Pour qu’il neige de Jessica Au

Présentation de l’éditeur  :

Une jeune femme raconte son voyage à Tokyo avec sa mère. Au rythme du séjour et des balades sous la pluie automnale, des dîners en tête-à-tête et des musées, le lecteur explore par petites touches ce qui lie ces deux femmes immergées dans un pays à la fois étranger et familier pour elles – en raison des origines hongkongaise de la famille. Alors que la narratrice cherche, à travers ce voyage, à recréer une intimité perdue au début de l’âge adulte, chaque discussion semble pourtant être une occasion manquée de se retrouver…
Mais cette déambulation japonaise est également une plongée dans les pensées de la narratrice, où l’on croise sa sœur devenue mère, son fiancé, une professeure qui a changé son rapport à la littérature ou encore un oncle vendeur d’oiseaux. La mémoire se perd pourtant, et les souvenirs brumeux sont autant des repentirs que la narratrice recouvre délicatement de couleurs et de vernis. Sans doute le prix à payer pour ne pas tout perdre et préserver quelque chose du passé.

Mon avis :

Merci aux éditions Grasset et à Netgalley pour ce partenariat.

J’ai été attirée par ce livre, j’ai vraiment eu envie de le lire, et je n’ai pas apprécié cette lecture. Ce n’est pas que ce n’était pas le moment, ce n’est pas que ce livre n’était pas pour moi, c’est que je me suis demandée quel avait été la visée de l’autrice en écrivant ce roman, qui est peut-être en partie autobiographique.

L’action se passe au Japon, et pourtant, je ne me suis pas vraiment sentie au Japon. Certaines actions, notamment la randonnée que la narratrice effectue à la fin du livre, auraient pu se passer n’importe où, tant les descriptions m’ont semblé impersonnelles. Ce n’est pas que ce récit manque de description, non, c’est plutôt que certaines ne m’ont pas intéressée du tout, comme les très nombreuses précisions sur la manière dont la narratrice avait choisi de s’habiller tout au long de ce voyage. Je ne suis même pas sûre que je puisse parler du soin apporté à sa tenue dans ce cas de figure, j’ai plutôt eu l’impression de lire les habituelles pauses descriptives que les romanciers contemporains trouvent utiles de mettre dans leur récit, masquant ainsi qu’ils n’ont pas tant de choses que cela à nous raconter.

Alors oui, nous explorerons beaucoup, comme nous le précise le quatrième de couverture « les pensées de la narratrice ». Forcément, puisque le récit nous est contée par une narratrice à la première personne, en focalisation interne. L’héroïne pense beaucoup, à beaucoup de choses, notamment à ce qu’elle ressent à chaque fois qu’elle voit une oeuvre d’art, qu’elle lit un ouvrage appartenant à la littérature patrimoniale. Se questionnant ainsi constamment, elle s’attend à ce que sa mère en face autant, réagisse à chacune des oeuvres qu’elles voient ensemble, et il n’en est rien. J’ai souvent eu l’impression, même si ce n’est pas dit clairement, que les rapports étaient en quelque sorte inversés, même si ce n’est pas dit clairement, et que la narratrice devenait en quelque sorte la mère de sa mère dans ce récit, ayant envers elle les mêmes exigences, les mêmes comportements que certains adultes envers des enfants.

Alors oui, aussi, nous aurons des digressions, sur les études de la narratrice, sur des aventures vécues avec Laurie, son compagnon, le seul personnage de ce récit qui est nommé. Encore un trait partagé par plusieurs auteurs contemporains, celui de ne pas nommer les personnages autrement que par leur fonction ou par les liens qui les unissent. Pour favoriser l’identification ? Pour en faire des fonctions, non des êtres ? Pour les définir uniquement à travers le prisme du regard de la narratrice ? J’ajoute aussi que le fait d’avoir choisi de ne pas découper la narration en chapitre peut aussi troubler un peu le lecteur, d’autant plus que les récits enchâssés sont tout de même assez nombreux. Je pense notamment au récit romanesque de la vie de l’oncle de la narratrice, récit qui est peut-être lui-même une invention au coeur de l’invention.

J’ai aussi retrouvé un thème qui m’intéresse, celui du désir ou du non-désir d’enfant. Autant les raisons pour lesquelles la mère de la narratrice encourage celle-ci à avoir des enfants est assez classique, autant les raisons pour lesquelles celle-ci pense finalement à ne pas en avoir m’ont semblé assez inédites.

5 réflexions sur “Pour qu’il neige de Jessica Au

    • Oui, je trouve dommage aussi de m’être retrouvée face à un livre que j’ai trouvé très nombriliste. Je pense par exemple au moment où la narratrice se dit qu’avoir une fille n’apporterait rien, puisque sa fille serait élevée avec la même culture qu’elle.

  1. Il est vrai qu’on ne demande jamais à une femme pourquoi elle veut un ou des enfants, mais à celles qui disent ne pas en vouloir, là, tout le monde veut savoir pourquoi ! :/

    Je n’ai pas été élevée dans la même culture que ma mère… même si des choses sont similaires, mais c’est aussi aux antipodes de l’éducation qu’elle avait reçue de la sienne.

  2. Pingback: Pour qu’il neige, Jessica Au – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

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