Archive | 24 septembre 2013

La femme à la clé de Vonne van der Meer

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Présentation de l’éditeur :

« Femme, 59 ans, d’apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous vous endormiez. Discr. assurée. Intentions sexuelles totalement exclues. »

Voilà l’annonce que rédige Nettie avec humour et détermination, lorsque la recherche d’un travail devient inévitable, quelques mois après le décès de son mari.

Merci à Libfly, aux éditions Héloïse d’Ormesson pour l’envoi de ce livre, reçu dans le cadre de l’opération La voie des indés.

Mon avis :

Ce livre est un roman très doux, comme une confidence chuchotée, et en même temps, il prend chacun de ses personnages à un moment décisif de sa vie.

Prenons Nettie, la narratrice. Veuve, il lui faut trouver une activité professionnelle pour vivre. Elle choisit de devenir lectrice, presque une conteuse. Elle entre le soir dans l’intimité de ses clients, les borde, leur lit une histoire, presque comme une maman pourrait le faire. C’est flagrant avec le personnage de Renée, cette toute jeune adolescente déscolarisée, dont Nettie constitue le seul contact avec le monde extérieur.

Autant dire que cette profession peut sembler étrange, car Nettie n’est pas seulement une lectrice, elle recueille les confidences de ses clients, qui n’ont qu’elle comme rempart à leur solitude. Elle possède non seulement les clefs de leur demeure, elle a aussi accès à des émotions, des sentiments qu’ils n’osent confier qu’à elle seule. Même si parfois l’écriture se montre sur le fil – et j’imagine que d’autres auteurs auraient facilement dérapé vers le scabreux – la construction du récit est suffisamment habile pour suggérer plutôt que montrer. A contrario, la lecture d’une nouvelle plutôt scatologique, en redonnant toute son importance au corps masqué, caché, est intéressante par les réactions suscitées chez Nettie et Michaël, le lecteur qui a choisi ce texte. La lecture peut parfois avoir d’étranges conséquences. Et si ce que l’on ne pouvait dire devait d’abord être écrit, puis lu, comme pour mieux se détacher de ce qui a fait souffrir ?

La femme à la clé est une oeuvre intimiste, qui mérite d’être découverte.

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L’énigme de la Blancarde de Jean Contrucci

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Présentation de l’éditeur :

Marseille, le 16 décembre 1891. La riche Madame Magnan est sauvagement assassinée. Son fils adoptif, un homme louche et marginal, est immédiatement suspecté, et très vite, témoignages et preuves l’accablant, il est condamné au bagne. Pourtant, ce dénouement paraît trop simple. Surtout lorsqu’on découvre que l’employée de la victime, apparemment inoffensive, était la maîtresse de l’accusé…

Challenge polar

Mon avis :

Bienvenue à Marseille, dans les années 1890. Un sinistre fait divers secoue un quartier bien tranquille – et très respectable. Le coupable est rapidement identifié, accablé, jugé, et condamné. Il ne sauve sa tête du couperet de la guillotine que de justice.

Fin de l’histoire ? Non, c’est ici que tout commence. Une lettre anonyme affirme que Louis Coulon n’est pas coupable du meurtre de sa mère adoptive. L’affaire fascine, par ses zones d’ombre, par le lien entre le coupable (il a été jugé deux fois), la victime et la complice présumée, petite bonne simple d’esprit, sévèrement gouvernée par sa maîtresse, abusée par le fils de la maison.

Plus qu’un roman policier, l’énigme de la Blancarde nous donne à voir le Marseille des beaux quartiers, qui jouxte celui des prostituées, soigneusement réglementé (elles n’avaient pas le droit d’en sortir). J’ai pensé au sort d’Angèle, du roman Un de Beaumugnes, adapté au cinéma par Marcel Pagnol. Le maquereau que l’on croise ici n’a rien à envier à cette crapule de Louis, le souteneur d’Angèle. L’Eglise joue un rôle cruciale dans cette affaire. Pas encore séparée de l’Etat, elle a la mainmise sur les bonnes oeuvres, et se montre secourable envers les pauvres, les laissés-pour-compte – ignorant superbement les vrais principes de la foi.

Pour enquêter, nous avons Eugène Baruteau, policier intègre, et son neveu, Raoul Signoret, son fils de coeur (lui et sa femme n’ont pas eu d’enfants). Ce dernier est amoureux… ce qui ne l’empêche pas d’accomplir son travail et de se battre pour vivre avec Cécile, la jeune femme dont il est amoureux. Les passages sur leur vie privée sont parfois un tantinet long, mais ils sont nécessaires, car nous retrouverons ce jeune couple dans les enquêtes suivantes. Autant savoir tout de suite de quelle ténacité ils ont dû faire preuve pour être ensemble.

L’énigme de la Blancarde est une plaisante manière de découvrir Marseille.

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