Love & pop de Ryû Murakami

Love

Présentation de l’éditeur :

Love & Pop aborde une forme de prostitution propre au Japon, dont Murakami avait déjà fait le sujet troublant de son film Tokyo Decadence. Par l’intermédiaire de messageries téléphoniques, de jeunes lycéennes acceptent des rendez-vous avec des inconnus pour pouvoir s’acheter des produits de marque. Le roman raconte la journée d’une jeune fille qui, désirant absolument s’offrir une topaze impériale, accepte coup sur coup deux rendez-vous avec des hommes. Mais les rencontres ne vont pas se passer comme elle l’avait prévu.

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Mon avis :

(Soupir). Vous vous dites, cela commence bien. Je confirme (re-soupir).
L’avantage certain est que ce livre se lit vite. L’inconvénient, c’est qu’il met très mal à l’aise, notamment entre les pages 174 à 203.
Pour quelles raisons ? Ilne s’agit nullement de jouer les prudes, et je trouve intéressant le sujet choisi, à savoir la prostitution étudiante, non pour survivre, mais pour se payer les derniers articles de luxe à la mode. La littérature n’a rien à voir avec la moralité, je suis bien d’accord avec l’auteur, seulement ces vingt-quatre heures dans la vie de quatre jeunes femmes n’a rien d’émouvant ou de prenant. Nous touchons très rapidement au sordide, car elles sont prêtes à accepter n’importer quel rendez-vous et à aller jusqu’au bout (je ne vous ferai pas un dessin, l’auteur s’en charge très bien) pour obtenir un bien immédiatement, sans même savoir s’il leur fera encore envie demain. Impossibilité de se projeter dans l’avenir ? Non, car elles sont conscientes des difficultés qui peuvent surgir, elles veulent simplement ne pas y penser – surtout pas.  Ne penser à rien semble être leur mot d’ordre, y compris quand le pire arrive. Ce qui est préoccupant est que cette pratique paraît ne pas être nouvelle, et que personne ne trouve réellement à redire qu’on puisse se vendre, à un homme ou à une femme. De quoi bondir ? Oui.

De manière à créer un effet de réel, des bribes de messages téléphoniques, des extraits d’émission de radio, des chansons sont insérées dans le texte. Cette volonté d’innover, de plonger le lecteur dans le contexte socio-culturelle n’est pas inintéressante mais elle trouble la ligne narrative, parfois sur des chapitres entiers.

Pour conclure sur une note positive, un personnage a retenu toute mon attention : Primavera. Un charmant chaton bleu russe.

destin

19 réflexions sur “Love & pop de Ryû Murakami

  1. Ouille ! ça fait mal !!! Je n’ai pas pu lire le livre que j’avais prévu mais ce n’était pas celui-ci 😉 Ouf car j’ai acheté Kyoko donc je le lirai bien à jour. J’espère qu’il me plaira mieux que celui-là 🙂

    • Et bien… Il est vraiment des parties très dérangeantes, il faut avoir le coeur bien accroché même si personne ne meurt ou n’est blessé. L’immense vacuité de ses existences donne le vertige.

  2. Comme je te l’ai dit, ce livre est dans ma PAL ; je le lirai quoiqu’il arrive. ^^ Je peux comprendre que ça te dérange, tout ce sordide ; en général, ça me dérange aussi, mais plutôt parce que c’est souvent gratuit, et c’est ça qui me saoule. Dans le cas présent, je pense que ça peut se justifier, mais je vérifierai ça de mes propres yeux lorsque je trouverai enfin le temps. Enfin, ça me dérangera quand même, parce que c’est fait pour déranger, mais ce n’est pas le même « dérangement » (je ne sais pas si je suis claire ><).
    Bonne soirée 😉

  3. Les existences de ces filles sont-elles réellement vides (au sens négatif du terme) ou tellement pleines qu’elles veulent les vider ? Je n’ai pas lu le livre, mais de ce que tu présente, ces filles me font penser à celles qu’on peut croiser en service social, tellement attaquées (par quelque chose, quelqu’un, la société, la vie qui leur paraît déprimante, la pauvreté, le rêve, l’obsession …) qu’elles sont prêts à tout pour cet objectif qui leur paraît, à elles, tellement rationnel.

    Paradoxalement, tu m’a vraiment donné envie de lire ce livre 🙂

  4. Pingback: Challenge Écrivains japonais : Récap’ de mai | Adalana's Imaginary World

  5. Je voulais en connaitre plus de cet auteur dont j’entends souvent parler mais maintenant ces livres me tentent de moins en moins :/
    Je pense quand même en lire quelques uns mais je sais à quoi m’attendre 😉

  6. Je l’avais lu et chroniqué également l’année dernière, comme toi j’ai été troublé, je ne savais pas trop quoi penser de ce livre, original par moment, montrant du doigt un problème social, mais tout en restant… au raz des pâquerettes. Bref, comme toi, *soupir*.

    • Il le montre, sans chercher à comprendre. Murakami a beau répéter que la littérature n’a que faire de la morale (en cela, je suis d’accord), la littérature, si elle motnre un dysfonctionnement de la société, peut aussi tenter d’expliquer son origine.

  7. Comme toi, ce roman m’a mis mal à l’aise et au final, même si je ne peux pas dire qu’il m’ait plu, je pense que l’auteur a atteint son but en provoquant ce malaise voire cette forme d’indignation qui nous a saisies. J’ai ressenti de la pitié pour Hiromi. Sa démarche montre que son système de valeur est totalement déréglé et qu’elle est en souffrance.

    • Je me demande même quel est son système de valeur. Malaise ? Oui, certainement. Quoi qu’il lui arrive dans la vie, et même si c’est très grave, Hiromi est incapable de réagir (et encore moins de se remettre en cause).

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