Archive | 22 novembre 2023

Le mystère des petits lavoirs de Nicole Buffetaut

Présentation de l’éditeur :

La pluie de novembre tombe sans discontinuer sur la petite ville normande. Presque personne dans les rues envahies par la nuit. Un clochard aviné grommelle des mots sans suite, quelques femmes sortent de l’église, s’empressent de rentrer. Presque personne, et cependant, dans l’ombre, le long de la rivière aux eaux grossies, se cachent le drame et la mort.
Qui détestait à ce point Mme Bertin, la femme d’ordre et de devoir, l’épouse irréprochable ? Qui l’attendait pour ce rendez-vous macabre ?
Les petits lavoirs livreront-ils leur mystère à l’inspecteur Coignard.

Mon avis : 

Voici le livre que j’ai lu au quart d’heure lecture en alternance avec La libraire de la place aux herbes. Autant vous dire que ce livre-ci m’a plu davantage. Ce polar semble pourtant hors du temps, mais proche de ce que j’ai pu connaître de l’histoire de la ville normande où j’ai grandi. Les lavoirs sont une institution, un lieu de socialisation indispensable pour les femmes, où s’échangeaient toutes les nouvelles. Un lieu où l’on meurt aussi. Je ne pense pas à la victime de ce roman, je pense à une autre – mais ceci est l’histoire de ma famille.

Madame Madeleine Bertin est morte. Elle était la femme du docteur Bertin, sa seconde épouse. Sa première femme, la mère de ses deux enfants aujourd’hui adultes, est morte « de faiblesse » après la naissance de son second enfant, sa constitution fragile n’a pas supporté les privations dues à la guerre. Si Monique, la fille, est mariée, heureuse, proche d’Eugénie, la bonne qui l’a élevée comme sa fille, l’âme de la maison Bertin véritablement – si vous cherchez un peu de chaleur humaine, allez dans son domaine – Jean-Paul, lui, ne va pas bien. Artiste, il a des soucis, des problèmes psychologiques dirait-on aujourd’hui, et il fait de fréquentes séjours en maison de repos quand il ne va pas bien. Sa belle-mère ne l’appréciait pas vraiment, et c’est à son sujet qu’elle s’était disputée avec son mari, quelques heures avant sa mort. Mais qui peut l’avoir tué ? Si Madeleine Bertin, ancienne professeure de latin, n’avait pas vraiment d’amis intimes, elle n’avait cependant pas d’ennemis, et ses anciens collègues louent son professionnalisme sans arrière-pensée.

Ce n’est pas que l’enquête prend son temps, c’est plutôt que l’inspecteur n’a pas tant de pistes que cela à explorer, si ce n’est celle du drame intime, et là, les suspects sont réellement peu nombreux. Je me suis surprise à me demander pourquoi le docteur s’était remarié, lui qui semble ne pas avoir aimé sa seconde épouse, lui qui a attendu que ses enfants soient grands pour le faire, lui qui, enfin, a fait savoir à sa seconde épouse qu’elle n’avait pas sa place dans la sépulture familiale. Non, ce n’est pas anodin, du moins, pas pour moi, moi qui ait connu un couple marié qui a tenu à ne pas être enterré ensemble – ceci n’est pas une histoire de ma famille.

Non, l’inspecteur Coignard n’est pas antipathique, mais il ne m’est pas sympathique non plus, lui qui passe plus de temps à badiner avec une jeune professeur qu’à enquêter – du moins, c’est l’impression qu’il m’a laissé. Je n’ai pas vraiment apprécié les pages dans lesquelles on le voit flirter avec la belle Hélène, qui se montre parfois assez moqueuse à son égard, j’avais presque envie de tourner le plus rapidement possible ses pages, parce qu’elles m’ennuyaient. Oui, l’inspecteur emmène Hélène enquêter à Bernay avec lui, sans que j’ai l’impression que cela fasse réellement progresser l’intrigue. Peut-être parce qu’Hélène n’est pas le personnage féminin qui a la plus forte personnalité du roman.

Cependant, le roman reste agréable à lire, jusqu’au dénouement qui reste suffisamment surprenant. Oui, il est possible de garder des secrets, même pour ses proches, même dans une toute petite ville de province.

Un prix du Quai des Orfèvres de bonne tenue, que j’ai trouvé dans une de mes librairies préférées.