Jour maudit à l’île-Tudy d’Anne Solen Kerbrat

édition du Palémon – 272 pages.

Présentation de l’éditeur :

Il est des lieux de sinistre mémoire…
Ainsi en est-il de ce blockhaus qui défigure la dune de l’Île-Tudy, en sud-Finistère. Lorsqu’on y découvre un corps sans vie, étrangement mutilé, c’est l’émoi dans le paisible petit port, d’autant que la victime était une jeune femme sans histoire…
À charge pour les fidèles Perrot et Lefèvre, secondés par la frêle Colombe, de démêler l’écheveau qui les mènera au cœur de cercles sataniques.

Mon avis :

Cette enquête permettra d’élucider un meurtre. Cela peut paraître logique, et pourtant, très souvent, les romans policiers proposent une surenchère de crimes, si bien que l’on ne s’attarde pas vraiment sur les victimes, mais sur le coupable qu’il convient de démasquer.

Ici, le corps d’une jeune femme quasiment sans histoire, Élodie Le Gall, est retrouvé dans un blockhaus. Quasiment, mais pas totalement : la jeune femme, âgée de 27 ans, vivait encore chez ses parents parce que son salaire ne lui permettait pas d’être totalement indépendante. Elle vivait sa vie, cependant, sortait, avait, semble-t-il, un petit ami dont elle parlait peu, ne s’entendait plus très bien avec Sarah, sa sœur cadette, lycéenne. Il est pourtant des événements étranges qui sont révélés au cours de l’enquête, et s’il n’y aura pas d’autres cadavres, il ne faut pas oublier que les victimes peuvent très bien rester en vie après une agression et ne pas oser porter plainte. La parution de ce roman date de quelques années, et pourtant, les choses n’ont pas vraiment bougé pour les victimes.

Perrot et Lefèvre sont amis, policiers (l’un a d’ailleurs demandé sa mutation pour suivre l’autre), différents et respectueux des différences de l’autre – l’amitié, c’est cela aussi. Perrot est séparé de sa femme, mais il fait tout ce qu’il peut pour préserver les liens avec ses deux enfants – et sa femme ne fait rien non plus pour l’en empêcher : ce sont deux adultes qui se séparent, pas deux parents qui divorcent de leurs enfants.

Parents, enfants, l’un des thèmes principaux de ce récit. Il est des moments où l’on peut être moins proche de ses enfants, parce qu’ils ont grandi, parce qu’ils ont besoin d’indépendance. Il est des parents qui, parce que tout a l’air de bien aller, pensent véritablement que tout va bien et sont trop occupés par leur propre vie pour voir ce qui ne va pas dans l’existence de leur progéniture. Il en est d’autres qui pensent bien faire : respecter l’intimité, la vie privée de son enfant, c’est bien, sauf qu’à un moment, ce qui est de la pudeur peut aussi être vu comme un manque de communication totale, voire de l’indifférence. Respecter, c’est bien, dire ce que l’on ressent vraiment, même si ce n’est pas facile, c’est mieux.

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