Dernier jour sur terre de David Vann

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Présentation de l’éditeur :

Le 14 février 2008, Steve Kazmierczak, 27 ans, se rend armé à son université. Entre 15h04 et 15h07, il tue cinq personnes et en blesse dix-huit avant de se donner la mort.
À l’âge de treize ans, David Vann reçoit en héritage les armes de son père, qui vient de mettre fin à ses jours d’un coup de revolver.
Quel itinéraire a suivi Steve Kazmierczak avant de se faire l’auteur de ce massacre ? Quel parcours l’écrivain David Vann devra-t-il emprunter pour se libérer de son héritage ? L’auteur retrace ici l’histoire de ce meurtrier, paria solitaire, comme tant d’autres. Comme lui par exemple, qui enfant se consolait en imaginant supprimer ses voisins au Magnum.

Mon avis :

Ce n’est pas une lecture très réjouissante, c’est presque une lecture de circonstances, même si les faits remontent presque à une dizaine d’années. Une fusillade, dans un campus, cinq morts (seulement, certains sont tentés de dire), dix-huit blessés. Des journalistes, aussi, qui écrivent n’importe quoi, annonçant pour mortes des personnes qui ne le sont pas. Du sensationnel, de l’audience – non pas déjà mais encore et toujours. Et un tueur, qui a reçu une haute distinction de son université, que tous décrivent comme « gentil ». Cherchez l’erreur, ou plutôt cherchez ce que les autres n’ont pas su voir.

Ceci n’est pas un roman, plutôt un document. David Vann a été frappé par cet événement, par ce jeune homme avec qui il s’est découvert des points communs. Pourquoi l’un a commis un crime de masse, alors que l’autre est devenu écrivain ? David Vann va nous parler de lui, sans pour autant parasiter son récit par des interrogations hors de saison. Contrairement à plusieurs auteurs français, il ne se demande pas s’il a le droit de parler de sa propre vie, de celle de ses proches : il le fait. Il nous montre ce gamin de treize ans – lui – qui avait eu sa première arme à feu à neuf ans, qui a chassé à douze ans, parce que c’était une tradition, qui a hérité des armes de son père à son suicide sans que cela ne dérange qui que ce soit. Lui aussi a fait des bétises. Il aurait pu mal tourner aussi si…. s’il avait reçu la même éducation et le même absence d’amour que Stevl. Je résume, l’analyse est plus fouillée dans le livre, mais le cas David Vann n’est pas le coeur de ce livre.

Non, le coeur, c’est Steve, ce gamin qui regardait des films d’horreur avec sa mère et que celle-ci a rejeté aux premiers troubles. Ce môme qui a été abruti de tranquillisants de toutes sortes, en des dosages qui me semblent énormes, même sans être une professionnelle de santé. Ce garçon qui n’assumait pas ses préférences sexuelles et menait une vie sentimentale des plus chaotiques, tentant parfois de se confier à sa soeur, ou à des inconnues sur le net. Ce jeune homme qui, en trichant sur ses antécédents, a été recruté par l’armée, entraîné à tuer, puis jeté sur le pavé dès que la vérité a été découverte.

Son milieu culturel ? Le racisme ordinaire, décomplexé et le culte des armes à feu. Lui et ses amis disaient pratiquer l’humour noir – je n’en avais jamais lu d’aussi noir et d’aussi peu drôle. Tous trois (David Vann a changé les prénoms de ses proches) sont fascinés par les tueries de masse, par les moyens que les tueurs ont employés pour tuer le plus de personnes possibles. Et, bien sûr, cela n’inquiète pas ses amis. Petit jugement personnel : et si cela n’avait pas été Samuel qui avait franchi le pas, cela aurait-il pu être un autre de ses proches ? Pour moi, c’est possible.

David Vann cherche à comprendre, non à excuser. Il comprend que, pour ses amis, Steve est une victime lui-aussi – et je comprends que ce ne soit pas acceptable pour beaucoup d’autres. Chaque tuerie de masse rend la police, les secours, un peu plus efficace. Mais les véritables leçons ne sont jamais tirées par les pouvoirs publics.

« Acheter un Glock 19, quelques chargeurs supplémentaires, entrer dans une salle de classe et tirer sur les gens. Nous n’avons encore rien mis en place pour empêcher quelqu’un de commettre un tel acte. C’est un droit américain. « 

« Je [David Vann] vois de panneaux en bordure de route qui affirment : Les armes sauvent des vies. Si ça, ce n’est pas de la manipulation, qu’est-ce qu’on entend alors par « manipulation »?

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9 réflexions sur “Dernier jour sur terre de David Vann

  1. J’ai lu une fois Vann, et vraiment, je n’ai pas le souvenir d’avoir lu quelque chose d’aussi nase…je me suis disputé à l’époque avec certaines blogueuses à son sujet…mais là j’ai un avis hyper tranché ce qui est rarement le cas…je me rappelle avoir dit à l’époque, pour faire une Vann(e) que son livre était une vraie Désolation (rires….) 😀 😀

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