Archive | 8 août 2022

Englebert des collines de Jean Hatzfeld

Présentation de l’éditeur :

« Un matin, j’étais avec Alexis. Nous avons dissimulé deux enfants sous les feuillages et nous avons cherché notre trou de vase. Les tueurs sont venus en chantant. Ils se sont approchés tout près, j’ai senti leur odeur. J’ai chuchoté à Alexis : « Cette fois, nous sommes bientôt morts. » Il m’a répondu : « Ne bouge pas, je vais les feinter. »
Il a hurlé le rire de la hyène. C’était très bien imité. Ils ont reculé de peur de la morsure. Mais en s’écartant de leur chemin, ils ont découvert une cachette de femmes et d’enfants. On a entendu les coups plus que les pleurs parce que les malchanceux choisissaient de mourir en silence. »
Voilà une quinzaine d’années, dans la ville de Nyamata, Jean Hatzfeld a rencontré Englebert Munyambonwa, qui arpentait en haillons la grande rue, s’arrêtant dans tous les cabarets, hélant les passants. Une amitié est née avec ce personnage fantasque, rescapé des brousses de Nyiramatuntu, fils d’éleveurs, grand marcheur aussi érudit qu’alcoolique, accompagné par ses fantômes dans un vagabondage sans fin.

Mon avis : 

Il est difficile de chroniquer ce livre, parce qu’en le lisant, je ne l’ai pas considéré d’un point de vue littéraire, je l’ai considéré par la force du récit, de cette biographie d’un homme qui a survécu, qui tente de vivre avec le souvenir des siens qui ont été massacrés, avec le souvenir de toutes les personnes qui ont été tuées.

J’ai eu du mal à livre ce livre aussi, parce que les faits racontés sont durs,  parce qu’il s’agit d’un témoignage brut, qu’il ne s’agit à aucun moment d’atténuer ou de romancer, il s’agit de montrer, aussi, comment la situation dans le pays s’est dégradée, peu à peu, comment, si l’on faisait partie d’une des deux ethnies, et pas « la bonne », il était difficile de faire des études supérieures, quand bien même les résultats scolaires étaient honorables. Montrer, raconter comment Englebert a traversé cette période, comment il a appris la mort des siens, comment il lui a été impossible de reprendre le poste qu’on lui proposait – celui de son frère massacré. Je ne dis pas qu’il vit, depuis le génocide, je dis qu’il traverse la vie, qu’il absorbe quotidiennement la dose d’alcool qui lui permet de traverser cette journée supplémentaire.

Je ne sais pas si j’aurai le courage de lire une autre oeuvre de cet auteur.