Présentation de l’éditeur :
En août 1963, Kenzaburô Oé, alors brillant écrivain de vingt-huit ans, part à Hiroshima faire un reportage sur la neuvième Conférence mondiale contre les armes nucléaires. Indifférent à la politique politicienne, il est immédiatement sensible aux témoignages des oubliés du 6 août 1945, écartelés entre le « devoir de mémoire » et le « droit de se taire » : vieillards condamnés à la solitude, femmes défigurées, responsables de la presse locale et, surtout, médecins luttant contre le syndrome des atomisés, dont la rencontre allait bouleverser son oeuvre et sa vie. Dans leur héroïsme quotidien, leur refus de succomber à la tentation du suicide, Oé voit l’image même de la dignité. Quel sens donner à une vie détruite ? Qu’avons-nous retenu de la catastrophe nucléaire ?
Mon avis :
Je n’ai que peu de choses à dire sur ce livre. Il est superbe et bouleversant.
Kenzaburô Oé a reçu le prix Nobel de littérature en 1994. Cette récompense a-t-elle permis de faire découvrir au plus grand nombre son oeuvre ? Je l’espère. Comme Underground d’ Haruki Murakami, il devrait être lu par tous ceux qui ont la prétention d’écrire un livre en recueillant des témoignages. Parce qu’il est nécessaire, pour cela, de laisser la parole aux autres, de ne pas juger, ceux qui choisissent de se taire, ceux qui parlent, crient leur révolte. Au contraire, il est nécessaire de s’interroger toujours, de montrer ce que certains auraient voulu tenir secret. Les survivants d’Hiroshima, les secouristes, les médecins firent face. Du mieux qu’ils purent. Avec ce qu’ils avaient. Vingt ans après, les conséquences de ce jour-là font toujours partie de leur vie.
Oé reste-t-il impartial ? Non, et l’existence de cette série d’article le prouve. Il salue le courage de tous, du jeune homme qui affronte la leucémie qui le gagne, vingt ans après les bombardements à ces jeunes femmes défigurées qui exposent leur visage au grand jour – ne plus se cacher. Il parle des médecins, souvent impuissants face aux conséquences du bombardement, de la difficulté à se faire soigner pour les malades, de refaire sa vie en dehors d’Hiroshima – comme si tous étaient condamnés à rester sur les lieux de leur supplice. Il n’est pas impartial, mais il se garde bien de digression sur tout ce qui n’aurait pas trait à Hiroshima, au contraire de certains auteurs français (je ne citerai pas de nom), qui ne peuvent s’empêcher de parler de leurs dernières paires de chaussures ou d’un trajet au taxi.
Notes sur Hiroshima est un livre nécessaire et très beau.
Celui-là, il faut vraiment que je le lise !
Je ne peux que te le conseiller !
Je ne lirai pas ce genre d’ouvrage mais effectivement, je crois que pour écrire un tel livre, il faut en effet être humble, laisser la parole à ceux qui ont vécu cette atrocité. Prendre parti est inévitable je pense.
Et Kenzaburô Oé l’était, indubitablement. IL se pose la question de qui doit témoigner, notamment pour ceux qui ne le peuvent plus. J’ai également ressenti, et c’est rare chez un auteur japonais, de la colère dans certaines pages.
Voilà un livre que je vais noter. Mais quand on voit l’actualité, on peut se demander si des leçons ont été retenues !
Merci Chaplum.
Je n’en suis pas sûre…
Alors ça c’est un livre qui me tente ! J’ai toujours voulu lire ce genre de livres sur des évenements comme celui ci, mais avec tout ce qui est sorti difficile d’en trouver un justement qui ne fabulent pas
Il est tellement vrai que peu de personnes sont humbles de nos jours
Merci de ta chronique, il passe dans ma wish list ! 😉
Pas de souci de ce côté là : Oé écrit au plus juste, de ce qu’il a vu (les manifestations contre le nucléaire) ou de ce qu’il a recueilli.
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Je l’ai lu pour le challenge d’Adalana, et je rejoins totalement. C’est un beau livre et un livre important.
Bonne année!
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