Archive | juin 2024

Une enquête d’Odette Lefèvre – tome 1 : Châtaignes et Figatelli de Jocelyne Bacquet

Présentation de l’éditeur :

Ajaccio, au cœur de l’été.
Les jours s’écoulent, paisibles, dans l’intimité d’un gîte de vacances communautaire, en pleine nature, tenu par la sémillante Odette, truculente octogénaire.
Pourtant, un détonnant événement va bientôt troubler la quiétude des lieux. Et en Corse, la Mafia n’est jamais bien loin…
Le commissaire Lanfranchi, chargé de l’enquête, va s’engluer dès le départ dans cette affaire délicate.
Mais c’est sans compter sur Odette, observatrice et fouineuse hors pair, qui va mener de son côté ses propres investigations.
Devinerez-vous avant le twist final ce que nous cache cette charmante vieille dame ?

Mon avis :

Oui, ce roman n’a strictement rien à voir avec le mois espagnol que je prolonge à titre personnel (dès que je suis moins stressée, je dresse le bilan définitif), il n’est pas non plus un partenariat, c’est un livre que j’ai lu entre deux corrections de copies et autres joyeusetés. Je vous épargne la liste des joyeusetés. J’ai pourtant la chance d’écrire cet avis avec Annunziata et Onyx à mes côtés.

Odette est une charmante vieille dame, qui a eu une vie bien remplie. Elle a beaucoup voyagé, avec son mari, aujourd’hui décédé. Depuis quelques années, elle s’occupe d’un gîte de vacances communautaires, qui accueille en ces jours des visiteurs variés, entre un couple dont la femme est obsédée par la propreté et un groupe de jeunes mormons, sans oublier une famille heureuse (du moins, pour la mère et la fille). Ce sont cependant des gens bien sous tout rapports, sinon, ils ne se retrouveraient pas dans ce gîte ! Leur rencontre ne devait pas être explosive, et pourtant, c’est bien une explosion qui survient et qui entraîne, en toute logique, une enquête policière : l’explosion n’avait rien d’accidentelle.

Odette, je vous l’ai dit, a eu une vie bien remplie. Sa retraite paisible ne le sera plus vraiment, surtout après des rencontres les plus (d)étonnantes, qui lui permettront d’enquêter de son côté et de mettre au jour des mystères auxquels, il faut bien le dire, personne ne s’attendait. Si les péripéties sont nombreuses, l’humour est omniprésent. Au cours de cette enquête, elle se fera deux nouveaux amis : son voisin monsieur Santoni presque centenaire, au passé tout aussi rempli que celui d’Odette, et qui n’a pas l’intention de se laisser voler son présent par des héritiers trop pressés et Gianni, d’une gentillesse rafraîchissante. Je ne vous cache pas qu’après cette lecture, j’ai enchainé avec le tome 2, et je suis très heureuse de lire en ce moment des séries policières qui me plaisent.

Méfaits d’hiver de Philippe Georget

Présentation de l’éditeur :

L’hiver sera rude pour Gilles Sebag, lieutenant de police à Perpignan. Après de longs mois de doute, il découvre la terrible vérité : Claire le trompe, le monde s’écroule ! Alors qu’entre déprime, whiskies et insomnies, il tente de surmonter cette douloureuse épreuve, ses enquêtes le mènent inexorablement vers d’autres tragédies : une femme abattue dans un hôtel, un dépressif qui se jette du haut de son immeuble, un homme qui menace de faire exploser le quartier… Hasard ou loi des séries, une véritable épidémie d’adultères tournant à chaque fois au drame semble en effet s’être abattue sur la ville…

Mon avis : 

Ce roman est le troisième tome des aventures du lieutenant Gilles Sebag qui, après Chartres, a été muté à Perpignan. Dans le volume précédent, il craignait que sa femme le trompe mais il n’osait pas, il n’osait pas chercher, il n’osait pas demander, il vivait dans l’incertitude. Ici, il n’a pas su résister à la tentation, ou plutôt, il a regardé le portable que sa femme avait laissé quand il a entendu le bip caractéristique annonçant l’arrivée d’un sms. Il ne faut jamais regarder dans le téléphone de son conjoint, c’est bien connu. Dire que cette découverte le mettra plus bas que terre est une évidence, et il cherchera quelques remèdes fortement alcoolisés pour surmonter ce qu’il a découvert. Alors oui, si vous êtes allergiques à l’exposition de la vie privée des enquêteurs, passer votre chemin. Cette partie du récit (qui m’avait, il faut bien le dire, ennuyée dans le précédent opus) a ici toute sa place, parce que Sebag devra enquêter en dépit de ce qu’il sait, et quand le meilleur enquêteur (dixit son chef) n’est pas au mieux de sa forme, non, cela ne provoque pas des catastrophes, cela amène seulement ses collègues à se demander ce qu’il a, et à tenter de le secouer un peu – ou pas, si l’on veut profiter de sa baisse de régime pour tirer les marrons du feu.

En effet, la première affaire qui lui échoue, et pour laquelle il arrivera en retard, ce qui ne lui arrive jamais, est l’assassinat d’une femme dans une chambre d’hôtel, en début d’après-midi. Le coupable ? Il sera facilement identifié, et même si certains brandissent la présomption d’innocence, quand quelqu’un se rend à la police, quelqu’un qui a été identifié par le gérant de l’hôtel comme étant la personne qui s’est introduit dans la chambre de la (future) victime, l’on peut présumer que l’homme en question est bien le coupable. Ah pardon, stop : on me dit dans l’oreillette qu’il n’est pas le coupable, qu’il est la victime, du moins, c’est ainsi qu’il se perçoit, c’est ainsi qu’une partie de la société, hélas, le perçoit encore, et c’est ainsi, en tout cas, qu’il aurait été perçu il n’y a pas cinquante ans : sa femme le trompe, il « s’est fait justice » – en la tuant. Le mot de féminicide n’est pas prononcé, et peu importe : l’idée que défend l’auteur à travers les personnages de ses enquêteurs, c’est que personne n’a le droit d’agir ainsi. Personne. La victime, c’est la personne qui a été malmenée, blessée, tuée, pas celui qui tenait l’arme ou le briquet.

En effet, il semble y avoir une épidémie d’adultère sur Perpignan. Les divorces augmentent, c’est une chose. Les actions d’hommes violents envers leurs conjointes aussi. Oui, s’il faut être deux pour avoir une liaison, seuls les conjoints trompés par leurs conjointes semblent impliquées, et cela questionne Gilles Sebag, qui sort de sa léthargie.

Alors oui, il y aura des fausses pistes, parce qu’une enquête policière n’est pas linéaire, parce que, derrière les actes, il est quelqu’un qui agit, qui avance masqué – un corbeau, pour le nommer, une de ses personnes qui fait des ravages auprès de personnes dont il a senti les faiblesses – et être prompt à céder à la violence en est une. Il s’agit de quelqu’un, aussi, qui n’a que cela à faire, dans le sens où il doit en tirer une satisfaction personnelle, du plaisir (voir les courts chapitres qui lui sont consacrés). Mais serait-ce son seul mobile ? A voir.

Méfaits d’hiver est une très bonne enquête policière, doublée d’une très bonne analyse sociétale. Ce roman confirme pour moi le talent de son auteur.

Les Arsène, tome 2 : L’île du Corbeau de Bertrand Puard

Présentation de l’éditeur :

1930. La crise économique fait rage. Arsène Lupin découvre que Guéméné, un industriel véreux, souhaite vendre son usine afin de faire des bénéfices, abandonnant tous ses employés à leur triste sort ! Ni une ni deux, le gentleman cambrioleur et ses apprentis – Libellule, Octave et Diane – s’emparent de l’affaire. Leur objectif ? Infiltrer le manoir du patron pour se servir dans sa fortune mal acquise et permettre aux ouvriers de reprendre eux-mêmes la forge. Cependant, la propriété est installée en pleine mer, sur l’île du Corbeau… Et elle est truffée de pièges ! Nos jeunes héros réussiront-ils à mener à bien cette mission hautement périlleuse ?

Mon avis :

Voici le second tome des aventures d’Arsène Lupin et de ses disciples, le tout écrit par Bertrand Puard. Le premier chapitre donne le ton, et avec lui, la mesure du problème, un problème social, la fermeture d’une usine qui pourtant allait bien, le tout dans l’indifférence générale. Ce n’est pas question d’époque, c’est la même chose à toutes les époques : peu de mobilisation quand ce sont les pauvres qui trinquent. Alors l’un des ouvriers a une idée : contacter Lupin, parce qu’il l’a déjà rencontré, parce qu’il sait qu’il a à coeur d’aider autrui.

Nous retrouvons un Lupin qui a vieilli, un Lupin qui n’est plus dans la meilleure des conditions physiques, et c’est normal. Certains pourront regretter l’évolution d’un personnage, mais cela fait de Lupin un être humain, non un super héros. Il sait qu’il peut compter sur son équipe pour accomplir ce que lui ne pourrait plus faire. Cependant, et sans trop dévoiler de l’intrigue, Lupin ne reste pas tranquillement chez lui à attendre que les autres fassent tout à sa place, non. Il agit. Il retrouve même un ancien adversaire, prêt à l’aider dans sa quête. Il affronte aussi, allant au bout des choses, et à ceux qui lui demandent qui il est, sa réponse est simple, juste : « Mon nom vous en dirait trop. Je préfère le taire. »

Je parle de Lupin, et j’en oublie  Libellule, Octave et Diane qui vont jusqu’au bout de leurs capacités, de leur inventivité aussi pour détrousser Guéméné, l’industriel véreux, ou plutôt pour retrouver ce qu’il s’est accaparé, n’en ayant rien à faire de l’humain. Il suffit de découvrir sa forteresse, son jardin, dans laquelle je me demande bien qui peut se sentir épanoui. Les chiens sont des armes comme les autres, les chevaux sont des trophées, certes bien traités, mais pour combien de temps ? Quant à sa femme, est-elle réellement heureuse à ses côtés ? Je ne le crois pas. La Bretagne est belle, les îles bretonnes aussi, ce qu’en a fait cet industriel pas vraiment.

Ce second volume des aventures des Arsène est rempli de dangers et de rebondissements. Il rappelle aussi que, pour les profiteurs de tout poils gagnent, il suffit trop souvent de ne rient faire.

Merci à Babelio et aux éditions Poulpe fictions pour ce partenariat.

Cinéma : Bad Boys Ride or Die de Adil El Arbi, Bilall Fallah

Bonjour à tous

Je ne suis pas allée au cinéma depuis longtemps, entre travail et fatigue. Dans le cinéma proche de chez moi, il est peu de films qui m’intéressent actuellement, je suis donc allée voir  Bad Boys 4, avec Will Smith et Martin Lawrence, qui devait prendre sa retraite dans le 3 (enfin, son personnage) mais ne l’a toujours pas prise.

Mon résumé :

Mike Lowrey se marie ! Ce n’était pas trop tôt, il se stabilise enfin, il épouse sa thérapeute. Nan, pas sa psy (même s’il aurait bien besoin d’un psy), sa kiné ! Il n’a pas oublié de mettre à l’honneur la famille de son ancien chef, assassiné, mort dans ses bras (c’est pour cela que je dis qu’il a besoin d’une thérapie) Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que Martin Burnett, son coéquipier, ferait une crise cardiaque mais s’en sortirait en ayant l’impression d’être immortel. Il ne l’est pas, mais il devient encore plus pénible qu’avant. Ce que ni l’un, ni l’autre n’avait prévu, c’est que l’on accuserait leur chef défunt et bien aimé d’être un ripoux. Autant vous dire qu’ils seront prêts à tout pour prouver son innocence, dont ils ne doutent à aucun moment.

Mon avis :

Il serait facile d’utiliser le cliché : le scénario tient sur un post-it. Ce serait faux. Je plains les scénaristes qui ont dû chercher les endroits où une belle bagarre, de grosses explosions, des aventures totalement invraisemblables et des blagues lourdingues devaient trouver leur place. Il faut également placer tous les moments où Mike fera des crises de panique (ce qui permettra d’allonger un peu le film, sans ses crises, la résolution aurait été plus rapide), et celles où Marcus se met en danger, sans perdre de vue qu’il faut innocenter le capitaine Conrad Howard. Je félicite cependant les scénaristes : oui, l’on peut inclure dans un scénario, faire jouer un personnage décédé sans que cela paraisse totalement improbable, et la variation sur « si vous regardez cette vidéo, c’est que je suis mort, p*t** fait ch*** »  est intéressante à mes yeux.

Sinon… comme je suis gavée de romans policiers et autres séries télévisées, j’ai trouvé très rapidement qui était l’auteur de la trahison. Pour le coup, cela marque le manque cruel d’imagination des scénaristes et des directeurs de castings. Alors oui, je me doute bien que ceux qui vont voir le film sont avant tout des fans de la sage, qu’ils veulent voir Will Smith et Martin Lawrence, j’aurai cependant aimé que les personnages secondaires, les « jeunes » en quelque sorte, aient une plus grande place – je pense notamment aux personnages de Fletcher et d’Armando.

Un pur divertissement, avec cependant quelques scènes bien sanglantes.

Voici la bande annonce :

Les plus belles vacances de Mini-Taupe par Sang-Keun Kim

Présentation de l’éditeur : 

Le jour où Mini-Taupe rencontre une tortue toute timide, c’est le début d’une grande histoire ! Car sur le chemin qui les mène vers le vaste océan, mille péripéties les attendent. Et si la plus grande des amitiés était au bout de l’aventure ?

Mon avis  : 

Merci à Netgalley et aux éditions Sens dessus dessous pour ce partenariat.

Quel bel album ! Je m’attendais certes à lire un ouvrage intéressant, plaisant, je ne m’attendais pas à découvrir une telle beauté picturale. Chaque dessin, chaque illustration mérite que l’on s’y attarde, par la délicatesse de ses couleurs, la palette de ses nuances, la finesse de son trait : chaque page ou double page est une histoire à elle toute seule, mérite que l’on s’y attarde, et laisse la place à l’imagination des enfants pour se déployer. J’ai eu des beaux albums entre les mains quand j’étais enfant, j’aurai adoré celui-ci, et en tant qu’adulte, je dois dire que c’est un ouvrage que j’ai envie de faire découvrir.

Bien sûr, l’histoire qui nous est racontée est très intéressante elle aussi : nous croisons deux personnages très attachants, Mini-Taupe et une tortue toute timide. La première prend l’autre sous son aile : la petite tortue doit rejoindre la mer au plus vite ! Mini-Taupe l’emmènera ainsi avec elle, creusant, creusant, creusant, jusqu’à parvenir à destination, faisant d’étonnantes rencontres.

Le message qui est délivré pourrait sembler banal à certains (pourquoi se séparer si l’on est ami ? pourquoi poursuivre notre route chacun de notre côté si l’on peut la poursuivre ensemble ?) et pourtant, il a été plus facile, à une époque, de trouver des livres jeunesse qui appelaient à voir le bon côté des séparations, plutôt qu’à voir le bon côté d’être ensemble, de vivre ensemble, d’être ami.

Tableau magique : Pas de quartier chez les pirates ! par Regis Delpeuch

édition Scrineo – 80 pages.

Présentation de l’éditeur : 

Le Tableau numérique qui peut faire voyager à travers le temps et l’espace a encore frappé. Cette fois-ci, c’est le directeur de l’école qui a disparu ! Kim et Noah en sont certains : il se trouve au beau milieu de l’océan, sur un bateau pirate. Accompagnés de leur maîtresse, les deux enfants plongent à sa rescousse. Mais tout se complique quand ils tombent face à l’un des plus grands pirates de tous les temps : Barbe-Noire. S’il y a bien une chose dont ils sont sûrs, c’est que le pirate et son équipage ne comptent pas les laisser repartir aussi facilement… Sortiront-ils indemnes de leur aventure en pleine mer ?

Mon avis :

Merci aux éditions Scrineo et à Netgalley pour m’avoir permis de découvrir ce livre en avant-première.

Nous retrouvons les personnages des tomes 1 et 2 du tableau magique, si ce n’est que dans ce troisième tome, ils n’avaient pas prévu de partir à l’aventure. En effet, tout trois gardent le secret sur les pouvoirs de ce tableau, qui doit passer aux yeux des autres pour un banal tableau numérique (vous me direz, c’est déjà beaucoup !). Seulement, ils ne pouvaient imaginer que quelqu’un dessinerait sur le tableau, et que ce quelqu’un serait le directeur. Quelle idée aussi de dessiner un bateau pirate, même si c’est la journée du « parler pirate » et même si l’on est fasciné par les pirates.

Voici donc nos trois héros embarqués sur un bateau pirate bien malgré eux, celui d’un des plus célèbres pirates de tous les temps. Non, pas Jack Sparrow, Edward Teach, plus connu sous le nom de Barbe-Noire, un pirate qui n’a jamais fait de cadeaux à personne. Pourquoi en aurait-il fait ? Il était pirate !

L’histoire est bien construite, mouvementée juste ce qu’il faut. Les illustrations m’ont presque donné l’impression de lire une bande dessinée plutôt qu’un roman de littérature jeunesse, et ce n’est pas plus mal : de jeunes lecteurs ou de « petits » lecteurs ne pourront qu’apprécier cet ouvrage. J’ajoute qu’un personnage secondaire prendra une place inattendue dans la résolution de l’histoire. Lequel ? Chut ! Il est assez bavard comme cela.

A la fin de l’ouvrage, un dossier permet non seulement de faire quelques jeux (je trouve que cela se perd dans les éditions jeunesse) mais aussi d’en savoir plus sur les pirates.

 

Manolito, tome 7 : Le Noël de Manolito d’Elvira Lindo

édition Folio Junior – 140 pages.

Présentation de l’éditeur : 

«À Noël, toute l’école a préparé un spectacle d’enfer pour épater le maire de Madrid. J’étais déguisé en berger, Grandes’O a récité un poème et si les brebis ne s’étaient pas montrées enragées et si Grandes’O n’avait pas eu de problèmes intestinaux, tout se serait bien passé. Sinon, j’ai expliqué au Bêta comment tomber les filles et, forcément, il a voulu m’imiter. Mais je lui pardonne, car il va y avoir du changement dans la famille García Moreno et ça risque de ne pas lui plaire…»

Mon avis : 

Ce septième tome est le dernier traduit en français, il n’est cependant pas le dernier de la série puisque dix ans plus tard est paru un tome 8, tome différent des autres puisqu’il met en scène un Manolito qui a grandi. A moins d’une traduction, il est peu probable que je le lise un jour.

Ce septième tome a un titre assez banal : Le Noël de Manolito. Nombreux sont les personnages qui ont eu droit à un épisode de Noël, même Maigret et Hercule Poirot y ont eu droit. Ici, cela pourrait presque sembler banal : quel enfant ne fête pas Noël ? Seulement, il ne s’agit pas ici de célébrer Noël en famille, il s’agit de célébrer un Noël bien particulier : le maire de Madrid en personne viendra assister au spectacle de Noël de l’école. Hors de questions que tout ne se passe pas bien, il faut lui montrer que les écoliers de Carabanchel, banlieue sud-ouest de Madrid, ne sont pas des petits sauvageons ! Pourtant, leur professeur ne rêve que d’une chose : son dernier jour d’école avant de partir loin, très loin de ce quartier, après avoir envoyé une bonne taloche dans le visage du dernier écolier qu’elle verra ce jour-là. Personne ne s’en offusque : les enfants ont l’habitude de recevoir des gifles, ils craignent simplement de recevoir une gifle différente de celles auxquelles ils sont habituées.

Ce n’est pas que rien ne se passe comme prévu, l’on pouvait s’en douter. Ce n’est pas que les institutrices ne vont pas rappeler urgemment aux parents qu’en CM2, les enfants ne peuvent plus porter le même costume qu’en maternelle. Ce n’est pas que les mamans ne se mettront pas toute à coudre le plus beau et le plus réussi des costumes, moutons et brebis pour les plus jeunes, bergers pour les plus âgés – quelles mamans cousent encore des costumes de nos jours ? C’est plutôt qu’un petit vent de révolte souffle parmi les parents, il suffit de lire la poésie qui sera récitée ce soir-là et qui montre bien qu’ils ne sont pas du tout dupes de la visée de cette visite, peu avant une année électorale.

Le titre du roman, en espagnol, est plus énigmatique : Manolito a un secret, un secret que lui a confié sa mère, un secret qu’elle a confié à tous les membres de la famille, sauf à son petit dernier. Quel est-il ? Il ne devrait pas tarder à être révélé !

La meute Winsford #1 Secrets & loups par Alice Winters

Mon résumé : 

Quinn est le chef d’une meute qui, dans une société qui ne les accepte pas, vit en harmonie le plus loin possible des humains, à Winsford. Las ! La police s’intéresse à eux, à cause de l’évasion de deux dangereux criminels, que la meute est soupçonnée de cacher. Parmi les enquêteurs, se trouve Rowan, ancien soldat : lui et Scott, son chef, détestent tous les deux les métamorphes. Mais… il y a forcément un mais, Rowan sera amené à se questionner, à remettre en cause tout ce qu’il savait jusque là.

Préambule : 

Vous, je ne sais pas, mais moi, dimanche soir, j’ai eu l’impression de me prendre un parpaing dans la figure. Alors plutôt que de rédiger un avis sur mes états d’âme, j’écris.

Mon avis : 

Si vous cherchez un récit distrayant, une enquête policière paranormale avec beaucoup d’humour, alors ce livre est fait pour vous. J’ai vraiment passé un très bon moment de lecture en sa compagnie, j’ai beaucoup aimé les personnages que j’ai rencontrés. L’univers dans lequel ils vivent n’est pas accueillant pour les métamorphes ? Il est beaucoup de lieux, de pays même, qui ne sont pas « accueillants » pour les personnes qui ne sont pas dans la norme, pour les personnes qui ne sont pas dans la norme. Hélas, même en 2024, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’aller très loin pour trouver des exemples, comme il n’est pas très difficile de trouver des exemples de communautés malmenées par les forces de l’ordre, de communautés qui préfèrent se taire, ne pas répliquer, ne pas protester, ne rien tenter, parce que cela n’améliorerait pas les choses, bien au contraire. Certes, dans cet univers paranormal comme dans la vie réelle, il est des personnes qui essaient de faire bouger les choses. Elles bougent, mais lentement.

Quinn, lui, fait tout pour protéger sa meute, qui, dans l’ensemble, le lui rend bien : tous ses membres ont eu un passé compliqué avant de le rejoindre. Son meilleur allié ? Son frère Graham : plus costaud que Quinn, il est pourtant hors de question pour lui de tenter de ravir son poste à son frère. Cette meute ne correspond pas à ce que l’on attend dans les romances paranormales, tous ne sont pas des loups-garous, certains sont bien plus costauds, d’autres plus fragiles. Qu’importe ! Tous s’entendent bien, et les humains ne sont pas rejetés, du moment qu’ils ne soient pas bourrés de préjugés à leur égard. Rowan, accompagné de son berger Tervueren Talon, est un pisteur, un humain bien rempli de préjugés. Aussi, il ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive quand il arrive dans le village. Il fait ce pour quoi il a été engagé mais… il ressent des choses bizarres. Prémices d’une romance ? Pas seulement.

J’ai beaucoup aimé le développement de l’intrigue, qui m’a entraîné là où je ne m’attendais pas. J’ai aimé les personnages que j’ai croisés, et même si l’humour peut sembler un peu lourd, parfois, cela permet aussi d’apporter une respiration dans un récit qui ne manque pas de scènes dramatiques. Mention spéciale pour un léopard des neiges très attachant !

La meute Winsford est à découvrir si vous aimez les romances M/M qui ne sont pas que des romances.

Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

A Wilderness of Stars de Shea Ernshaw

Présentation de l’éditeur : 

Toutes les nuits, Véga observe le ciel, récite le nom des constellations et effectue des calculs. Un soir, deux nouvelles étoiles se lèvent à l’horizon. C’est le signe que la jeune femme attendait, le moment pour elle de quitter sa vallée et de se confronter au monde et à ses habitants. Un monde dangereux, qui s’enrage et se meurt à petit feu. Véga n’a aucun droit à l’erreur. Personne ne doit découvrir qui elle est, car ses savoirs et ses secrets sont trop précieux. Bravant les dangers, la dernière Astronome prend donc la route. Avant que les étoiles jumelles ne disparaissent du ciel, elle doit trouver « l’Architecte ». Celui qui, avec elle, constitue le seul espoir de leur monde.

Mon avis : 

Tout d’abord, je voudrais remercier les éditions Rageot et Netgalley pour leur patience : je suis très en retard pour la rédaction de mon avis.

L’univers de ce roman est intéressant, riche, et pourtant, j’ai eu du mal, beaucoup de mal à me plonger dedans, reprenant quasi inlassablement ma lecture tant je me heurtais à ce récit. Je crois que j’ai eu du mal avec les personnages, qui m’ont semblé manquer de réalité, de chair, des personnages que j’ai jugés éthérés, si bien que j’ai eu vraiment du mal à m’attacher à eux, à trembler pour eux. Je me suis même questionnée face au poids qui pèse, jusque dans sa chair, sur Véga. Pour moi, cela faisait « trop » pour une seule personne, trop de contraintes, et même si des extraits d’écrits passés nous montre comment l’on en est arrivé là, entre la dernier astronome et l’architecte, je dois dire que j’ai vraiment trouvé ces personnages désincarnés.

L’écriture de ce roman, comme l’expliquera l’autrice, a débuté en 2019, avant la pandémie, mais le récit prend une résonnance particulière, après coup. Le monde dans lequel vit Véga se meurt lentement, rien ne peut guérir la maladie qui se répand, partout, des remèdes permettent simplement, pour ceux qui en sont atteints, de reculer l’échéance fatale. Le pays n’est plus qu’une succession de villages et de villes repliés sur eux-mêmes. Aider autrui ne fait plus vraiment partie du vocabulaire, oscillant entre absence d’espoir et désespérance, le tout se muant parfois en rébellion. La violence est omniprésente, latente, elle ne demande qu’à exploser.

Alors oui, il est des faits qui trouvent leur explication lors du dénouement, qui apporte, enfin, un peu d’espoir. Cependant, j’ai vraiment trouvé ce récit rude, douloureux, que ce soit pour Véga ou pour l’architecte. A vous de voir si vous avez envie de découvrir ce roman.

Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

Cachés dans l’ombre d’Andrew Grey

Présentation de l’éditeur : 

Devon Donaldson ignore comment une pochette remplie de secrets industriels s’est retrouvée dans son sac et il n’a pas la moindre idée de qui voudrait lui faire porter le chapeau. L’ennui, c’est qu’il va devoir en convaincre Powers McPherson.
Ce dernier a été engagé par l’entreprise de Devon pour enquêter sur le vol d’un nouveau système bancaire et, jusqu’ici, Devon est sa seule piste. Même si Powers a le pressentiment que le suspect est innocent, il n’a pas l’intention de le perdre de vue… et pas seulement pour le bon déroulé de l’enquête.
En travaillant aux côtés de Devon pour lui rendre sa vie naissent des sentiments qui vont bien au-delà de la coopération. Mais avant de pouvoir écouter leurs désirs, ils doivent démasquer le groupe de voleurs déterminé à détruire la réputation de Devon.
#MM #RomanceContemporaine #Mystère #Suspense

Mon avis : 

Merci aux éditions MxMBookmark et à Netgalley pour ce partenariat.

Le moins que je puisse dire est que je ne lis pas souvent des romances, la dernière en date, la dernière romance pure et dure, c’était en février. Je ne peux pas dire que je vais me rattraper dans les mois à venir, ce serait totalement faux. Cette romance-ci a de plus un avantage : elle appartient aussi au genre policier.

Devon se considère comme un jeune homme invisible. Il fait son travail de son mieux, mais a très conscience de ne pas être un modèle de sociabilité. Aussi, lors d’une réception, se force-t-il à parler à plusieurs personnes, tout en remarquant un beau brun ténébreux et taciturne. Oui, Devon est gay et n’en fait pas mystère. Il a déjà eu deux relations sérieuses, mais elles ont tourné courts, parce qu’elles étaient tout de même un brin toxique. La relation la plus durable qu’il est, c’est avec son ami Alexander. Ne me faites pas écrire ce que je n’ai pas écrit, Alexander est un ami sûr, fiable, en aucun cas un gay dans le placard. Il est bon de rappeler aussi que ce n’est pas parce que l’on est gay que l’on ne peut pas avoir d’ami. Tout allait assez bien dans la vie de Devon, jusqu’à ce qu’une pochette remplie de secrets industriels n’atterrissent dans son sac et que le fameux beau brun ténébreux et taciturne n’arrive chez lui, pour faire toute la lumière sur cette affaire. Est-ce réellement spoiler que de vous dire que l’on s’attend à ce qu’ils tombent dans les bras l’un de l’autre ? Non. Le tout est de savoir à quelle moment cela se produira et comment cela se produira.

Si leur romance prend son temps, en revanche j’ai trouvé que l’enquête policière proprement dite était un peu trop rapide, un peu trop facile. Il faut dire que Powers – le beau brun gay – a une aide de taille, en la personne de sa soeur jumelle Lucy, tout aussi talentueuse que lui dans son domaine. Il faut dire aussi que leurs adversaires ont pris trop souvent des risques – l’on peut être nombreux, déterminés, et pas formidablement organisés.

Une romance et un policier classique, pas désagréable à lire.

Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).