Archive | 3 mars 2021

Quatre soeurs à Tokyo de Sophie Rigal-Goulard

Présentation de l’éditeur :

Ébahies et ravies, les Quatre sœurs atterrissent à Tokyo, la métropole la plus fascinante d’Asie ! Elles qui adorent les mangas, les peluches kawaï et le hanami – la fête des Cerisiers en fleurs -, vivent un rêve ! Dans une école de danse traditionnelle, Laure rencontre Sakura, une jeune Franco-Japonaise, qui la guide. Grâce à elle, les quatre sœurs apprennent à saluer à la nippone, à manger du poisson au petit-déjeuner, à s’orienter dans le quartier très animé de Shibuya et à maîtriser l’art des idéogrammes. Sakura les invite chez elle afin qu’elles découvrent les manières de vivre des Japonais. Mais pourquoi le voisin de la jeune fille intrigue-t-il tant Laure ?

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Revoilà les quatre L ! Quatre soeurs quasiment inséparables, qui, cette fois-ci, se retrouvent au Japon. C’était leur rêve – tout comme c’était le rêve de leurs parents de partir tous les deux en amoureux pour une fois. Je vous rassure : les quatre soeurs ne partent pas seule, leur grand-mère et une de ses amies les accompagnent. A elles six, elles vont non pas découvrir la culture nippone mais l’approfondir directement sur le terrain !
Etre raisonnables ? Oui, parfois ! Il ne s’agit pas de rentrer en France avec cinquante licornes, même si les quatre soeurs visiteront un magasin qui lui est entièrement consacré (et quand je dis « magasin », je ne vous raconte pas la taille de celui-ci). Si cela fait le bonheur de Luna, la petite dernière, Laure, la narratrice, retrouve sa meilleure amie Justine (qui a toujours des coups de coeur pour des garçons qui ne la calculent pas vraiment) qui fait au pays du soleil levant un stage de danse, tout en étant hébergé par Sakura, une jeune franco-japonaise. Quant à Lou, elle a elle-même quelques soucis de coeur avec Maxime, qui lui aussi vit actuellement au Japon. Attention ! Laure, la narratrice, n’hésite pas à intervenir (discrètement) pour que les deux jeunes gens communiquent à nouveau.
J’ai beaucoup aimé ce parcours à travers le Japon, ces us, ces coutumes, et la difficulté que l’on peut avoir, en tant qu’européens, à vivre comme des japonais. Il nous montre aussi la différence entre ce que l’on croit savoir de la manière de vivre des japonais, et la manière dont ils vivent réellement.
Je n’ai garde, bien sûr, d’oublier les mangas ! Laure en est fan, elle dessine elle-même et… ce voyage à Tokyo lui permettra d’accomplir un de ses rêves. Lequel ? A vous de lire !

Scarlett et Novak d’Alain Damasio

édition Rageot –

Présentation de l’éditeur :

Novak court. Il est poursuivi et fuit pour sauver sa peau. Heureusement, il a Scarlett avec lui. Scarlett, l’intelligence artificielle de son brightphone. Celle qui connaît toute sa vie, tous ses secrets, qui le guide dans la ville, collecte chaque donnée, chaque information qui le concerne. Celle qui répond autant à ses demandes qu’aux battements de son cœur. Scarlett seule peut le mettre en sécurité. A moins que… Et si c’était elle, précisément, que pourchassaient ses deux assaillants ?

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.

Mon avis :

« J’ai toute ma vie dans mon téléphone ». Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Souvent. Pour ma part, dans mon téléphone il y a… peu de choses. Et si jamais il était volé, ce serait ennuyeux parce que mon portable m’accompagne depuis presque sept ans maintenant, mais celui qui le volerait ne saurait pas grand chose de moi, mis à part mon répertoire téléphonique, et dans le dossier « téléchargement », la liste des attestations de sortie que je n’ai pas pris la peine d’effacer.

Novak ne peut pas vivre sans son brightphone, et surtout, sans Scarlett, l’intelligence artificielle de son brightphone. Il a des « potes de course », il a « un ami chômeur », ceux-ci restent totalement dépersonnalisés. Il parle aussi de temps en temps avec sa concierge croate – mais pour cela, il se sert du logicielle de traduction de son brightphone. Pratique. Bref, Novak semble tragiquement seul puisque, dans sa course pour se sauver, il fait encore appel à une application pour le tirer de là.

Ce qui est inquiétant dans ce récit n’est pas la course poursuite folle de Novak à travers la ville. Ce qui est inquiétant est le fait qu’il ne peut quasiment plus vivre sans son brightphone. Alors oui, l’on peut ironiser à l’envie sur cette génération qui ne fait plus l’effort de mémoriser puisque les informations peuvent être trouvées sur internet, et oubliées aussitôt, puisqu’elles peuvent être retrouvées (le savoir ne servirait plus à rien, dit-on), qui ne fait plus l’effort de regarder autour d’elle, sauf à travers l’écran de son portable. Oui, le récit est perturbant, à cause de ce qui arrive à Novak. Il est surtout perturbant parce que cette société qui est décrite dans la nouvelle est quasiment la nôtre, et risque de la devenir si nous n’y prenons pas garde. Ce n’est pas seulement une invitation à regarder à nouveau autour de nous, à faire confiance aux autres, c’est une invitation à être vigilent à ce qui se passe dans notre société.