Cinq petits indiens de Michelle Good

Présentation de l’éditeur : 

Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones, libérés des pensionnats, essaient de survivre dans le quartier d’East Vancouver, entre prostitution, drogue et petits boulots.
Il y a Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l’American Indian Movement ; Kenny, qui ne sait plus comment s’arrêter de fuir, et, enfin, Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.
D’une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant.

Mon avis : 

Merci à Babelio et aux éditions Seuil pour ce partenariat.

J’ai déjà lu, par le passé, des livres qui parlaient des indiens, et du sort qui leur avait été réservé par les blancs. Je pense à Phoenix, Arizona de Sherman Alexie ou La cérémonie d’hiver d’Elise Fontenaille (que je recommande fortement). Ici, nous sommes au Canada, dans les années soixante. Les policiers, sans aucun souci, viennent prendre les enfants chez eux et les parents, même s’ils ne démènent, n’en auront plus de nouvelles avant leur seize ans – si tant est qu’ils retrouvent leurs enfants le jour de leur seize ans. L’on a mis à jour des centaines de corps d’enfants – ceux qui n’ont pas survécu, ceux qui ont été battu à mort, maltraité à mort, ceux que l’on a privé de soin.

Maisie, Lucy, Clara, Kenny et Howie ont survécu. L’on voudrait croire que tout ira bien pour eux, que tout est derrière eux, qu’il suffit d’avoir survécu pour ensuite mener une vie heureuse. C’est ce que pensent ceux qui n’ont pas vécu ce qu’ils ont vécu, ce qui ne peut pas être dit – qui les écouterait ? Qui auraient envie de les écouter ? Certainement pas ceux qui les ont mené, ou ramené dans ce pensionnat. Pensaient-ils vraiment bien faire ? Il fallait « tuer l’indien dans l’enfant », et tous les moyens étaient bons. Je ne crois pas me tromper en disant que le clergé avait un poids très important au Canada pendant ces années-là. Le père et la soeur qui s’occupaient du pensionnat m’ont fait penser à des prêtres qui sévissaient en France, dès les années 30 (pour avant, je n’ai pas de référence) : quand personne ne vous demande de compte, l’on peut alors faire endurer tout ce que l’on désire aux enfants qui vous sont confiés.

Je me rends compte que je parle plus de moi, que du roman, et pourtant, je voudrai parler aussi de Lily, qui n’a pas eu la chance de survivre. Je voudrai parler des parents, qui eux aussi ont tenté de survivre, qui ont sombré, souvent, dans l’alcool. Je voudrai parler aussi de l’hostilité que les blancs pouvaient distiller envers les indiens – voir l’assistante sociale que l’on envoie à Lucy dès le jour de son accouchement et qui ne devra son salut que grâce à l’aide de ses proches, plus aguerris qu’elle. Je citerai aussi Clara, qui tient un rôle central dans cette oeuvre, par son engagement, par son énergie, par sa volonté d’aider les autres de son mieux, par son attachement à John Lennon, son chien.

Ce n’est pas une lecture facile, parce que ce qui nous est raconté est non seulement ce que les enfants ont subi, mais aussi ce qu’ils ont vu que les autres enfants subissaient. Parce que, quand ils revoient leur camarade, s’ils arrivent à se souvenir d’eux, ils se souviennent doublement des sévices – les leurs, les siens. J’aurai aimé ne pas écrire une chronique aussi sombre, mais je n’ai pas vraiment les moyens de terminer cet avis sur une note positive – l’argent touché en réparation ne pourra pas faire oublier ou soigner ce qui a été enduré.

22 réflexions sur “Cinq petits indiens de Michelle Good

  1. C’est un terrible pan de l’histoire canadienne, et le pire, c’est que ces pensionnats ont existé jusqu’à la fin du XXe siècle…
    Il y a des programmes de « réparation » en cours, mais le mal est fait, disons qu’il s’agit surtout d’une reconnaissance de l’injustice et de la violence subies.
    J’en profite, si tu le permets, pour récupérer ton lien car ton billet colle parfaitement à l’activité Lire (sur) les minorités ethniques (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2021/12/lire-sur-les-minorites-ethniques-le.html).

    Bonne journée,

  2. J’ai repéré aussi ce livre. Le sujet m’intéresse et il entre dans le cadre de l’activité « Lire (sur) les minorités ethniques », organisée par Ingannmic. C’est grâce à son récapitulatif que je suis tombée sur ton billet.

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