Aquarium de David Vann

Présentation de l’éditeur :

Caitlin, douze ans, habite avec sa mère dans un modeste appartement d’une banlieue de Seattle. Afin d’échapper à la solitude et à la grisaille de sa vie quotidienne, chaque jour, après l’école, elle court à l’aquarium pour se plonger dans les profondeurs du monde marin qui la fascine. Là, elle rencontre un vieil homme qui semble partager sa passion pour les poissons et devient peu à peu son confident. Mais la vie de Caitlin bascule le jour où sa mère découvre cette amitié et lui révèle le terrible secret qui les lie toutes deux à cet homme.

b93ab-102bans2bgallmeister2bchallengeMon avis (personnel, forcément) :

J’ai préféré mettre l’avertissement ci-dessus pour rappeler que si je tiens un blog, c’est pour exprimer mon avis, pas nécessairement rédiger de beaux avis bien objectifs, bien structurés, etc, etc. J’ai même failli attendre, laisser reposer les émotions, afin de ne pas livrer mes impressions à chaud. Puis, finalement, je me suis lancée – écrire à chaud n’est pas un défaut à mes yeux.

Tout d’abord, ne lisez pas ce livre dans un train, ou alors choisissez un trajet suffisamment long pour pouvoir lire le livre d’une traite. Pour ma part, j’avais lu, dans le train qui m’emmenait vers Paris, les trois quarts du livre, et j’avais vraiment envie de découvrir le dernier quart (note : la ou les personnes qui commenteraient en disant « lire un livre si vite, c’est du gâchis » doivent s’attendre à ce que je réplique vertement). Ce fut le cas au cours de ce que l’on nomme « pause méridienne ».

Pour la première fois (je n’ai pas lu Impurs), je lis un roman de David Vann dont l’héroïne est une fille, une fille liée à sa mère : comme le récit est rétrospectif (à un moment, la narratrice déclare avoir 32 ans), nous savons qu’elle a bel et bien un avenir, reste à savoir lequel.

Caitlin a douze ans. Par certains aspects, elle est mûre pour son âge, pour d’autres, non, elle est assez naïve. Elle est surtout très seule. Elle vit seule avec Sheri, sa mère, qui effectue un travail ingrat et masculin. Elle n’a ni frère, ni soeur, ni oncle, ni tante, ni grands-parents, ni, vous l’aurez compris, de père. Certes, elle a dû avoir un géniteur, mais il n’en est jamais question. Mère et fille s’accrochent l’une à l’autre, même si la mère vit sa vie, ramenant de temps en temps un copain dans son lit, espérant une relation stable – peut-être Steven, le dernier copain en date, la lui apportera-t-il.

Vie morne, solitaire, à Seattle, cette ville que d’autres ont célébré (voir Cinquante nuances ou Grey’s anatomy). Le matin, Caitlin arrive avant tout le monde – parce que sa mère ne peut la déposer plus tard. Le soir, Caitlin va seule à l’aquarium, observe les poissons, et rencontre un vieil homme avec lequel elle sympathise. Ne lui a-t-on pourtant pas dit de ne jamais parler aux inconnus ? Sheri réagit donc comme une mère ordinaire : elle écoute à peine sa fille et prévient la police.

Et la suite est plus compliquée que prévu, puisque Caitlin découvre les liens qui l’unissent avec le vieil homme, et le lien avec sa mère. Elle découvre surtout tout un pan du passé de sa mère, et des aspects de sa personnalité qu’elle ne soupçonnait pas – mais sa mère, oui, forcément.

S’ensuivent des pages d’une violence physique et psychologique inouïe, dans lesquelles le lecteur a envie de dire à Sheri « stop, cessez cette folie ». Parce que Sheri est bien folle, de rage, de colère contenue, de tout ce qu’elle a subi dans son passé et qu’elle exprime maintenant face à sa fille, sans se préoccuper des dégâts qu’elle occasionne (euphémisme). On peut se demander aussi pourquoi personne ne lui est venu en aide – je devine, en filigrane, la peur des services sociaux, du placement, pour elle d’abord, quand elle était mineure, puis pour sa fille, voilà pourquoi elle « musèle » la parole de l’enfant.

On peut se demander aussi comment tout cela se serait terminé s’il n’y avait pas eu une intervention extérieure. Mal, sans doute. Ce n’est pas (vraiment) le cas ici. Une lueur d’espoir dans l’univers de David Vann ?

 

 

31 réflexions sur “Aquarium de David Vann

  1. Mais pourquoi nous prévenir à l’avance que ton avis est personnel, nous le savons (enfin, les gens censés qui te suivent le savent et toi, tu sais que nous savons et nous savons que tu sais que nous savons que tu sais… je sors ouvrir une savonnerie avec tous mes savons).

    Je m’attendais à ce que tu le descendes en flèche et non, même pas… une belle chronique qui me donne envie de le faire monter plus haut sur ma PAL et de découvrir quel est l’horrible secret qu’elle cache, la mère. 😀

    Entre nous, tu lis à la vitesse que tu veux, tu es libre, non ??? 😉

  2. Mais justement le fait de lire vite prouve que tes neurones fonctionnent trèèès bien !!! Il y a des gens jaloux et mesquins partout tu sais ! Ce qui intéresse sur les blogs (enfin , pour moi, ) c’est justement l’avis personnalisé et non pas la chronique aseptisée, bien lisse d’un magazine ou d’un qui se prend pour un magazine…
    Cela dit, IL ME LE FAUT !!! Un David Vann qui se dévore ça fait longtemps ! Je n’ai pas lu Impurs non plus et son dernier sur les armes (il y a 2 ans je crois) m’avait carrément déçue… Mais celui-ci, je sens que je vais aimer… Mais oui, dis donc, une note d’espoir chez lui ? C’est nouveau ça ! 😀

  3. Alors moi j’hésite de plus en plus. J’ai lu tous les précédents mais je saturais un peu. Alors si c’est aussi violent que d’habitude, je vais peut-être attendre un peu…

            • Oui, mais je ne m’attache pas à présenter une analyse stylistique pointue. Certaines personnes se refusent à lire des livres qui, par exemple, contiennent un seul gros mot ou des tournures syntaxiques un peu relâchées.

              • Les analyses stylistiques pointues peuvent être pénibles. Je m’attache plus à un ressenti, personnellement, qu’à une longue analyse. Après, un ressenti est un ressenti. Il faut accepter de ne pas avoir le même. Mais de là à aller dire à quelqu’un que ses avis sont trompeurs, c’est cavalier ! Quant à ceux qui ne lisent pas de livres qui contiennent un gros mot, il faut qu’ils se libèrent un peu (je n’ose pas dire « qu’ils pètent un coup ! » Ah, ben, si, tiens, je l’ai dit !!!)

              • Et quand un éditeur le demande expressément, c’est ennuyeux… pour le blogueur. Si les procédés sont trop évidents (je me souviens d’un livre où chaque nom était suivi d’un adjectif, voir d’un complément du nom), il y a un souci, à mes yeux (ou comment j’ai failli dégouter mes élèves de Victor Hugo parce que celui-ci employait, à leurs yeux, trop souvent l’anaphore et la gradation).
                Oui, cela l’était – je ne cherche pas à « vendre », mais à dire mon ressenti.
                Je pense qu’il faudrait créer pour eux un label « cent pour cent belles lettres ».

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