Présentation de l’éditeur :
Par une froide journée de janvier, une femme disparaît dans l’une de ces banlieues trop propres et trop calmes que le cinéma américain nous a révélées. Le mari semble accepter cette absence et se résigner. Quant à Katrina, leur fille unique, elle croit régler avec un soin méticuleux et lucide ses comptes avec l’image d’une mère destructrice et détestée en secret. Mais alors pourquoi ces rêves obsédants qui hantent ses nuits ? Et comment une mère peut-elle ainsi s’évanouir dans le blizzard et tout abandonner derrière elle ?
Mon avis :
En lisant ce roman, j’ai irrésistiblement fait des rapprochements. Le premier, je l’ai fait avec les deux romans que j’ai déjà lus de Laura Kasischke, à savoir Esprit d’hiver et La vie devant ses yeux : ce sont des récits qui nous parlent des relations mère/fille. Ici, la mère de Kat disparaît, un jour, comme cela, elle se volatilise, laissant tout derrière elle, sauf un mot pour expliquer pourquoi elle est partie. Le second rapprochement, c’est avec Aquarium de David Vann, où il explore les liens mère/fille, dans une atmosphère pesante, poisseuse, à la limite de la rupture. En effet, si l’on regarde la vie de Kat (elle déteste son prénom Katrina), la vie avant la disparition de sa mère, la vie d’après, on peut dire qu’elle reste dans le froid, la froideur, comme si la disparition de sa mère l’avait anesthésiée. De manière caricaturale (très caricaturale), on pourrait dire qu’elle a, malgré la disparition de sa mère, tout pour être heureuse : ses études se passent bien, elle n’a pas de conflit avec son père, elle a un petit ami, Phil. Ceci posé, le roman se déroule sur quatre années, alors nous pouvons assister à l’évolution de Kat, à ses séances de psychanalyse. Et parfois, je me suis dit que Kat sait des choses, mais que cette anesthésie qui s’est répandue en elle l’empêche non de se poser les questions, mais d’entendre les réponses, comme nous le prouvera le dénouement.
Il faut dire aussi que ses relations avec sa mère étaient tout sauf simples, et je ne parle pas d’une crise d’adolescence traditionnelle. La mère de Kat manque d’amour, elle n’a pas la vie amoureuse qu’elle souhaiterait, cette desperate housewife avant l’heure, elle qui se rend compte que ses études auraient peut-être dû lui permettre une autre voie que celle qu’elle a prise – mais qui pour la guider pendant ses années d’université. Elle est devenue mère de famille, mère à qui sa fille unique, et bien disons le mot ne « convient » pas, et qu’elle n’aide pas à s’épanouir, ni même à grandir sereinement. Puis, Kat a le contre-exemple, juste à côté, une mère très attachée à son enfant, trop peut-être puisqu’elle l’étouffe littéralement. D’ailleurs, Kat n’est-elle pas devenu la petite amie de Phil parce qu’il était le « boy next door », parce qu’il était aussi seul, si ce n’est plus qu’elle et parce que les rendez-vous étaient assez faciles à fixer ! Le départ de Kat pour l’université change leur relation, ou plutôt lui fait prendre conscience, avec sa psy (autre mère de substitution ?) que leurs relations ont changé depuis déjà bien longtemps.
C’est presque à une quête de la mère que nous assistons, dont le dernier avatar est la nouvelle compagne de son père qui servira, malgré elle, d’élément déclencheur ultime. Kat s’est tout de même interrogée sur sa mère, ses désirs, ce qui aurait pu la pousser à quitter cette petite ville de l’Ohio, si parfaite, si banale, avec ses maisons si proprettes, si identiques les unes aux autres.
Pour conclure, je vous dirai que ce roman est particulièrement marquant, qu’il laisse vraiment des traces au lecteur. La preuve ? Je rédige cet avis, sans notes, alors que j’ai lu ce livre voici trois semaines.
Un livre que j’avais adoré même si je ne crois pas en avoir fait une analyse aussi détaillée que toi mais un livre qui laisse son empreinte…😊
Merci Asphodèle, mais mon analyse n’est pas si développée… Disons que je suis allée au bout de ce que je pouvais faire.
Ah celui-là pourrait me plaire 😉
Je l’espère ! 😉
Ça, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde et je vais stabiloter le titre !
J’ai lu des avis très négatifs aussi, certains ne comprenant pas la froideur de l’héroïne – mais sa froideur est liée à l’éducation qu’elle a reçue, l’amour qu’elle n’a pas eu, et sa volonté de ne surtout pas savoir.
Parfois, on peut comprendre le personnage et puis, des fois, on passe à côté. Cela influence nos émotions ressenties durant la lecture et sur ce que l’on pense des personnages. Pas toujours facile de comprendre ce que l’auteur a voulu faire passer dans son personnage, froid, hautain. Maintenant que je le sais… mais ça pourrait ne pas passer malgré tout 🙂
Elle est froide, oui, mais pas hautaine. Agacée, peut-être, sur la fin, quand son petit ami se refuse à évoluer, dans sa vie ou dans leur relation.
Oui, on ne sait jamais Kasischke est une autrice au style bien à elle.
Je ne l’ai jamais lue, donc, je ne puis juger… mais je te crois sur parole 🙂
J’ai lu trois de ses romans à ce jour, j’en ai abandonné un quatrième.
3/4, c’est déjà pas mal !
Oui !
Un autre titre me tente beaucoup.
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