Signé Picpus de Georges Simenon

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La photo a été prise le dimanche 5 avril 2015, et je trouve qu’elle illustre joliment ma passion pour les chats et ma lecture interrompue de ce livre.

Mon résumé :

 » Demain, à cinq heures de relevée, je tuerai la voyante. Signé : Picpus « . Qui est ce Picpus ? Quelle voyante ? Pourquoi ce crime invraisemblable et sans mobile annoncé ? Maigret, qui a fait établir une surveillance très large au risque d’être ridicule, en arrive, pour la première fois de sa carrière, à souhaiter que le meurtre ait bien lieu. Ce qui arrive en effet. Une Mlle Jeanne est poignardée chez elle dans son boudoir. Dans la cuisine mitoyenne est enfermé à clef un vieil homme en pardessus, calmement assis sur une chaise. Il attend. Il semble n’avoir rien vu et pleure doucement à la nouvelle du drame.

Mon avis :

Un roman policier de Georges Simenon montre le plus souvent l’irruption du crime dans des vies jusque là ordinaire. Par ce crime, des personnes de milieux sociaux très différents peuvent se rencontrer.

Prenez Signé Picpus, par exemple. L’enquête commence avant même qu’un meurtre soit connu. Un simple employé, très scrupuleux, vient se dénoncer pour un vol, et en même temps prévient qu’une voyante sera assassinée. Laquelle ? Difficile à dire, il ne connaît que sa profession. Un policier actuel aurait renvoyé chez lui le scrupuleux employé. Pas Maigret, qui se tient prêt à intervenir, au risque de se ridiculiser. Pas de chance pour la voyante : elle est bel et bien assassinée. Et Joseph, qui avait tenté de prévenir ce crime, ne s’en remet pas vraiment.

Pas ou peu de suspect de prime abord. La personne qui a découvert le corps ? Une charmante aubergiste, qui connaissait bien la voyante, fidèle cliente de l’auberge, et venait lui apporter du poisson. Le mystérieux vieux monsieur qui était enfermé dans la cuisine ? Il paraît ne plus avoir toute sa tête, ce que semblent confirmer sa femme et sa fille. Et Maigret de s’obstiner. Pourquoi ? Pour trois fois rien, des détails que nos experts actuels ne remarqueraient même pas. Il n’y a rien, effectivement, absolument rien. Pas de domestiques, pas ou peu de souvenirs personnels, pas de visiteurs. Mais il y a un verrou extérieur à la chambre-bureau, tout aussi dénudé, de l’ancien médecin de marin. En effet, le vieux monsieur, dans son vieux pardessus élimé, a eu une belle carrière, et dispose d’une très belle rente depuis qu’il a sauvé la vie d’un riche argentin. Ni lui, ni surtout sa femme, ne semblent aimer les signes extérieurs d’aisance. Ils n’ont pas commis de crimes, n’est-ce pas ? Donc, tout en les gardant sous une surveillance presque discrète (un des hommes de Maigret ne résiste pas au bonheur du déguisement), Maigret poursuit son enquête dans l’entourage de la voyante.

« Entourage » est un bien grand mot. Qui se vante de consulter une voyante, hier comme aujourd’hui ? Personne. Maigret doit compter sur les voisins, les petites gens, qui auraient observé quelque chose et qui voudraient bien le confier à la police. Pas si facile, que ce soit hier comme aujourd’hui. Les motivations changent, les personnes aussi. Rares sont les personnes qui « montent à Paris » dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Il n’est plus possible non plus de « prendre un enfant de l’assistance » parce que l’on est en mal d’enfants, non plus que de craindre pour sa réputation parce qu’un homme est monté dans votre appartement.

Ce qui ne change pas, en revanche, ce sont l’amour et l’avarice, deux sentiments totalement incompatibles et qui s’affrontent dans ce roman. Ce qui ne change pas non plus d’un roman à un autre, ce sont la patience de Maigret et son sens aigu de l’observation. L’un ne va pas sans l’autre.

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9 réflexions sur “Signé Picpus de Georges Simenon

  1. Simenon, un classique (mais je ne l’ai pas lu celui-là). Preuve que je lis attentivement dès que je bois du café : ajoute un « e » à la fin du mot « voyant » parce que avant tu as noté « qu’une »… 😆

      • Mais non, ce n’est pas ce que j’ai retenu, juste que ça m’a sauté aux yeux, alors que mes fautes de frappe ne me sautent jamais aux yeux, même après 36 relectures. 😀

        Simenon, je l’ai lu assez jeune, j’en ai retenu les atmosphères lourdes, la cuisine, la lenteur des enquêtes et des leçons de vie ! 😉

  2. Je ne suis pas lectrice de romans policiers et ne connais Maigret que de nom (ou par les téléfilms). Sans être convaincue de me lancer dans la lecture, je trouve tes deux billets publiés pour le mois belge passionnants grâce à tes observations attentives et à tes analyses.

  3. Pingback: Le Mois belge 2015 : le billet récapitulatif |

  4. Je crois que je n’ai lu que Le chien jaune et l’une ou l’autre nouvelle. Ma culture en Simenon est maigre côté livres, mais j’ai vu pas mal d’adaptations télé avec Bruno Cremer dans le rôle de Maigret.

  5. Pingback: Bilan du mois belge 2015 | deslivresetsharon

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