Les élues de Maggie Mitchell

 

Merci aux éditions Preludes et à Netgalley pour ce partenariat.

Présentation de l’éditeur :

« Tout le monde nous croyais mortes. Nous avions disparu depuis près de deux mois. Que pouvait-on encore espérer ? »  L’été de leurs douze ans, Loïs et Carly May ont été kidnappées et séquestrées dans un pavillon de chasse pendant six semaines. Vingt ans plus tard, Loïs enseigne la littérature britannique au sein d’une petite université de New York, et Carly May peine à relancer sa carrière d’actrice à Los Angeles. Le scenario d’un film, dont l’intrigue est semblable à ce que les deux femmes ont vécu, va de nouveau les rapprocher.

Mon avis :

Il en existe, des livres, des séries, des films qui nous parlent d’enlèvement. Il en est peu qui nous parle de l’après (mis à part quelques épisodes d’Esprits criminels, auquel il est fait référence ici). Les élues sont une exception à cette règle puisque ce roman nous raconte non pas l’enlèvement, la séquestration puis la délivrance, mais toutes les conséquences, bien des années plus tard.
Les deux victimes ont eu de la chance, elles n’ont pas subi de traumatisme physique, non, et il n’y a pas eu non plus de procès, puisque le kidnappeur a été tué par les forces de l’ordre. Elles ont réussi dans la vie, l’une, qui excellait dans les concours d’orthographe, est professeur à l’Université, l’autre, qui écumait les concours de beauté avec sa belle-mère, est devenue actrice, pas une star, non, mais une femme qui n’est pas obligée d’accepter n’importe quel rôle pour vivre. Tout devrait bien aller, si ce n’est que Loïs/Lucy a écrit un roman fortement inspiré de leur enlèvement, qu’un film est sur le point d’être tourné, avec Carly/Chloé dans le rôle principal.
Glauque ? Juste un peu. Ce n’est pas tant le vrai/faux roman qui intéresse que le ressenti des deux jeunes femmes, qui se répartissent équitablement la narration. L’une et l’autre n’ont pu garder le contact – un choix de leurs parents, contre l’avis des psychiatres. Si elles ont pu parler avec leurs thérapeutes, force est de constater qu’elles n’ont jamais pu verbaliser dans la vie courante ce qu’elles avaient vécu. La trajectoire de Loïs l’a aidé à mettre en abîme ce qu’elle a vécu – par sa thèse, qui aborde un thème proche de ce qu’elle a vécu, et lui a permis de s’interroger sur le devenir des victimes. Par le roman, ensuite, qui n’est pas une autobiographie, mais une réécriture de ce qu’elle a vécu, ce que elle seule et Carly peuvent comprendre. La deuxième partie de ce roman en présente de larges extraits, montrant la double (voire triple) identité de Loïs. Le film lui-même n’est jamais qu’une troisième version de l’affaire, avec des comédiens qui s’identifient aux personnages (c’est leur métier) mais aussi aux véritables adolescentes, au véritablement kidnappeur – complexes, oui, mais parfaitement lisibles.
Et les hommes, dans tous cela ? Que ce soit Loïs ou Carly, leur vie sentimentale est décevante, leur vie sociale absente ou conventionnelle. Et ce ne sont pas les étudiants de Loïs, ou les conquêtes de Carly qui changeront quoi que ce soit à ce constat. Tous, ou presque, veulent comprendre les motivations du kidnappeur, celles qu’il n’a jamais exprimées. Et même si le roman connaît un dénouement qui retrouve (un peu) les conventions du genre, il n’apporte pas toutes les réponses, et c’est tout aussi intéressant.

premier roman

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