La prophétie de l’abeille de Keigo Higashino

Présentation de l’éditeur :

Un matin d’été, la voiture de l’ingénieur Yuhara pénètre dans le complexe de Nishiki Heavy Industries. C’est aujourd’hui que l’hélicoptère sur lequel il travaille depuis des années doit être livré à son commanditaire, l’Agence de défense du Japon. Sa femme et son fils l’accompagnent pour assister à la démonstration de vol. Yuhara se rend dans son bureau tandis que sa famille l’attend à la cafétéria en compagnie de l’épouse d’un collègue et de son petit garçon. Les deux enfants vont jouer dehors et réussissent à se glisser dans le hangar où se trouve l’hélicoptère, et même à bord de l’appareil. L’un des deux est encore dedans lorsque celui-ci se met à bouger. Bientôt, sous les yeux terrifiés de son compagnon de jeu, l’hélicoptère prend son envol. D’abord stupéfaits, les ingénieurs comprennent bientôt que l’appareil a été manipulé à distance. Moins d’une heure plus tard, l’hélicoptère s’immobilise au-dessus d’un réacteur nucléaire. Les autorités reçoivent un message signé de « l’Abeille du ciel » : l’appareil, chargé d’explosifs, s’écrasera sur le réacteur quand il aura épuisé son carburant si toutes les centrales du Japon ne sont pas mises immédiatement hors d’état de fonctionner…

Mon avis :

Ce livre, le dernier en date de Keigo Higashino (je l’ai acheté en poche au dernier salon du livre), est presque un roman d’anticipation – ou une dystopie, comme on voudra. Certains penseront aussi à un sujet pour téléfilm catastrophe : un hélicoptère télécommandé, un enfant à l’intérieur, une menace nucléaire…. Depuis l’écriture de ce roman, la catastrophe nucléaire est devenue une réalité, et j’aimerai savoir si cela a changé la réception du roman au Japon.

Pour ma part, vu de France, ce que je retiens – et qui est valable au Japon comme dans tout pays qui utilise le nucléaire – c’est à quel point on peut dépenser de l’électricité pour des choses que l’on n’aurait jamais envisagé avant (la climatisation à outrance, partout) et à quel point l’on peut en être dépendant, sans se soucier de la manière dont l’électricité est produite, le coût réel que cela peut avoir. Je reste persuadée que l’objectif de ce roman n’est pas seulement d’être un thriller efficace, mais aussi de nous amener à réfléchir sur nos propres pratiques.

Un hélicoptère près à être lancé sur une centrale nucléaire. Prouesse technique de la part des constructeurs mais aussi de la part de la personne (ou des personnes) qui ont détourné l’appareil. Frayeur, aussi, parce que les conséquences de la chute de l’hélicoptère sur la centrale ne sont pas réellement connues, juste imaginées, supposées, minimisées. Le trait de génie de l’auteur est d’avoir ajouté la présence du fils d’un des responsables de la conception de l’hélicoptère dans l’appareil. Qu’est-ce qui est plus capable d’émouvoir un terroriste (employons le mot) qu’un enfant  ? Enfin, si l’on parvient à croire que le sort d’une seule personne, que les parents ont été incapables de surveiller, puisse émouvoir quelqu’un qui envisage de causer de nombreuses victimes.

Il est des morceaux de bravoure dans ce roman, comme le sauvetage du jeune garçon. Il en est d’autres qui rappellent que le lien parents/enfants n’est pas si évident que cela – si, en France, le harcèlement n’est plus pris à la légère, ce n’est pas vraiment le cas au pays du soleil Levant. De même, la peur engendrée par le nucléaire est elle aussi passée sous silence, minimisée. Ce dont on ne parle pas n’existe pas.

La prophétie de l’abeille est un excellent roman, qui démontre à nouveau le talent de Keigo Higashino.

Asie2

6 réflexions sur “La prophétie de l’abeille de Keigo Higashino

  1. Cela fait déjà quelques années que je remets en question mes pratiques « électriques » et si j’avais les moyens, j’investirais dans l’énergie solaire (mais il faudrait re-concevoir la maison) et je traque le gaspillage ou ce dont on peut se passer. Ce qui était « la Fée électricité » est devenue « sorcière » et surtout une addiction bien souvent plus qu’une nécessité (dans certains domaines)… Douce utopie mais il faudra certainement plus de temps pour la remplacer qu’il en a fallu pour qu’elle existe… Un livre qui doit résonner chez les victimes du nucléaire ! 😉

    • Oui, je pense que ce livre résonne chez les victimes du nucléaire. Maintenant… certaines personnes tiennent à tout prix à leurs acquis (ex : les sèche-linges) sans se dire qu’ils consomment énormément d’électricité alors qu’il existe d’autres moyens.

  2. Pingback: Challenge polar et thriller – mon bilan | deslivresetsharon

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