Défier la nuit de Brigid Kemmerer

édition Rageot – 608 pages

Présentation de l’éditeur :

Dans le Secteur Sauvage de Kandala, une apprentie apothicaire, Tessa, voit des gens souffrir depuis trop longtemps. Une fièvre mystérieuse ravage la population qui n’a pas les moyens de se procurer le remède. Alors, chaque nuit, Tessa défie l’autorité royale et vole des pétales de fleur-de-lune afin de réaliser de l’élixir, remède contre la fièvre, pour ceux qui en ont le plus besoin. Au palais de Kandala, le Prince Corrick incarne la Justice du roi, préparant des punitions vicieuses et instillant la peur dans les cœurs des agitateurs et des criminels. Corrick sait qu’il doit paraître convainquant dans ce rôle. Avec la pénurie d’élixir et la menace d’une rébellion qui plane, la mainmise du roi sur le pouvoir est pour le moins ténue, et Corrick sait que son frère est le meilleur espoir de survie du royaume. Mais quand un drame rassemble Corrick et Tessa, le prince et la rebelle qui auraient toujours dû se détester devront faire face à un choix impossible – et à une étincelle inattendue. Suivront-ils l’instinct qui les pousse à se détruire l’un l’autre ? Ou sauveront-ils le royaume ensemble… quitte à laisser cette étincelle devenir un brasier ?

Préambule : 

L’envie de lire, et surtout le fait de lire sont revenus. Reste maintenant à retrouver le goût d’écrire, et ce n’est pas encore gagné. Hier, je suis allée à Paris, et dans le train, j’ai lu (aller-retour) 90 % de ce livre soit 540 pages.

Mon avis : 

Lire, c’est plonger. (Ne cherchez pas l’autrice de cette brillantissime observation, c’est moi). Plonger dans un univers, accepter de s’y perdre, d’être entièrement immergé dedans, par la grâce de personnages auxquels on croit totalement et d’un style véritablement personnel. C’est ce qui m’est arrivé avec Défier la nuit, même si, au début, je ne pensais pas prendre autant de plaisir à cette lecture. J’en étais à 6% quand je me suis dit que cette fois-ci, oui, j’accrochais et parviendrais à terminer ce pavé rapidement.

J’ai véritablement apprécié les personnages que j’ai rencontrés, que ce soit Tessa ou le prince Corrick. En effet, dès le début, ce prince est attachant, même s’il est la Justice du roi (traduction : son bourreau, son exécuteur des basses oeuvres). Lui et son frère ont mûri brutalement à l’assassinat de leurs parents, qui étaient pourtant des souverains bienveillants pour leur peuple. Cela n’a pas empêché un proche, et néanmoins traitre, de les tuer, de tuer aussi celui qui était à l’époque la Justice du roi. Corrick et Harriston ont survécu, le premier ayant protégé le second, et depuis le cadet continue de faire tout ce que son aîné ne peut pas faire (physiquement et moralement). L’on dira que Corrick pourrait faire autrement. L’on voit à la lecture que rien n’est simple ni pour lui, ni pour le roi.

Qu’ils pourraient faire autrement, c’est ce que pense le peuple, tous ceux qui ne peuvent pas se procurer aisément le précieux remède contre la fièvre. En effet, les contrées sont décimées par la fièvre, sans que l’on sache exactement pourquoi tout une famille peut être touchée alors qu’une autre est entièrement épargnée. Oui, cette épidémie fait penser à celle que nous venons de vivre, et l’autrice s’en explique dans les remerciements : elle a commencé à écrire ce roman en 2019, et la pandémie, le fait aussi qu’elle travaillait à l’époque sur une autre trilogie, ont entraîné des changements dans l’intrigue. Tessa fait partie des personnes qui veulent que les choses changent, que le plus grand nombre puisse avoir accès au remède. Pour cela, elle n’hésite pas à voler des pétales de fleur-de-lune chaque nuit, aidé par West, un jeune homme téméraire. Oui, s’ils se font prendre, ils ne risquent pas moins que la mort. Mais, pour aider les autres, Tessa est prête à prendre ce risque. Altruiste, la jeune apothicaire ne se contente pas de voler, aider les autres, c’est les aider quelles que soient les tourments qu’ils endurent.

Nous allons suivre ces deux personnages dans une intrigue qui est certes remplie de rebondissements, qui ne sont pas de simples moyens de soutenir l’attention du lecteur, non, ces rebondissements sont directement liés aux caractéristiques complexes des personnages et à une situation politique tout sauf simpliste. C’est un peu comme si tout ce que l’on croyait savoir sur les personnages au début du récit se révélait non pas faux, mais terriblement incomplet. L’on peut difficilement imaginer jusqu’où certaines personnes peuvent aller, quelles sont leurs réelles motivations, comment ils évolueront. Ou comment la richesse des personnages créés permet de construire une intrigue profonde.

Je terminerai en citant mes deux personnages préférés : Rocco et Quint. Oui, je suis subjective, mais j’en ai parfaitement le droit.

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.

Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

 

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