Regarde les lumières, mon amour d’Annie Ernaux

Présentation de l’éditeur :

Pour Annie Ernaux, l’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites au magasin Auchan des Trois-Fontaines, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Grâce à ce relevé libre de ses sensations et de ses observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, arrive enfin à la dignité de sujet littéraire.

Mon avis : 

J’ai lu ce livre voici quatre jours, j’ai pris des notes, et me voici bien ennuyée en rédigeant cet avis. En effet, la première pensée qui me vient est « trop court ». J’aurai vraiment aimé que l’autrice développe son analyse, tout simplement parce que nombreuses sont celles qui auraient mérité d’être plus poussées.

L’on pourra me répondre qu’au début, Annie Ernaux souhaite simplement tenir un journal. Certes. Mais est-ce réellement suffisant ? Elle s’interroge, j’en demeure d’accord, sur les conditionnements sociologiques qui viennent très tôt (p. 18) : les jouets pour garçon d’un côté, ceux pour les filles de l’autre. 99999999999999999999999999999999999999999999999999999999GHRrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr (merci Azuro). Oui, un supermarché veut vendre « bêtement », si j’ose dire, mais faire bouger les choses, c’est bien aussi.

Annie Ernaux revient à deux reprises sur le rayon librairie, sur son classement des meilleures ventes, sur le fait qu’elle ne peut pas y trouver tous les livres qu’elle veut. Faut-il vraiment rappeler que nous sommes dans un rayon comme un autre de supermarché, que le but, c’est de vendre, et qu’ici, comme ailleurs, le but est d’inciter à acheter davantage ? Non, on ne découvrira pas un auteur rare dans un supermarché, c’est plutôt, aussi, si le rayon librairie est au beau milieu du magasin, l’occasion d’un achat coup de coeur.

Elle s’interroge aussi, sur le langage qu’elle utilise, sur le fait que prendre un petit garçon noir qui joue dans un carton pourrait être vu comme du néo-colonialisme. Pour ma part, prendre la photo d’un petit garçon que je ne connais pas, sans même demander l’accord de ses parents, me dérange quelle que soit sa couleur de peau ! Elle remarque, aussi, la diversité des voiles que portent les femmes, dans les rayons du supermarché. Elle s’intéresse un peu aux caissières, à qui elle dit qu’elle n’est fidèle à personne quand on lui demande sa carte de fidélité (pour ma part, je dis oui ou non, selon que je l’ai ou pas). Ne pas oublier qu’elles n’ont pas le choix – et qu’il serait aussi intéressant qu’elle se questionne plus finement sur cette profession essentiellement féminine.

Ah, pardon, pas partout : la téléphonie, l’informatique, c’est masculin. Et quand un homme fait les courses, il faut nécessairement qu’il téléphone pour demander conseil à sa femme. Oui, je sais, c’est un rapprochement rapide, mais j’imagine bien l’homme passer faire dépanner son portable parce qu’il a un souci avec ses courses puis appeler sa femme juste après ! Cela peut sembler pour certains un cliché, mais c’est tout de même très fréquent.

 

4 réflexions sur “Regarde les lumières, mon amour d’Annie Ernaux

  1. Mon homme sait faire les courses et ne pas me téléphoner pour demander conseil, ou alors, c’est rare et le coup de fil était important. Moi, ce qui me fait le plus iech, ce sont les produits féminins plus chers que les masculins… le shampoing pour femme ? Plus cher que pour les mecs ! Et bien d’autres…

  2. Ce n’est pas un texte qui m’a laissé grand souvenir …. Je me souviens juste d’avoir trouvé que les analyses étaient un peu courtes. Par contre, le commentaire de Belette me fait réaliser qu’elle a raison et que je n’avais jamais remarqué cette différence dont on peut se demander ce qui la justifie.

  3. Tiens, je vais rajouter un lien vers votre billet dans le mien, que j’avais publié après le Prix Nobel obtenu par Annie Ernaux…
    Ce livre fait partie de la petite quinzaine que j’ai lus dans cette collection « sociologique » intitulée « Raconter la vie ».
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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