Tatouage de Manuel Vazquez Montalban

Mon résumé :

Pepe Carvalho a 37 ans. Il a bourlingué. Il vit à Barcelone et, en cette année 1976, l’Espagne s’éveille à la démocratie. Un corps est retrouvé, flottant dans la mer. Impossible de connaître l’identité de cet homme, défiguré. Seul indice : un tatouage, « Né pour révolutionner l’enfer ». Un gérant de salon de coiffure demande à Pepe d’enquêter et de découvrir son identité.logoespagnesharon2

Mon avis :

Eureka ! J’ai trouvé le premier tome des aventures de Pepe Carvalho, détective privé désabusé, amateur de femmes, de bonne chair (et non d’horribles plats tout préparé), qui brûle des livres dans sa cheminée, hiver comme été. Il est en couple avec Charo, qui exerce le plus vieux métier du monde. Biscuter ne travaille pas encore pour lui. Il a pour indic Bromure, persuadé que l’eau et la nourriture contiennent… du Bromure, pour freiner les ardeurs de la population. Prévoyant, il met de côté pour ses vieux jours.

L’enquête dont il est en charge l’étonne : retrouver l’identité d’un mort ? La police la connaît certainement, même si elle ne veut pas la dévoiler dans les journaux. Pourquoi Ramon, gérant d’un salon de coiffure, ne va pas tout simplement le demander au commissariat ? Non, cet homme, dont on murmure qu’il s’est déclassé par amour pour la belle Queta, manucure de sa femme et désormais coiffeuse, veut que Pepe enquête, et il le fait (en plus, c’est bien payer).

Malheureusement, ce n’est pas aussi facile que cela paraît. La mort de ce jeune homme a mis la police en mouvement. Elle a même fait de sacrés coups de filet – pourquoi n’en faire qu’un quand on peut en faire plusieurs, taper dans les milieux de la drogue et de la prostitution. Pepe suit les pistes qui se présentent, se rendant aux Pays-Bas, pays dont la liberté fait peur aux ouvriers espagnols qui y ont trouvé du travail. Non, une telle bêtise n’est pas dite ou pensée par Pepe, mais par la police hollandaise qui aimerait bien embaucher ( ou débaucher, c’est selon) Pepe, pour veiller sur ses populations si sensibles, si fragiles, si faciles … à renvoyer. C’est leur triste vie que nous montre Vazquez Montalban, celles d’hommes obligés de vivre loin de leur famille pour subvenir aux besoins des leurs.

Pepe paie de sa personne au cours de cette enquête, il n’est pas sans rappeler Nestor Burma – dans ses moments les plus douloureux. Certains taxent Pepe de misogynie, de machisme. Ce n’est pas si simple. Il n’hésite pas à tabasser un mac – au grand dam de celle qui travaille pour lui, alors que son « chéri » se roule royalement les pouces. Il porte un regard acéré sur les femmes qui vivent dans un roman, non dans la réalité, pour celles qui se donnent des frissons à peu de frais. L’adultère, oui, mais en restant une femme respectable et respectée. Quand une femme s’ennuie trop, son riche mari lui offre un magasin de vêtements, comme avant on offrait un bureau de tabac aux jeunes filles séduites. Misogynie ? Constat dû à l’observation de ce qui l’entoure, et Pepe ne pourrait résoudre ses enquêtes s’il n’avait un oeil acéré.

Tatouage, ou un roman policier presque parodique, dans une Barcelone des années 70, bien loin de celle des jeux olympiques qui nous fait découvrir des quartiers chers aux cœurs des auteurs catalans – et ceux qui y vivent.

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33 réflexions sur “Tatouage de Manuel Vazquez Montalban

  1. J’imagine ta joie en le découvrant ! Une série déjà notée mais je ne l’ai pas vu à ma biblio. Par contre, j’en ai choisi 2 pour ton mois et je ne les ai toujours pas lus par manque de temps. Il va falloir que je me bouge.

  2. Pingback: Le mois espagnol, c’est parti ! | deslivresetsharon

  3. Tu vas connaître Barcelone comme ta poche, tu ne seras pas perdue si tu y vas un jour !!! 😆 En lisant ton billet, je me demandais si ce n’était pas un peu caricatural et à la fin tu dis que ça frôle la parodie, donc ça confirme ! Pas trop tentée…

    • Pas tant que cela : Gonzalez Ledesma et Vazquez Montalban ont en commun de montrer une Barcelon qui n’existe plus, une Barcelone qui n’est plus la même depuis les jeux olympiques de 1992.
      L’écriture de ce livre était un défi pour son auteur : imiter les polars américains. Défi réussi.

      • Je préfère que ça se passe en Espagne ! Barcelone, Paris et d’autres mégapoles ont changé, avec ou sans les jeux… Mais rien que pour retrouver ce Barcelone dont tu parles (dont il parle 🙂 ), je pourrais le lire !!! 😀

  4. Ah oui, le premier ! Après, il y a l’envie de lire les autres à la suite 😛
    Effectivement, bizarre, le coiffeur qui demande, ça m’intrigue aussi…
    Bon weekend et caresses aux membres de la tribu 🙂

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