ai une dans la famille !!
Une mère ne se suicide pas parce que sa fille est défigurée ! à la limite, elle tue sa fille avant… je sors !
Oui, cela existe !
Meuh non, reste.
La fille a été défigurée à l’âge de neuf mois, la mère meurt 29 ans plus tard.
L’imbécile !!! Faut vraiment être bête pour se dire que c’est de sa faute, là !
Oui ! Surtout que maman était bourrée comme un coin quand l’accident est arrivé – c’est à dire quand ses chiens se sont amusés à bouffer la joue de son bébé.
Le chien s’est-il suicidé aussi ??
Les ravages de l’alcool…maman aurai dû se tuer plus vite !
De mémoire, non : les chiens-chiens ont juste démoli un jouet plus bruyant que les autres.
Oui !
Bon sang…
C’est vraiment le cas de le dire.
😛