Je ne veux pas être maman d’Irene Olmo

Présentation de l’éditeur :

Je ne veux pas être maman est un récit autobiographique qui traite du choix de la non-maternité, et des situations et conflits que génère la prise d’une telle décision, encore taboue dans notre société.
Tantôt avec humour, tantôt sur un ton plus réflexif et introspectif, la protagoniste relate les expériences vécues face à son choix de ne pas être mère, et nous vivons avec elle les réactions hautes en couleurs et les défis auxquels peut faire face une femme qui prend la même décision. Une histoire qui questionne la  » normalité  » imposée, de manière consciente ou non, par la société et la tradition et nous apprend, à toutes et à tous, la tolérance et le respect de l’autre et de ses décisions.

Mon avis : 

J’ai eu envie de parler aujourd’hui de ce roman graphique que j’ai lu hier à la bibliothèque municipale. En effet, il parle d’un sujet qui me touche particulièrement : celui du non désir d’enfants.

Je n’ai jamais eu envie d’avoir des enfants, et rares sont les personnes qui m’interrogent sur ce sujet. Soit l’on me demande comment j’ai réussi à ne pas avoir d’enfants, non en terme de contraception, mais en terme de pression sociale, quand on ne me dit pas « surtout, ne fais pas comme moi, ne change pas d’avis », soit je suis face à des personnes qui ont eu un désir « viscéral » d’enfants, qui ont bien programmé leur vie pour avoir les enfants quand elles voulaient quand elles voulaient, et qui ne comprennent pas que je n’ai jamais ressenti ce désir dans ma chair, ou (et là, c’est vraiment un autre problème) ne comprennent pas qu’un homme n’a pas su me convaincre d’avoir un enfant « pour lui ». Je n’ai pas d’enfants, je n’en veux pas, et comme le dit l’héroïne de ce roman graphique autobiographique, l’on ne devrait pas aller au-delà de ce « non », l’on ne devrait pas questionner la femme qui ne veut pas d’enfants – j’ajoute que l’on pose rarement la question à un homme qui n’en veut pas, voire même pas du tout.

Irene Olmo nous amène au tout début de sa vie, quand, à l’école, il était normal pour toutes de vouloir des enfants, pour toutes d’être contre l’avortement. Il a fallu qu’une proche soit concernée, qu’un débat sur l’avortement soit organisé pour qu’Inès se mette à réfléchir, à remettre en cause aussi les réflexes que l’on peut avoir quand on apprend une grossesse « accidentelle » (« tu n’utilisais pas de contraception ? Tu n’as pas utilisé de préservatif ? »), à penser aussi, au devenir de cette toute jeune femme et de cet enfant qu’elle n’a pas voulu.

Le temps passe, et à l’âge adulte, les questions, les pressions autour d’elle commencent. Les amies commencent à avoir des enfants, et à ne pas que de leurs enfants, de leur manière de les élever, ce qui éloigne Ines de ses amies, parce que celles-ci n’ont plus de place que pour la maternité. Pour ma part, j’ai déjà vu des jeunes mamans, pourtant amies avant leur maternité, se brouiller parce qu’elles n’avaient pas du tout les mêmes méthodes éducatives. Se pose aussi la question de ce que les femmes sacrifient pour leur maternité, comme cette jeune femme que rencontre Inès et qui, enceinte, sacrifie ses rêves professionnels au profit de cet enfant qu’elle attend. Et Inès de s’interroger : comment l’enfant réagira quand il saura tout ce que sa mère a sacrifié pour lui ? A moins, comme certaines mères que j’ai côtoyées, qu’elle ne dise à son enfant : « je me sacrifie pour toi, plus tard, tu devras faire pareil pour tes enfants ».

Le personnage principal traverse des moments durs, parce qu’elle est de plus en plus isolée – avant de se reprendre, de s’interroger, notamment sur toutes ces oeuvres de fiction qui montrent que, quel que soit le parcours de l’héroïne, son accomplissement ultime sera d’avoir des enfants, tout le reste ne comptera pas. Je pense aussi à tout ceux qui crient à l’extinction de l’humanité, alors que nous n’avons jamais été aussi nombreux sur terre. Elle parle aussi, et ceux qui interrogent les autres sur leur non-maternité n’y pensent pas assez, à celles qui veulent des enfants, absolument, et en souffrent horriblement, d’autant plus quand elles entendent les discours lénifiants des autres femmes, qui ne comprennent pas, puisqu’elles sont tombées enceintes selon leur désir, que d’autres ne le peuvent pas.

Je terminerai avec ces phrases, parce qu’elle correspond exactement à ce que je pense : « Je ne sais pas ce que me réserve le futur…
Mais je sais que nous finissons tous pareil, et quand ce moment arrive, j’espère avoir vécu la vie que je voulais vivre, et pas celle que me dictaient les autres. »

 

35 réflexions sur “Je ne veux pas être maman d’Irene Olmo

  1. Ne voulant pas d’enfant, ce livre m’intéresse même si j’ai la chance d’avoir comme toi été relativement peu questionné sur le sujet et de ne jamais avoir été sensible aux diktats de la société sur ce sujet ou d’autres.

    • Pareil pour moi. Je garde un très mauvais souvenir de l’infirmière scolaire du collège où j’étais ado qui nous disait que notre corps devait être en bonne santé …. pour nos futurs enfants.

        • Oui ! Je me souviens d’une copine de l’époque qu’elle avait parfaitement convaincue. « Non, mais tu comprends, je ne fais pas cela pour moi, je fais cela en pensant à mes futurs bébés ». Hélas, ce n’est pas la seule personne appartenant au monde médical qui a tenu devant moi des propos de ce genre.

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