Archive | 15 août 2022

L’inspecteur Doublet à travers le monde, tomes 1 et 2 de Jean Normand

Tome 1 ; Les faiseurs de Quimbois

Présentation de l’éditeur :

À Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane, un pauvre hère venant de découvrir un gisement aurifère est retrouvé mort, dans sa chambre, d’une cause qui semble naturelle.
Un major d’infanterie coloniale, seul médecin du pays, conclut rapidement à un coup de « quimbois », un breuvage qu’on va acheter à une sorcière, et qu’on fait absorber à son insu à un rival pour s’en débarrasser.
Le jeune sergent Paul DOUBLET, lassé que ce genre de meurtrier ne soit jamais inquiété du fait que ledit poison ne laisse aucune trace dans l’organisme, décide de profiter de sa semaine de congé pour enquêter sur le crime. Son objectif premier, trouver le faiseur de « quimbois »…

Mon avis : 

J’avais un peu laissé de côté mon exploration de la littérature fasciculaire. Me revoici avec les deux premiers tomes des enquêtes du sergent Doublet. L’action du tome 1 se passe en Guyane, là où Raoul Antoni Lematte a été en poste. S’il a choisi le pseudonyme de Jean Normand, c’est parce qu’il est né à Cherbourg.

Nous suivons dans ce premier tome une enquête qui n’aurait pas dû avoir lieu, non parce que Bélévent n’a pas été assassiné, mais parce que le major ne songe pas à enquêter. A quoi bon ? Personne ne parlera, le poison sera indétectable, la mort de Bélévent passe donc pour une mort naturelle. Ce n’est pas de chance pour le pauvre bougre qui venait de faire fortune et qui, au lieu de tout dépenser, avait investi, avait ouvert un commerce dont les débuts étaient prometteurs.

Si le major a baissé les bras, emporté par la force de l’habitude, le sergent Doublet, lui, se propose de mener l’enquête. Cependant, il avertit son supérieur de ce qu’il compte faire et de l’endroit où il se rend – cela paraît banal, ce que j’écris, mais dans combien de polars « modernes » lit-on que les policiers se sont mis en danger parce qu’ils avaient agi seuls, sans co-équipier, sans prévenir leur hiérarchie au point que s’en est presque un cliché ? Trop souvent.

Doublet enquête, et pour cela parle beaucoup, lançant des pistes, et trouvant aussi. Alors oui, l’on peut dire que la manière de voir les guyanais est datée. Cependant, je ne m’interdis pas de lire certains livres qui sont le reflet de leur époque et nous renseigne sur celle-ci, sur les éditeurs et sur les lecteurs. Je tiens également à signaler à ceux qui ont la phobie des serpents que ce livre n’est vraiment, mais alors vraiment pas pour eux, parce que nous croiserons beaucoup de serpents, et si la plupart sont inoffensifs, d’autres sont utilisés, et pas pour leur beauté, ou l’intérêt qu’ils peuvent avoir.

Pour le tome 2, il se passe au moment où Doublet quitte la Guyane. Enfin, il se passe plutôt au moment où il aurait dû quitter la Guyane, puisque l’enlèvement d’une jeune femme l’amène à rester, à enquêter, et à la retrouver. Cette enquête, terriblement ancrée dans l’époque à laquelle elle était écrite, nous emmène chez les « indiens » de Guyane. Il évoque aussi le bagne, celui des hommes, celui des femmes, comme une institution qui ne pose pas de problèmes aux personnages du récit. Il a existé, il est arrivé qu’une femme parvienne à s’échapper et à survivre parmi les indiens, devenant ainsi une créature légendaire – enfin, pour ceux qui, comme Doublet, s’intéresse au légende. L’enquête est rapidement menée, si j’ose dire, et nous sommes davantage face à un roman d’aventures qu’à un roman policier proprement dit, puisque nous suivons Doublet et ses adjuvants se lancer dans le sauvetage de la jeune femme, se confronter aux animaux sauvages, aux pièges de la nature, et aux hommes aussi.

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