Lésions intimes de Christophe Royer

Présentation de l’éditeur :

Nathalie Lesage, capitaine au caractère bien trempé, travaille au sein de la brigade de répression du proxénétisme. Une des branches de l’organisation « Gorgona », spécialisée dans un certain genre de soirées parisiennes, va l’amener à côtoyer un milieu où règnent la perversion et les pratiques extrêmes.
Victime d’un banal accident, son enquête va prendre une tournure inattendue. Dans le même temps, le décès de son frère va l’obliger à renouer avec son passé.
Tout va alors se mélanger et entraîner Nathalie vers l’inimaginable…

Merci aux éditions Taurnada pour leur confiance.

Mon avis :

Dans la vie de Nathalie, tout va bien. Elle est capitaine dans la brigade de répression du proxénétisme, et n’a pas de soucis particuliers. Non, elle n’est pas alcoolique, non, elle n’a pas été tentée par la drogue, non, elle ne fricote pas avec des indics. Sa vie sentimentale n’est pas un désastre, elle assume parfaitement son mode de vie, différent de celui que l’on a l’habitude de découvrir, mais Nathalie est parfaitement équilibrée, ce qui est le plus important. Un bémol, cependant, et il est assez important : orpheline de père à 12 ans, elle n’a aucun souvenir des événements qui ont eu lieu avant cette tragédie. Elle se souvient bien, cependant, de sa scolarité dans un établissement secondaire militaire, de l’épanouissement qu’elle y a trouvée, des études qu’elle a menée, et de son travail, dans lequel elle s’investit totalement.

On parle souvent de zone d’ombres, mais là, dans ce travail épanouissant et apprécié, Nathalie découvre qu’elle ne savait pas tout, notamment d’une de ses collaboratrices, efficace, dévouée, et qui pourtant, au cours de leur enquête, vient de commettre un geste totalement fou, qui trouve son origine non seulement dans ses investigations, mais aussi dans son passé, sur lequel personne n’avait songé à la questionner : pourquoi s’en faire puisqu’elle travaillait aussi efficacement ? C’est la première claque que se prend Nathalie, la seconde n’est pas virtuelle, puisqu’elle est victime d’un accident, et là, tout dérape. Alors oui, Nathalie n’a absolument pas envie de laisser tomber l’enquête en cours, elle a trop envie de démanteler l’organisation « Gorgona » pour traîner à l’hôpital. Seulement, elle développe des troubles assez étonnants, qui l’amènent à se questionner sur ce qui a bien pu se passer dans cet hôpital – ne serait-ce que sur l’identité de la personne qui l’y a conduite et celle du médecin qui l’a soigné. A ce moment-là, nous ne basculons pas dans le fantastique, non, mais la dimension de ce roman policier très noir s’élargit encore.

Oui, noir et rouge sont les couleurs de ce roman. J’ai l’esprit assez large en ce qui concerne ce que deux adultes, pleinement consentants, peuvent faire ensemble. Seulement, ces idées larges impliquent qu’aucun moyen de pression n’existe entre l’homme et la femme – parce qu’une femme qui vend son corps pour vivre , qui est prête à tout accepter, y compris des actes violents, subit une pression. C’est la face sombre de la sexualité qui est explorée dans ce roman, avec, pour moi, en le lisant, une inquiétude face à ce besoin que des personnes (je devrai dire des hommes, majoritairement) d’aller toujours plus loin et de braver les interdits. D’ailleurs, je devrai plutôt dire qu’il n’est aucun interdit pour ses personnes : rien de ce qui est abject ne leur est étranger.

Ce qui manque cruellement ? L’amour. Attention, il existe bien dans ce roman, l’auteur le montre, l’amour, l’affection. Il est aussi des personnes qui pensent tellement à elles-mêmes et à la satisfaction de leur propre plaisir qu’ils en oublient les autres. Ou comment porter un masque virtuel qui n’a rien à voir avec les accessoires pseudo-érotiques de la littérature tout aussi pseudo-érotique. Nathalie enquête, elle enquête doublement, sur Gorgona, sur son passé proche et sur un passé bien enfoui dans les replis de sa mémoire. Mention spécial pour le frère de Nathalie, personnage fantôme (il est mort dès le début du roman) mais dont la présence bienveillante grandit au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue.

Et le rouge. Rouge comme le sang, bien sûr, rouge comme les blessures qui sont affligées, rouge, à nouveau, comme le pseudo-érotisme. Je préfère le vert et le bleu final, qui amène à l’apaisement.

 

6 réflexions sur “Lésions intimes de Christophe Royer

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