Archive | 26 avril 2014

Des livres et une rolls

Présentation de l’éditeur (extrait) :
Amérique, années 1920. Un brillant jeune homme triomphe en littérature. Il est talentueux, il est beau, il est affable. Il s’appelle Francis Scott Fitzgerald. Les critiques sont charmés. Dans ce choix inédit de ses interviews, il se montre à la fois sérieux et moqueur, espiègle et brillant.  […] « Des livres et une Rolls » ? C’est ce qu’il voudrait s’offrir avec l’argent qu’il va gagner. [….]
f-scott-fitzgerald-an-american-icon-1Mon avis :
Je sens que l’on m’adressera peut-être un petit reproche…. Oui, j’ai choisi ce titre parce qu’il me permettait de valider le challenge Un mot, des titres de cette session (et qu’il était disponible en occasion), tout en validant au passage deux autres challenges. Si je ne suis plus atteinte de challengite aiguë, je tiens à honorer de mon mieux les challenges auxquels je suis inscrite.
J’ai choisi de raccourcir la présentation de l’éditeur, parce qu’elle oriente l’interprétation des textes. Je ne suis pas contre un apparat critique, surtout pour présenter une succession d’interviews, réparties sur seize ans, mais les interprétations orientées et définitives d’entrée de jeu me dérangent.
En tout, dix-sept interviews, plus ou moins longues, sont recueillies dans ce recueil. Certaines sont très courtes (trois pages) d’autres très longues – près de quarante pages. Nous pouvons y lire tout d’abord le « bonheur » du jeune auteur, ses succès, ses livres à venir. Les interviews ne sont pas seulement des questions/réponses, elles sont encadrées par les réflexions de l’auteur, la présentation du contexte – quand ce n’est pas Fitzgerald lui-même qui mène la danse en questionnant Zelda.
En effet, c’est le bonheur que montre Francis Scott dans les premières interviews, avec Zelda, « la personne la plus charmante du monde » et  leur fille Scotty, ou encore « J’ai même épousé l’héroïne de mes histoires ». Puis, peu à peu, cette image s’estompent. Zelda tombe malade, guérit, et Fitzgerald doit faire face à de nombreux soucis, tout en continuant à écrire. La dernière interview, qu’il donne pour ses quarante ans, est particulièrement poignante.
S’il est un principe des interviews qui a traversé le temps, c’est bien de sortir une phrase de son contexte, et de réduire l’article à celle-ci. L’exemple le plus frappant est Francis Scott Fitzgerald déclare : « Toutes les femmes de plus de trente-cinq ans devraient être tués ». D’un autre côté, le contenu de certaines interviews avait de quoi faire bondir n’importe quelle militante féministe telles que « Les femmes américaines sont des sangsues », p. 81 (interview de 1922 au New York Evening World). Faut-il y voir une conséquence de ces petites phrases chocs ? L’une des journalistes se défoule littéralement sur lui, à coup de jeux de mots douteux, et autres accusations – Fitzgerald « pille » les textes de sa femme, pour ses propres écrits, théorie reprise régulièrement par les supporters de Zelda.
Un livre à réserver à ceux qui ont déjà une bonne connaissance de l’oeuvre de Fitzgerald, et veulent en savoir plus sur lui, et sur le journaliste d’avant la seconde guerre mondiale.
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Pièce détachée de Pieter Aspe

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Présentation de l’éditeur :

Quand une enquête du commissaire Van In commence par un simple cambriolage, il faut se méfier… C’est souvent le début d’un savant imbroglio. Et de fait, après le cambriolage d’un homme de théâtre renommé, on découvre un doigt coupé dans le théâtre où va se donner la pièce mise en scène par le compagnon de la cousine d’Hannelore ! Avant de retrouver, après l’incendie d’un centre équestre, un corps auquel manque… un doigt. Seul lien entre ces deux affaires : la plupart des acteurs du drame étaient au même moment au Chili, dans des circonstances troubles. Une nouvelle enquête au cordeau, menée tambour battant par le trio explosif Van In, Hannelore et le brigadier Versavel, sur fond de séquelles de la dictature chilienne…

mois-belge-logo-folon-redstar-38-gras-blanc-ombre-orange-1-sans-bordMon avis :

J’aime lire les enquêtes du commissaire Van In, et c’est tout naturellement, après avoir lu La mort à marée basse, que  j’ai poursuivi avec Pièce détachée.
J’ai moins aimé ce tome, la faute à un mélange des tons pas toujours très heureux. Nous passons de la tragédie la plus pure, avec des détails particulièrement éprouvants à la bouffonnerie la plus complète, quand l’érotisme n’apparaît pas, au détour d’une rencontre. Volonté de distinguer la vie « quotidienne », une sexualité normale, de la cruauté qu’un homme peut exercer sur ses semblables ? Peut-être. Force m’est de constater que la sexualité est au coeur de ce roman. Tandis que la police est à la recherche d’un exhibitionniste, Hannelore, substitut du procureur et compagne ô combien désirable de Van In héberge sa cousine très libérée et son metteur en scène de compagnon, encore plus libéré. Ils ne sont pas les seules personnes dans ce cas. L’une a une liaison avantageuse pour maintenir son centre équestre à flot – pas de bol, il brûle. L’autre a des relations avec un homme de théâtre pour obtenir un rôle dans une pièce contemporaine dénudée. La troisième fait chanter, à son avantage, un homme politique.  Le « charmant metteur en scène » propose même sa maîtresse (à distinguer de sa compagne) à Van In. Où est l’amour dans tout cela ? Il existe, pourtant, mais il est rarement lié à la chair – sauf dans le cas de Van In et Hannelore.

Mutilation, incendie, meurtre, second meurtre, agression, troisième meurtre… L’enquête est particulièrement alambiquée et Van In jette tous ses hommes – et ses femmes – dans la bataille. Les indices sont bien là, mais les fausses pistes s’accumulent, puisque chacun a des secrets à dissimuler. Certains sont des plaies encore vives. D’autres, de petits arrangements mesquins avec leurs consciences. Dire que certains sont prêts à tuer pour les préserver n’est pas une évidence, c’est un lieu commun.

Je terminerai par un dernier regret : Versavel est quasiment absent de l’enquête, lui qui « fait le point » sur sa sexualité. Cela me ferait presque rire que cette conversion subite à l’hétérosexualité. Espérons qu’il reprendra toute la place qu’il mérite dans les oeuvres à venir.

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