édition Rageot –
Présentation de l’éditeur :
Novak court. Il est poursuivi et fuit pour sauver sa peau. Heureusement, il a Scarlett avec lui. Scarlett, l’intelligence artificielle de son brightphone. Celle qui connaît toute sa vie, tous ses secrets, qui le guide dans la ville, collecte chaque donnée, chaque information qui le concerne. Celle qui répond autant à ses demandes qu’aux battements de son cœur. Scarlett seule peut le mettre en sécurité. A moins que… Et si c’était elle, précisément, que pourchassaient ses deux assaillants ?
Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.
Mon avis :
« J’ai toute ma vie dans mon téléphone ». Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Souvent. Pour ma part, dans mon téléphone il y a… peu de choses. Et si jamais il était volé, ce serait ennuyeux parce que mon portable m’accompagne depuis presque sept ans maintenant, mais celui qui le volerait ne saurait pas grand chose de moi, mis à part mon répertoire téléphonique, et dans le dossier « téléchargement », la liste des attestations de sortie que je n’ai pas pris la peine d’effacer.
Novak ne peut pas vivre sans son brightphone, et surtout, sans Scarlett, l’intelligence artificielle de son brightphone. Il a des « potes de course », il a « un ami chômeur », ceux-ci restent totalement dépersonnalisés. Il parle aussi de temps en temps avec sa concierge croate – mais pour cela, il se sert du logicielle de traduction de son brightphone. Pratique. Bref, Novak semble tragiquement seul puisque, dans sa course pour se sauver, il fait encore appel à une application pour le tirer de là.
Ce qui est inquiétant dans ce récit n’est pas la course poursuite folle de Novak à travers la ville. Ce qui est inquiétant est le fait qu’il ne peut quasiment plus vivre sans son brightphone. Alors oui, l’on peut ironiser à l’envie sur cette génération qui ne fait plus l’effort de mémoriser puisque les informations peuvent être trouvées sur internet, et oubliées aussitôt, puisqu’elles peuvent être retrouvées (le savoir ne servirait plus à rien, dit-on), qui ne fait plus l’effort de regarder autour d’elle, sauf à travers l’écran de son portable. Oui, le récit est perturbant, à cause de ce qui arrive à Novak. Il est surtout perturbant parce que cette société qui est décrite dans la nouvelle est quasiment la nôtre, et risque de la devenir si nous n’y prenons pas garde. Ce n’est pas seulement une invitation à regarder à nouveau autour de nous, à faire confiance aux autres, c’est une invitation à être vigilent à ce qui se passe dans notre société.
Je connaissais des tas de numéros de téléphone avant, je connais toujours des numéros de personne qui sont décédées (mes deux grands-mères et la marraine de ma mère), je peux te les donner sans effort et mémoire, je connais mon numéro de gsm mais pas mon numéro de fixi à la maison (un comble, je sais) et j’ai dû mal à retenir le numéro de gsm de mon mari… La mémoire fout le camp puisque nous avons des aide-mémoires !
Et ces putain de smartphones savent se rendre indispensables, même si on n’est pas du tout accro…
Même chose pour moi, je ne connais pas le numéro de mon fixe ! Tu as raison, la mémoire fout le camp car on se retranche derrière celle de notre portable.
Et quand notre portable se plante, on a l’air bête…
C’est clair !
Je connais le mien ! Oui, elle fout le camp – mais je connais juste le numéro de quatre familles qui me sont proches.
J’en connais aussi et je connais même par cœur mon numéro de sécurité sociale. Mais le numéro de mon fixe, impossible de le retenir ! 😂😂😂
Mon numéro de sécurité sociale, non, mon Numen, oui.
Euh, moi non ! 😂
Disons que l’on s’en est beaucoup servi dans mon collège, donc autant l’apprendre.
Tu as raison mais je n’arrive pas à m’y résoudre !
Jolie chronique comme d’habitude. Notre société est en évolution numérique avec tous les travées que tu décris. Quant à la confiance aux autres, elle est possible et envisageable si tous ne sont pas mis en concurrence (car la mise en concurrence rend les êtres bien faibles, retors et suspicieux)
Merci !
Oui, la mise en concurrence est terrible, à tous les niveaux, et ne profitent à personne.
Pingback: Mois du polar 2021 | deslivresetsharon
Pingback: Bilan du mois du polar 2021 | deslivresetsharon