Préambule :
J’entends, depuis des années, des personnes qui disent qu’elles vont quitter la France si jamais… au cas où…. je vous laisse compléter la phrase. Quitter la France et aller dans un autre pays européen est facile. Quitter la Corée du Nord, comme l’a fait l’auteur et sa mère est tout sauf facile.
Merci à Netgalley et aux éditions Kero pour ce partenariat.
Mon avis :
J’ai éprouvé la honte des survivants, la honte de ceux qui s’en sortent quand tant de leurs proches meurent ou restent prisonniers d’une situation infernale.
Ce témoignage est l’un des rares qui soit publié en France sur la Corée du Nord, et sur ceux qui ont réussi à fuir le pays. Ce livre se découpe en trois parties, Corée du Nord, Chine et Corée du Sud, parce que, pour bien comprendre les raisons de la fuite de Yeonmi, de sa mère, et, un peu plus tôt, de sa soeur aînée, il faut connaître les conditions de vie en Corée du Nord. Elles sont inimaginables vues de France, puisqu’elles font penser à la fois au moyen-âge et aux heures noires de la guerre. Je dis « moyen-âge » parce que nous n’avons plus, en France, de famines depuis longtemps, de difficultés à faire soigner une maladie bénigne, ou d’unité pour accueillir un enfant prématuré. Nous ne pourrions nous passer d’électricité, et je ne parle pas seulement de coupures ponctuelles qui peuvent arriver en cas de tempête. Je parle des « heures noires de la guerre » parce que chaque coréen vit dans la crainte d’être écouté, dénoncé, trahi, pour une broutille, une parole prononcée sans réfléchir. Il en faut peu pour jeter une famille entière dans l’opprobre. Il est impossible de remonter la pente.
Le désir de partir devient alors logique, évident. Ce que Yeonmi Park nous raconte ensuite est tout aussi pénible, inimaginable, de ce trafic d’être humain qui se fait dans l’indifférence générale. Dans son récit, elle nomme ce qui leur est arrivé, à elle et à sa mère, mais elle n’emploie jamais de termes crues, les situations sont en elles-mêmes suffisamment choquantes sans qu’il soit besoin d’en ajouter.
Puis, vient la Corée du Sud – et pas en un jour, nous ne sommes pas dans un film ou une série télévisée. Terre promise ? Paradis ? Les épreuves ne sont pas finies et si Yeonmi nous conte les siennes, elle passe volontairement sous silence celles vécues par sa soeur. Il a fallu s’adapter à ces conditions de vie, pas si différentes des nôtres (voir l’abondance des émissions de télé-réalité, l’omniprésence du bruit, les moyens de communication) et aussi, à la liberté.
Je voulais juste vivre est un livre accessible pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur la Corée.
Merci Sharon, beau billet, je l’ai vu ce livre à la librairie, je vais répercuter le lien sur le blog dédié au challenge. En ce moment; j’écris un petit billet pour le premier anniversaire du blog ! Bon dimanche 🙂
Merci PatiVore. Déjà un an ! Comme le temps passe.
Et bien, je pense que je vais essayer de trouver ce livre.
Merci Zazy. Je l’avais croisée une première fois au salon du livre de Paris, et j’avais voulu être raisonnable. Je sais pourtant que cela ne sert pas à grand chose.
Un très beau billet pour un livre qui doit être dur et émouvant ! En effet, passer du Moyen-Âge au 21ème siècle doit demander de grandes facultés d’adaptation…
Merci Asphodèle.
Oui, dur émouvant, mais accessible. Il ne s’agit pas de faire pleurer dans les chaumières, mais de témoigner.
Il y a eu plusieurs années entre les différentes étapes, des phases difficiles. Elle n’aurait pas pu témoigner juste après son arrivée en Corée du Sud.
On ne se rend pas compte, nous qui avons cette liberté de parole… 😉
Je n’ai jamais croisé ce genre de témoignages, ça doit être très intéressant (et dur).
Dur, oui, mais l’auteur n’est jamais misérabiliste. Elle ne s’est rendue compte de ses conditions de vie qu’après avoir vu d’autres manières de vivre (et non de survivre).
Je ne vais pas le noter même s’il est intéressant.
Ce sujet m’interpelle et j’aimerais vraiment en savoir plus !
Intéressant…merci pour la découverte 😉